Les petites et moyennes entreprises viennent de saisir la Primature sur l’épineux problème des délais de paiement. En tout, seize propositions qui seront aussi envoyées dans quelques jours au wali de Bank Al-Maghrib, et, dès la rentrée de septembre, aux différents groupes parlementaires. «Le recouvrement constitue à lui seul 50% des problèmes de la PME», note Mohamad Kassal, faisant remarquer que les banques acceptent rarement de financier la trésorerie des entreprises.
Actuellement au Maroc, le délai moyen entre la réception de la marchandise et le paiement est de 120 jours. Intervalle jugé trop long par les petites entreprises, obligées de payer leurs charges en général à la fin de chaque mois.
De plus, depuis quelques mois, avec la nouvelle circulaire sur les assurances, les PME-PMI comme toute entreprise doivent payer dix jours après la réception de la police d’assurance. Donc, comme le résume le président de la Fédération des PME-PMI, «d’un côté, nous avons des délais de paiement qui s’allongent et de l’autre l’obligation de payer presque cash à nos fournisseurs, aux assurances et aux banques, lesquelles ont le moyen de faire courir les intérêts de retard. «On est taxé à 9 ou 10% , du côté des banques et la loi est muette en ce qui concerne notre relation avec nos clients les grandes banques». Pour briser ce que les petits entrepreneurs appellent «un cercle infernal», la Fédération propose un amendement de l’article 51 de la loi sur la liberté des prix et la concurrence. Celui-ci n’impose aucun délai de paiement à propos des transactions.
La PME souhaite un délais maximum légal soit 90 jours, à partir de la date de la réception de la marchandise. Au-delà, des intérêts de retard seront appliqués. C’est le seul moyen de pousser les Offices, l’administration, les grandes surfaces et les grandes entreprises à être plus réactifs dans leurs procédures. Pour muscler leur argumentaire, les entrepreneurs évoquent l’exemple de l’Union europénne, premier partenaire commercial du Maroc, lequel impose aux grandes entreprises un délai maximum de 45 jours. Dispositions encore plus sévères aux USA où l’Etat fédéral paye lui-même les PME-PMI en cas de retard. L’entreprise fautive peut, quant à elle, être placée dans la liste noire et à terme exclue des marchés fédéraux.
Autre revendication de la PME, l’uniformisation des effets de commerce qui doivent être libellés comme un chéquier avec consignation de toutes les dispositions du commerce. Les entreprises souhaitent aussi une uniformisation en matière d’approche des R&D (recherches et développement). Le domaine est surfiscalisé. Quand des PME-PMI font appel à un chercheur, elles sont tracées à 30% alors que l’institut et la grande école ne s’acquittent que de 17% vis-à-vis du fisc.
Ramener le traitement au même niveau revient à encourager la formation selon la Fédération des PME-PMI. Ces différents problèmes constitueront le plan de résistance des troisièmes Assises des PME-PMI prévues les 22 et 23 septembre. Des propositions, qui, aux yeux des principaux intéressés, ne coûtent rien au budget de l’Etat.