Une caution de 50 000 dirhams, une attestation montrant que l’entreprise emploie plus de cinq personnes, un guide expérimenté et une ancienneté d’au moins trois ans. Le tout assorti d’une étude détaillée des derniers bilans de l’entreprise. Voilà les conditions exigées aux agences de voyages pour faire partie du contingent retenu pour l’opération Haj 2005.
Déjà en place l’année dernière, le système de notation s’est enrichi cette année des remarques émanant des professionnels eux-mêmes. Au niveau de la responsabilité, les dossiers sont notés 10 points (maximal) quand c’est le propriétaire de l’agence qui conduit lui-même sa candidature à la commission, 8 par un directeur technique et zéro pour quelqu’un d’externe à l’entreprise. Originalité cette année, les sociétés structurées de plus d’un million de capital et présentant dix employés permanent, peuvent avoir la note maximale sans que le propriétaire ne soit nécessairement présent.
L’examen des critères financiers a été fatal pour quelques candidats. En effet, pour toute situation nette du capital inférieure au quart du capital, le candidat écope de la notation zéro, éliminatoire. «Tout le monde a été noté de la même manière», déclare un membre de la commission.
Pour des raisons diverses, liées parfois aux antécédents de l’entreprise sur les éditions précédentes, à un taux d’endettement élevé, seuls 184 agences de voyages ont été retenues sur un total de 272. Ce qui n’a pas manqué de faire grincer les dents à Béni Mellal, Casablanca, Marrakech et dans tout le Maroc où certains opérateurs, misant sur l’habitude, avaient déjà commencé à commercialiser leur package avant l’autorisation légale.
«Dans tous les cas, explique Mohamed Mergaoui, qui suit ce dossier au ministère du Tourisme, il est difficile d’aller au-delà de ce nombre de 184 agences, résultat à peine inférieur de celui de l’année dernière (190 ».
Les autorités saoudienness imposent comme minimum 50 places à l’agence de voyages. La commission accorde les quotas par paliers, de 50, 75 et 100 pèlerins, limite maximale.
Pour cette édition, le Maroc a eu droit à 30 000 pélerins. Le gros du lot est revenu au ministère des Habous, la profession n’ayant hérité que de 10 400 places. Afin d’éviter des déséquilibres, le quota a été réparti de manière régionale avec comme règle, servir d’abord l’agence ayant la note la plus élevée.
Difficile d’expliquer à certains les cinq groupes de critères mis en place pour la sélection. «Ceux qui sont insolvables ou qui ne respectent pas la loi sur les sociétés ont été écartés d’emblée », précise le cadre du ministère. Ce qui ne fait pas tarir les critiques.
Peu au fait des critères régionaux, un professionnel s’étonne du fait qu’une société comme Atlas Voyages, employant plus d’une centaine de personnes et comptant plus de 9 agences à travers le Maroc ait hérité d’une centaine de places, le même quota que celui accordé à Z Tours, agence appartenant à Faouzi Zemrani, lequel n’est autre que le président de la Fédération nationale des agences de voyages qui, en tant que tel, a participé à la sélection des agents de voyages.
«Comment avec cinq employés officiels, Z-tours a réussi à échapper aux mailles de la commission et à obtenir le quota maximal ?», s’interroge le même opérateur sous couvert de l’anonymat. Le président de la FNAVM est resté injoignable à nos appels.
Réponse d’un membre de la commission : «M. Zemrani est un cas particulier, un homme qui mène un travail colossal au sein de la Fédération. Indépendamment de sa qualité de président de la FNAVM, il a lancé un travail de rigueur, son produit Haj qui n’a jamais fait l’objet d’une plainte a été classé troisième l’année dernière ».
Autre personnalité désignée du doigt par les agences mécontentes, Said Benazouz, propriétaire d’une agence de voyages à Casablanca et surtout membre de la commission de sélection.
Les 75 places héritées par cet agent de voyages font jaser dans les rangs de la profession : l’agence de M. Benazouz n’avait pas été retenue l’année dernière. Information démentie au niveau de la commission où l’on insiste plutôt sur la pertinence du dossier de Benazouz qui a réussi, dit-on, à conserver son quota de l’année dernière.
Ladite commission désignée du doigt par ceux qui n’ont pas été sélectionnés, comprend des représentants du ministère du Tourisme, de l’Intérieur, des Habous, le président de la FNAVM et son secrétaire général.
Déjà occupé à rédiger un communiqué pour démentir les rumeurs de grèves à propos de la commission zéro, Samir Boughlal, président de l’Association régionale des agences de voyages de Rabat, n’a pas souhaité commenter «les manières dont la commission a accordé les quotas». Ce qui ne l’a pas empêché de se féliciter de l’existence des critères de sélection.