L’homme d’affaires mauritanien, Mohamed Ould Noueigued, serait-il en flirt poussé avec les séparatistes du Polisario? C’est ce qui est suggéré dans un courrier parvenu à ALM. Selon ce texte, probablement signé sous un pseudonyme, Mohamed Ould Noueigued a conclu à Paris, à la date du 7 septembre, deux contrats avec le Polisario. L’accord porterait sur l’attribution pour 4 millions de dollars US de deux blocs off shores pour le compte d’un groupe pétrolier australien. L’auteur de la missive prend le soin de mouiller au passage le Marocain Hassan Derhem qui, soutient-il, a «appuyé» la signature en usant de son influence. Contacté, ce dernier, fils d’un grand résistant, connu de tout le Sahara, se dit indigné de telles accusations dont les desseins ne peuvent qu’être sombres. «Comment pouvais-je accepter une telle chose. Vendre des parcelles de mon pays pour de l’argent?». Malgré quelques brouilles commerciales avec son partenaire d’hier, Hassan Derhem est prêt à jurer sur le Coran que jamais Ould Noueigued n’irait jusqu’à négocier avec les séparatistes de la RASD : «c’est mal le connaître !», déclare-t-il.
Même indignation à Nouakchott où l’on sait avant tout que Mohamed Ould Noueigued est l’un des gros actionnaires de Mauritel, filiale de Maroc Télécoms. Patron de la Banque nationale de Mauritanie (BNM), Ould Noueigued est passé à deux doigts d’une alliance avec l’Office National d’Electricité (ONE) pour la reprise de la société mauritanienne d’électricité.
L’offre financière présentée par l’Office marocain en 2002 avait été jugée en deça des attentes. En fait, c’est le dernier des Mauritaniens à s’allier avec les séparatistes du Polisario. A noter que l’alliance entre les Ould Noueigued et la famille Derham appartient aujourd’hui au passé. Les deux hommes sont en conflit ouvert. Hassan Derhem déclare même avoir restitué les licences attribuées il y a quelques années par le Maroc à l’homme d’affaires mauritanien. «Je les ai moi-même remises au Premier ministre, il y a environ deux ans ». La restitution s’est faite à la Primature en présence de témoins, en l’occurrence les membres de la commission nationale de la pêche et des représentants de la CGEM. En Mauritanie, SMP-Atlas, la société de distribution de produits pétroliers, fruit du partenariat entre les deux hommes, s’enlise dans les problèmes. «Noueigued n’aurait pas respecté ses engagements», assure Derhem qui a d’ailleurs saisi les tribunaux. Une autre affaire concernant l’achat non honoré d’un bateau chinois traîne devant le tribunal de commerce d’Agadir.
L’usine de traitement de poissons basée à Dakhla est aussi au centre des litiges. Bref, l’intermède entre les deux hommes est bel et bien terminé. Reste à savoir qui veut salir la réputation de ces deux hommes et surtout qui en veut au cousin de l’ex- président mauritanien, et à son holding AON. Ce groupe détient 20% de la Compagnie mauritanienne de communication (CMC), contrôlée à 80% par IAM et Vivendi. En outre, CMC contrôle 54% du capital de la société mauritanienne de télécommunication (Mauritel). L’hypothèse d’un règlement de comptes n’est pas à écarter de l’avis de Hassan Derhem.