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Participation des femmes au marché du travail : Le HCP livre ses constats

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Les hommes ont des probabilités d’inactivité systématiquement inférieures à celles des femmes. Et pour cause : la répartition traditionnelle des rôles sociaux entre les sexes et les responsabilités familiales au sein du foyer.

Décryptage : L’étude menée par le HCP porte sur une approche intersectionnelle qui permet d’identifier les différents profils d’inactifs parmi les femmes tout en soulignant l’impact des facteurs individuels, sociaux et contextuels le risque d’inactivité.

Les normes sociales continuent de limiter la participation des femmes au marché du travail, notamment dans les régions caractérisées par une lente transformation des structures économiques et sociales. L’effet cumulatif du mariage, de l’âge et du diplôme détermine en grande partie le degré restreint de leur accessibilité. C’est du moins ce que l’on peut tirer d’une récente analyse menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP). Ce décryptage met en exergue la complexité des contraintes et des déterminants de la participation des femmes au marché du travail.
L’objectif étant d’identifier les profils multidimensionnels des femmes les plus susceptibles de ne pas participer au marché du travail. «En adoptant une approche intersectionnelle, l’étude révèle différents profils d’inactifs parmi les femmes et les hommes et démontre que l’interaction des facteurs individuels, sociaux et contextuels exerce des impacts différenciés sur le risque d’inactivité pour chaque profil », commente le HCP. Et de préciser que « l’analyse met également en lumière le poids des attentes et des normes sociales exercées sur les femmes et les hommes dans la détermination de leur situation sur le marché du travail dans les régions de l’Oriental et de Casablanca-Settat ».

Le mariage et les enfants augmentent la probabilité de l’inactivité des femmes

Le gap persiste et ce en dépit des avancées réalisées en matière d’égalité des genres ces dernières années. Se référant à l’analyse du HCP, les hommes ont des probabilités d’inactivité systématiquement inférieures à celles des femmes. Et pour cause : la répartition traditionnelle des rôles sociaux entre les sexes et les responsabilités familiales au sein du foyer. « Les femmes ont une probabilité d’inactivité de 73 %, bien plus élevée que celle des hommes, estimée à 7,5 %. Cette disparité est d’autant plus marquée chez les femmes mariées, dont la probabilité d’être inactive atteint 81,9 % (comparativement à 3,1 % chez les hommes mariés), que chez les jeunes femmes âgées de 25 à 34 ans, avec une probabilité de 79,4 % (contre 3,3 % pour les jeunes hommes) », peut-on relever de l’analyse du HCP. L’étude démontre, en effet, que l’intersection de deux marqueurs, à savoir le mariage et la présence d’enfants dans le ménage, augmente significative ment la probabilité d’inactivité des femmes, à degrés différents selon les profils, contrairement aux hommes, pour qui la combinaison de ces deux facteurs diminue leur probabilité d’inactivité. Les profils ayant les probabilités d’inactivité les plus élevées concernent principalement celles qui sont mariées, âgées de 25 à 34 ans, et qui ont un diplôme moyen ou aucun diplôme. Par ailleurs, le célibat et un niveau d’éducation supérieur sont associés à de faibles probabilités d’inactivité variant entre 13,4 et 18,2 %, notamment pour celles âgées entre 25 et 44 ans. « Si l’on examine le même profil au prisme de l’intersectionnalité du genre, à savoir les femmes ayant un diplôme supérieur, âgées entre 25 et 44 ans, mais mariées, leur probabilité d’inactivité augmente significativement à 36 % pour celles n’ayant pas d’enfants dans le ménage, et à 53 % pour celles ayant des enfants dans le ménage », explique le HCP dans son étude. Et de préciser que « le profil présentant le risque d’inactivité le plus élevé parmi les femmes possédant un diplôme supérieur est celui des jeunes femmes mariées, âgées de 25 à 34 ans, et ayant au moins un enfant dans le ménage, dont la probabilité d’inactivité atteint 60 %. ». Il est à noter que le Maroc se place parmi les pays ayant les taux d’activité féminin les plus faibles au monde. En 2023 l’écart du taux d’activité entre hommes et femmes a atteint environ 50 % contre 26 % au niveau mondial. Ainsi, le taux d’activité des hommes au Maroc s’est établi à 69 % contre seulement 19 % pour les femmes, plaçant le Maroc parmi les pays ayant les taux d’activité féminins les plus faibles au monde.

Des probabilités plus élevées dans l’Oriental qu’à Casablanca-Settat

Les perceptions et les comportements sociaux relatifs à la participation des femmes au marché du travail diffèrent, significativement, entre les régions de l’Oriental et de Casablanca-Settat. «Le refus de la famille» est l’un des principaux obstacles relevés dans la région de l’Oriental, et ce en dépit des besoins financiers alors qu’à Casablanca-Settat, la détérioration de la situation financière du ménage tend à favoriser une atténuation de «la rigidité et de la dichotomie des rôles sociaux entre les sexes, donnant lieu à une plus grande acceptation de l’emploi féminin ». Parmi les facteurs qui influencent l’intégration professionnelle des femmes relevés par le HCP, on cite également les stéréotypes et les valeurs culturelles. «La perception du travail féminin diffère significativement entre les deux régions en fonction de la nature de l’emploi », constate le HCP. Et de poursuivre : « Tandis que les postes d’emploi dans la fonction publique sont valorisés et perçus positivement dans les deux régions, les emplois dans des domaines traditionnellement féminins rencontrent une résistance sociale plus marquée, en particulier dans l’Oriental». De même, les femmes des deux régions identifient les défis liés à la conciliation entre vie professionnelle et obligations familiales, ainsi qu’aux conditions de travail inégales, comme contrainte à leur participation. Ce constat est particulièrement relevé dans l’Oriental où l’impact de ces contraintes est, selon le HCP, exacerbé par une rigidité des normes sociales. Il est à souligner que le HCP justifie son choix pour les régions de l’Oriental et de Casablanca-Settat par les différences significatives des taux d’activité des femmes et des hommes ainsi que par les contextes économiques, démographiques et sociaux distincts des deux territoires. Notons que le taux d’activité des hommes avoisine les 72% dans les deux régions au moment où celui des femmes ne dépasse pas les 15,6% dans l’Oriental se situant parmi les plus bas du pays contre 28% à Casablanca-Settat, soit parmi les niveaux les plus élevés au Maroc.

Ce que recommande le HCP

Se référant au HCP, cette étude met en lumière l’importance d’adopter des approches transformatrices en matière d’inclusion de genre dans les politiques publiques, notamment celles liées à l’amélioration de l’accès à l’emploi, mais aussi celles touchant aux champs de la famille, de l’éducation et de l’égalité de manière plus globale. «Les implications en termes de politiques publiques soulignent la nécessité de s’attaquer aux causes profondes, socioculturelles, de la disparité sur le marché du travail entre les hommes et les femmes et entre les régions, visant à promouvoir une culture de l’égalité, notamment en termes d’accès à l’éducation pour les filles et d’encouragement à la scolarisation et à la formation continue des femmes», recommande le HCP.
Des politiques qui, selon l’institution, devraient être accompagnées de mesures facilitant la conciliation entre vie professionnelle et obligations familiales, telles que l’investissement dans les services permettant la tertiarisation des tâches domestiques et le développement des services de garde d’enfants accessibles.

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