Le prochain recensement de la population va coûter beaucoup d’argent. Son enveloppe budgétaire s’élève à 511 millions de dirhams, non inclus le coût des travaux préparatoires lancés il y a maintenant deux ans, estimé à 162 millions de dirhams. Ces chiffres, communiqués par le ministre chargé des Affaires économiques et générales, Rachid Talbi Alami, invitent à situer les contours de l’approche adoptée par le Haut Commissariat au Plan (HCP), organe chargé de la réalisation de ce recensement. Rappel des grandes lignes de la philosophie de l’opération, expliqué par le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, qui se décline en trois objectifs : en premier lieu, l’établissement d’une radioscopie de la réalité économique, mais aussi et surtout sociale, du Maroc.
Cette radioscopie devrait servir comme base scientifique de la planification économique du pays. Troisième objectif : doter le pays d’une assise statistique dont la finalité est de permettre un développement humain cohérent et qui n’exclut aucune composante de la population.
Au centre de ce dispositif, le questionnaire. Outil de collecte d’informations de base à toute oeuvre statistique, il permettra de disposer d’une meilleure connaissance de la population. L’objectif étant de déterminer le nombre exact de la population au Maroc, la situation socio-économique de cette population, son niveau d’instruction, les langues utilisés ainsi que le taux d’alphabétisation, l’habitat et les conditions de vie des Marocains. La question qui se pose est de savoir quel serait l’impact de ce recensement ? D’abord, le Maroc va pouvoir actualiser les données socio-économiques qui prévalent aux échelles nationale, régionale et locale.
Il convient dans ce cadre de rappeler que le dernier recensement n’a été exploité que dix ans plus tard et seulement à hauteur de 25 %. Les résultats relatifs à des questions comme le nombre des berbérophones au Maroc n’ont jamais été publiés, alors que la question était systématiquement posée. Globalement, les résultats du recensement se présenteront comme un outil démocratique non négligeable. C’est sur la base des résultas que les citoyens vont pouvoir évaluer le travail de leurs mandataires : élus locaux, régionaux et nationaux. Les acteurs institutionnels de la chose publique, tels que les partis politiques, les syndicats et la société civile vont également y trouver leur compte.
Justement, l’une des contributions essentielles attendues de ce recensement réside dans la rationalisation de l’action politique. Ainsi, les gestionnaires de la chose publique vont déposer d’un outil scientifique et objectif nécessaire à toute planification sérieuse. La base de données permettra aux candidats aux élections de mettre au point des programmes réalistes et réalisables. Sur le registre des bidonvilles par exemple, le recensement fournira des données beaucoup plus précises que celles actuellement disponible. Des éléments qui devraient conditionner la qualité de l’offre immobilière future, principalement celle de l’Etat.