«Casablanca 2012» est encore loin sur l’échelle du temps. Ajouté aux retards sur le timing, presque un abysse sépare l’année 2004 de cette échéance et de son objectif d’accueillir 1 million de touristes internationaux et 250 000 résidents.
Triplement de nuitées touristiques, augmentation de la durée de séjour, création de 100 000 emplois nouveaux, construction de 10 000 chambres d’hôtels, etc.
L’enjeu de ce méga-projet 2003-2012 est important pour la capitale économique: réhabiliter une ville sur l’échiquier touristique national et surtout – c’est là où le bât blesse- mobiliser 20 milliards de dirhams.
Enveloppe dont une partie (7,5 milliards de DH) devait être apportée par le public. Les projections annoncées sont séduisantes. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Il est peut-être assez tôt de parler du retard, comme le remarque un membre du CRT, pour qui «la plupart de ces réalisations impliquent les différents partenaires de la ville, engagent aussi bien l’Etat, le privé que les collectivités locales ».
Pour rappel, le contrat-programme 2003-2012 pour Casablanca est le tout premier du genre a être conçu au plan régional, a être approuvé sur le plan national. Cela alors que d’autres CRT n’ont toujours pas encore réalisé cette feuille de route indispensable pour une vision d’ensemble. Mais encore, la confection d’un programme n’est pas, loin s’en faut, une fin en soi.
Au jour d’aujourd’hui, hormis le Casa City Center en cours de construction, les grands chantiers directeurs annoncés font toujours défaut. Les fameux douze projets urbanistiques inscrits dans «Casablanca 2012», des aménagements d’espaces en général, ne connaissent pas de début de concrétisation dans la plupart des cas. C’est le cas de l’Avenue Royale (www.aujourdhui.ma), chantier grandiose et dont l’évolution sur le terrain est loin de correspondre aux croquis présentés sur le papier. «ça avance peut-être », comme le déclare-t-on dans les rangs des professionnels. Mais dans quel sens ?
Autre chantier annoncé mais sans signe visible de concrétisation : celui de la transformation du port. Le président du CRT, Omar Kabbaj, déclarait lors de la présentation du programme, il y a une année, «qu’il ne faut pas que Casablanca tourne le dos à la mer ». Il s’agissait d’intégrer le port à la ville, de créer le concept de «port urbain », terme très à la mode ailleurs, mais qui fait encore sourire des cadres à l’ODEP où les considérations sécuritaires ( ISP oblige.) ont encore de l’ascendant sur l’aspect touristique. Par ailleurs, le développement de certaines plages et corniches, faisant également partie du programme, tarde à s’amorcer. Plage d’Anfa, Paseo d’Anfa, Casbah d’Anfa, les exemples sont nombreux. Quand les plages de Sidi Abderrahmane et la corniche du même nom seront-elles développées ? Et la «Plage Vierge» en bordure de laquelle devait se développer des hôtels de loisirs ? La revalorisation et le développement de Dar Bouazza ?
Malgré ces nombreux projets en attente, les professionnels et le CRT n’en démordent pas. Coup sur coup, des campagnes promotionnelles sont régulièrement organisées pour asseoir le produit, vendre la ville, etc.
Ne pouvant lui-même engager les chantiers dont il a fourni en général les descriptifs dans le contrat-programme annoncé, le CRT se concentre sur la partie commercialisation. Il y a du retard dans les projets, qu’importe, pourvu que le concept de l’offre touristique soit bien défini. Il s’agit des fameux «3 D »(Découverte, Détente et Divertissement) rattachés à un environnement balnéaire et culturel riche. Le produit conçu doit être commercialisé, d’où une politique d’une offre bien régulée, laquelle fait encore défaut.