Economie

Pour Strauss-Kahn, difficile de quitter le FMI en pleine tempête financière

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Quitter le Fonds monétaire international pour retourner vers la scène politique française est une décision délicate à prendre pour Dominique Strauss-Kahn, à un moment où son institution est en première ligne dans la crise budgétaire de la zone euro. Partira, partira pas? La question intéresse autant en France qu’à Washington, où «DSK» a pris ses fonctions il y a trois ans et a encore deux ans de mandat devant lui.  Après l’annonce de la participation de Ségolène Royal à la primaire socialiste en vue de la présidentielle d’avril 2012, l’économiste Nouriel Roubini a estimé, sur Twitter, qu’«avec Royal candidate, DSK doit bientôt partir du FMI s’il veut être président en France». Au siège du FMI, le sujet gêne. Aussi bien les porte-parole de l’institution que les délégations éludent la question. «Il y a beaucoup de rumeurs», dit à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, le représentant d’un des 27 membres de l’Union européenne, qui loue «le très bon travail» du directeur général de l’institution. «Savoir s’il va partir, c’est un sujet politique. Je m’abstiens de faire des commentaires là-dessus. Encore une fois, il fait un très bon travail et nous espérons qu’il continuera à le faire», a-t-il poursuivi. M. Strauss-Kahn devrait être, selon toute vraisemblance, le dernier Européen élu à ce poste avant très longtemps. L’homme qui avait lancé sa candidature à l’été 2007, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker, répète régulièrement qu’il sera temps de passer la main à un autre continent la prochaine fois. Seulement l’Europe n’a jamais eu autant besoin du FMI. Il a prêté 12,3 milliards d’euros à la Hongrie en novembre 2008, 12,9 milliards à la Roumanie en mai 2009, 30 milliards à la Grèce en mai 2010 et s’apprête à apporter 22,5 milliards pour l’Irlande… Le Fonds est un pilier de l’édifice pour stabiliser les finances publiques des pays de l’UE. «L’une des grandes œuvres de Strauss-Kahn a été de faire entrer le FMI en zone euro», rappelle Adam Lerrick, de l’American Entreprise Institute à Washington. Cet expert écarte cependant le risque d’une «guerre de succession» qui consommerait le temps et l’énergie des Etats membres. «Si les perturbations continuent sur les marchés, ce ne sera pas le moment d’avoir un vaste débat diplomatique en pleine crise financière. Il y aura un compromis rapide. Et cela pourrait être par exemple d’avoir un Européen qui remplisse cette fonction pendant un an et demi, jusqu’à la fin théorique du mandat de Dominique Strauss-Kahn», poursuit-il. Cela laisserait le temps de trancher entre les candidats chinois, indiens, brésiliens ou mexicains sur lesquels spécule la presse depuis plusieurs mois.  Car l’intéressé entretient l’énigme. Sur l’élection présidentielle de 2012, il a tantôt dit qu’il ne serait pas candidat, comme au magazine allemand Stern («je vais mener mon mandat comme directeur du FMI jusqu’à son terme») le 17 novembre, tantôt qu’il n’excluait pas de l’être, comme sur RTL («dans certaines circonstances, je pourrais me reposer cette question») le 4 février. Il donne aussi l’impression de réfléchir aux circonstances de son éventuel départ. «Il n’est pas dit que le jour où je donnerai la réponse à cette question, j’y réponde à travers un média», confiait-il le 15 novembre sur France Inter.

  Hugues Honorã (AFP)

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