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Performance logistique : Le Maroc dégringole

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Contrairement à d’autres classements, les notes du LPI ne sont pas attribuées par des experts ou des analystes mais bel et bien par les utilisateurs et opérateurs de commerce international.

C’était prévisible. Le classement de la Banque mondiale relatif à la compétitivité logistique pour l’année 2018 vient de tomber et le Maroc est encore une fois parmi les pays les plus mal classés. Cela était prévisible parce que confirmant la tendance observée depuis quelques années puisque le Maroc est passé du 50ème rang en 2012 au 86ème en 2016 puis au 109ème rang pour le classement 2018 que la Banque mondiale vient de dévoiler. Ironie du sort, c’est pourtant en 2010 que la grande stratégie nationale pour le développement de la logistique avait été mise en marche. Il faut croire, au vu des résultats, qu’elle n’a eu strictement aucun effet.

Le Logistics Performance Index – LPI – (indice de compétitivité logistique) de la Banque mondiale repose sur un score qui est composé de notes attribuées à six critères différents : l’efficacité des services frontaliers et du passage en douane, la qualité des infrastructures, la facilité pour l’arrangement d’opérations de transport international à des coûts compétitifs, le niveau de compétence et la qualité des services logistiques, la traçabilité des flux et, enfin, la ponctualité des livraisons et des arrivées de marchandises. 

Contrairement à d’autres classements, les notes du LPI ne sont pas attribuées par des experts ou des analystes mais bel et bien par les utilisateurs et opérateurs de commerce international, notamment les transporteurs, les freight-forwarders, les agents maritimes et consignataires et tous les agents qui interviennent dans la supply chain à l’international (voir méthodologie en encadré page 5).
Sur les six critères évalués, le Maroc affiche partout de piètres performances : 115ème rang pour la douane, 93ème pour la qualité des infrastructures, 103 pour la disponibilité de transport international à des prix compétitifs, 101ème pour la qualité des services logistiques, 112ème pour la traçabilité des flux et, enfin, le 114ème rang pour la ponctualité d’arrivée des marchandises.

Certes, en comparaison avec le classement de 2016, le Maroc a légèrement amélioré sa performance pour deux critères que sont le passage en douane (124ème en 2016) et la traçabilité (122ème en 2016). Mais cela n’a pas suffi pour amortir la détérioration sur les quatre critères restants (voir tableau page 5).

En remontant au classement de 2012, où le Maroc figurait au 50ème rang, la dégradation est évidemment plus flagrante.

Cet état des lieux est encore plus affligeant quand on fait le comparatif sur le seul continent africain. Alors qu’en 2012, le Maroc, avec sa 50ème place, était le troisième pays africain derrière l’Afrique du Sud (23ème en 2012 et 33ème en 2018) et la Tunisie, il se retrouve, pour le classement 2018, au 17ème rang sur le plan continental devancé par beaucoup de pays comme la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Kenya, le Djibouti, le Bénin, le Burkina Faso ou encore l’Île Maurice, la Tunisie, le Ghana, le Mali et bien d’autres.

Et dire que depuis quelques années, le Maroc entend se positionner comme un hub pour l’Afrique…

Pour l’heure, vacances estivales obligent, il n’y a pas encore eu de commentaires du côté marocain. Mais cela ne risque pas de durer longtemps puisque des sources sûres à la CGEM ont confié à Aujourd’hui Le Maroc que la commission logistique de la Confédération et l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique (OMCL) sont en train de préparer la riposte. Selon ces sources, «le classement pose un problème au niveau de sa méthodologie notamment pour ce qui est de la formule de calcul des scores et la méthode du choix de l’échantillon». Une communication officielle à ce sujet est programmée pour les jours qui viennent. On attendra donc pour voir la ligne de défense choisie par le Maroc…

Evolution du classement du Maroc sur le Logistics Performance Index entre 2012 et 2018 (*)

(*)Le Maroc ne figurait pas
dans le classement de 2014

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Le Logistics Performance Index, c’est quoi ?

Réalisé une fois tous les deux ans par la Banque mondiale, le Logistics Performance Index (LPI) est un indice basé sur un score composite calculé sur la base de notes attribuées à six critères que sont

– l’efficacité des services frontaliers et du passage en douane,

– la qualité des infrastructures,

– la facilité pour l’arrangement d’opérations de transport international à des coûts compétitifs,

– le niveau de compétence et la qualité des services logistiques,

– la traçabilité des flux,

– la ponctualité des livraisons et des arrivées de marchandises.

Les notes sont attribuées à travers une enquête de 35 questions administrées par voie électronique de manière ouverte à travers un site dédié par la Banque mondiale.

La population sondée englobe tous les opérateurs qui interviennent de loin ou de près dans la supply chain à l’international comme les transporteurs, les freight-forwarders, les consignataires et agents maritimes, les chargeurs, exportateurs, importateurs…

Pour le classement de 2018, l’enquête pour la collecte de données a été ouverte entre septembre 2017 et février 2018. Selon les auteurs du rapport, ce sont 869 entreprises internationales issues de 108 pays qui ont répondu au questionnaire. Pour les cas de pays à revenus intermédiaires, tel le Maroc, l’échantillon englobe des opérateurs des trois premiers marchés à l’export, des opérateurs du premier pays fournisseur en plus d’opérateurs issus de  quatre pays choisis aléatoirement représentant quatre régions que sont l’Afrique, l’Asie centrale et de l’Est, l’Amérique latine et, enfin, l’Europe centrale et l’OCDE.

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