La cinquième édition des Assises du Tourisme représente une étape charnière pour le vison 2010, situé a mi-chemin entre son lancement et la fin supposée de son exécution. Les professionnels du tourisme suivent, depuis 2001 avec attention, les promesses de la vision 2010.
A ce propos , l’on peut dire que de grands chantiers ont été ouverts et que des aménageurs-développeurs ont manifesté de l’intérêt pour les sites destinés à abriter les six stations du plan Azur.Il s’agit de Saïdia, Mazagan, Mogador, Lixus et la Plage blanche et Taghazout. Ces deux derniers sites étant difficiles à vendre. Malgré quelques perturbations, l’on peut dire que les objectifs ont été atteints à 60% pour le plan Azur. Sur les six stations prévues, quatre ont été placées. En tout, ce sont dix zones touristiques qui sont à planifier. Objectifs : drainer 100 milliards de dirhams d’investissements pour accompagner la mise en oeuvre de la nouvelle politique touristique et la réalisation des 80.000 chambres. Ce sont 160.000 lits nouveaux supplémentaires qui sont prévus dans le programme de la vison 2010. Ceci concernant les objectifs.
Côté réalisations, pas moins de 50 conventions d’investissements a été signé entre le gouvernement et les promoteurs nationaux et internationaux entre 1999 et 2004. Sur l’offre des sièges aériens, on notera l’arrivée des compagnies Corsair et Air Horizons à partir de la France; TUI Airlines belgium et Virgin Express, Virgin Express à partir de la Belgique; Hapag Lloyd, LTU Airlines et Air Berlin de l’Allemagne; Air Europa de l’Espagne, First Choice Airways du Royaume-Uni et Atlas Blue du Maroc. La RAM a prévu d’augmenter sa flotte de 44 avions en 2010.
S’agissant du financement de l’investissement hôtelier , le gouvernement estime qu’il a réglé les facteurs de blocage pour permettre l’accélération de la construction des infrastructures d’hébergement, conformément aux ambitions chiffrées de l’accord d’application de l’accord-cadre 2001-2010. Cet engagement du gouvernement permettra d’apporter des solutions dans les plus brefs délais, la problématique du financement, notamment en capital (en fonds propres) étant aujourd’hui critique. Selon Abdelatif Ben Omar consultant en tourisme, plusieurs «verrous n’ont pas encore sauté». Des professionnels avaient tiré la sonnette d’alarme à Marrakech, le 11 décembre dernier, à l’occasion des Assises nationales du Tourisme.
De l’avis des opérateurs, le manque de cohérence du dispositif de pilotage et l’inefficacité du système de financement risquent d’entraver l’afflux des investissements touristiques.
Les critiques portent aussi sur le crédit à vocation touristique dont les mécanismes sont jugés trop lourds par les professionnels.
Côté arrivées, il y a eu en 2004, environ 5 millions de touristes et MRE confondus. Le Maroc est en concurrence avec 232 destinations, d’où une baisse des prix et une pression des voyagistes étrangers. L’année 2004 restera gravée dans les mémoires des professionnels du tourisme comme celle de toutes les revolutions, mais c’est d’abord pour le réseau des agences de voyages que la révolution est la plus brutale. Les agences font face, en réalité, au changement commercial et la relation avec les clients, les tour-opérateurs n’est pas mieux lotie alors que l’offre souffre toujours d’une surcapacité chronique. Certains d’entre elles hésitent encore concernant les bas prix et la valeur ajoutée.
Les agences en ligne ne cessent de prendre des parts de marché aux agences traditionnelles et menacent désormais le fonds de commerce des tour-opérateurs classiques avec la montée en puissance du package dynamique. La révolution Internet ne fait que commencer.
La reprise se fait attendre et les indicateurs de l’année 2005 n’ont pas encore viré au vert.
• Abdelatif Ben Omar, consultant en tourisme