Premier groupe pétrolier mondial, ExxonMobil a fait exploser ses propres records en 2005 avec un bénéfice dépassant les 10 milliards de dollars au quatrième trimestre. Sur l’année, Exxon a engrangé plus de 36 milliards de bénéfices.
Côté chiffre d’affaires, Exxon a gagné en 2005, 371 milliards, soit plus que le Produit intérieur brut de l’Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, tel qu’évalué par la CIA.
Le numéro deux américain Chevron a accru son bénéfice trimestriel de 20% à plus de 4 milliards, et dégagé plus de 14 milliards en 2005 (+6%). Le numéro trois ConocoPhillips a vu ses bénéfices grimper de plus de 50% au dernier trimestre de 2005, récoltant 3,7 milliards et 13,6 milliards sur l’année.
Tous trois ont expliqué la hausse de leurs bénéfices par la hausse continue des prix de l’énergie et des matières premières. Le prix du baril de brut est passé en moyenne de 41,44 dollars en 2004 à 56,49 dollars en 2005 selon le département de l’Energie (DOE), en progression de 36%.
Dans l’intervalle, le prix moyen du carburant à la pompe est passé de 1,85 à 2,27 dollars le gallon (3,8 litres), soit une hausse de 22,7%.
Les bénéfices engrangés ne sont qu’"une conséquence naturelle des prix de l’énergie record", selon Phil Flynn, de Alaron Trading, qui fait remarquer que la demande en pétrole est actuellement "à ses plus hauts niveaux depuis les années 70".
Ces bénéfices "pourraient aller encore plus haut", relève Fadel Gheit, analyste chez Oppenheimer, "car l’industrie pétrolière a sévèrement souffert des ouragans" Katrina et Rita qui ont frappé le sud des Etats-Unis à la fin de l’été.
Chevron a d’ailleurs souligné que ses bénéfices avaient souffert d’un manque à gagner de 1,4 milliard de dollars au second semestre à cause des dégâts causés par les ouragans sur ses installations.
La vague de protestations suscitée aux Etats-Unis par ces profits jugés insolents s’est toutefois sensiblement apaisée.
A la suite des pics atteints par le carburant après Katrina –plus de 3 dollars le gallon–, plusieurs parlementaires avaient plaidé pour une taxe sur les bénéfices des compagnies pétrolières pour subventionner le prix de l’essence.
A la mi-novembre, le Sénat avait adopté une législation renforçant les moyens de poursuivre les groupes qui gonfleraient artificiellement les prix.
Les PDG de cinq pétroliers américains avaient même été entendus par une commission parlementaire en novembre. Ils ont ensuite été accusés d’avoir dissimulé lors de l’audition leur participation à un rapport sur la politique de l’énergie établi par le vice-président Dick Cheney en 2001.
Parallèlement, le secteur a investi massivement dans des campagnes de publicité axées sur les investissements faits dans les énergies renouvelables. Exxon a aussi souligné avoir racheté pour 5,2 milliards de dollars de ses actions afin de reverser ses bénéfices à ses actionnaires.
Mais une enquête du New York Times a accusé la semaine dernière les groupes d’énergie américains de verser de moins en moins de royalties au gouvernement fédéral pour exploiter les ressources en gaz naturel du domaine public. ExxonMobil a répondu que cette baisse provenait d’une diminution de la production venant du sol national.