Le président George W. Bush devait intervenir directement mardi auprès du roi Abdallah d’Arabie saoudite en faveur d’une augmentation de la production de l’Opep pour contenir les prix du pétrole, qui font "souffrir" l’économie américaine menacée de récession. M. Bush a indiqué lors d’une table ronde avec des entrepreneurs saoudiens qu’il parlerait dans la soirée avec le roi Abdallah «du fait que les prix du pétrole sont très élevés et que c’est dur pour notre économie». M. Bush dira au souverain de la première puissance pétrolière mondiale qu’il «espère qu’au moment où l’Opep envisage différents niveaux de production, (elle) comprenne que, si l’économie de l’un de leurs plus gros consommateurs souffre, cela signifiera moins d’achats et moins de pétrole et de gaz vendus». M.Bush faisait clairement référence à la réunion prévue le 1er février des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le président américain a également évoqué le sujet lors des précédentes étapes de sa tournée dans le Golfe, au Koweït, Bahreïn et Emirats arabes unis, d’autres pays producteurs, a indiqué la Maison-Blanche. La question est de savoir si M. Bush sera entendu. Le président de l’Opep, Chakib Khelil, a déclaré le 5 janvier que le marché était suffisamment approvisionné et qu’il n’y avait «pas lieu d’augmenter l’offre», alors que le baril venait de battre un record historique à 100,09 dollars. M. Bush n’est pas accoutumé des pressions publiques quand il s’agit d’économie.
Mais le prix de l’énergie ajoute aux inquiétudes quant à la santé économique des Etats-Unis, premiers consommateurs mondiaux de pétrole. Et l’état de l’économie, préoccupation primordiale des Américains, s’annonce comme un des enjeux majeurs de la campagne en cours pour la présidentielle de novembre. Le prix du pétrole a fait bondir le déficit commercial des Etats-Unis de 9,3% en novembre, pour le porter à 63,1 milliards de dollars, niveau le plus élevé depuis septembre 2006. M. Bush était déjà intervenu en avril 2005 auprès d’Abdallah quand celui-ci n’était encore que le prince héritier, mais dirigeait déjà son pays de facto, et qu’il avait rendu visite au président américain dans son ranch texan. La délégation saoudienne avait alors exposé ses plans pour porter la capacité de production à environ 12,5 millions de barils par jour d’ici à la fin de la décennie. Depuis, le prix du baril a doublé. Au deuxième jour de son séjour en Arabie saoudite, M. Bush a par ailleurs décidé de dépêcher sa secrétaire d’Etat Condoleezza Rice en Irak pour des entretiens. M. Bush est arrivé lundi, pour sa première visite en Arabie saoudite, avec la promesse d’une importante vente d’armes et l’intention de rallier l’allié saoudien à ses efforts pour contenir l’Iran et forger un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens avant la fin de l’année.
• Laurent LOZANO (AFP)