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Rémy Rioux : «Il faut trouver de nouveaux modèles de croissance»

© D.R

Entretien avec Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD)

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Le DG de l’AFD, en visite tout récemment au Maroc, s’exprime sur les urgences de son agence en Afrique. Son déplacement dans le Royaume a été l’occasion de signer une série de conventions dont un prêt de 1,2 milliard de dirhams avec la CDG à travers sa filiale Finéa.

M. Rioux, qui a, de surcroît, tenu une réunion avec le club de financement du développement international, a également inauguré à Zenata des infrastructures sportives avec la NBA-Afrique. Cette visite a été, de plus, l’occasion de présenter son nouveau livre «Réconciliations» à l’OCP Policy for the New South à Rabat. Nous l’avons rencontré en prélude à cette cérémonie pour lui poser des questions.

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ALM : Vous êtes reconduit à la tête de l’AFD pour un 2ème mandat. Comment menez-vous cette expérience et en quoi vous démarquez-vous de vos prédécesseurs ?

Rémy Rioux : A vrai dire, je ne cherche pas spécialement à me démarquer de mes prédécesseurs. Nous sommes surtout en train de vivre une période au plan international qui est très particulière. C’est à la fois une période de prise de conscience des enjeux globaux et des défis qui s’adressent à toute l’humanité. Nous avons eu le sida au début des années 2000, nous avons le climat maintenant, dont tous nos concitoyens sont en train de prendre conscience en particulier en Europe où il fait assez chaud en ce moment. C’est l’agenda qui a été décidé en 2015 aux Nations Unies et à Paris avec le climat et les objectifs de développement durable. Donc, nous avons maintenant un cadre très puissant qu’il faut mettre en œuvre. Puis, en même temps, il existe des forces de fracturation politiques, environnementales, économiques et sociales qui sont également très puissantes. Donc nous sommes un peu à un moment où nous ne savons pas trop où le monde va basculer entre le repli sur soi et la violence. Pour ma part, je pense que les instruments de développement comme l’AFD mais aussi d’autres comme la Banque mondiale, la CDG au Maroc sont des forces de réconciliation et qui s’opposent finalement à ces forces de fracturation. Evidemment, nous sommes là pour accélérer les transitions indispensables de nos sociétés, modèles économiques, façons de produire et de consommer. Donc c’est cela que j’étais très heureux de venir expliquer ici au Maroc puisque j’ai même rendu public vendredi un livre sur ce thème ici en Afrique et au Maroc. Je parle beaucoup de ce qui se passe sur le continent, ses innovations, sa force, sa capacité à nous inspirer pour nous transformer nous-mêmes.

En parlant de votre nouveau livre «Réconciliations», pourriez-vous nous expliquer ce que vous insinuez par cet intitulé ?

Cela veut dire admettre d’abord que nous avons un problème. Pour se réconcilier, il ne faut pas être dans le déni. Nous avons un problème climatique à l’évidence. Il  faut moins émettre, réduire les émissions et s’adapter au changement climatique inévitable. Tant que nous ne l’avons pas accepté, nous n’arriverons pas à trouver des solutions. «Réconciliations» cela veut dire aussi accepter l’autre et l’écouter. C’est une marque de respect. Aussi,  «Réconciliations» signifie qu’il y a deux positions et il faut en créer une troisième. Pour se réconcilier, il faut changer quelque chose dans la réalité. La dernière chose évidemment, la réconciliation c’est le contraire du repli. Il s’agit également de créer le lien entre les femmes, hommes, nations, grandes thématiques, le climat et la croissance. Evidemment il faut trouver de nouveaux modèles de croissance. C’est un peu cela ce que je voulais dire en employant ce terme en l’opposant à fracturations. Ce terme existe dans beaucoup de cultures, soit chrétienne, musulmane, voire en Asie et dans le monde entier. C’est un mot un peu nouveau qui n’est pas beaucoup employé et qui, je crois, pourrait être un principe d’action et une vision. Mieux que la paix, la réconciliation c’est le long terme, un processus, un calendrier, et des résultats qui sont attendus. La thèse étant surtout que le travail quotidien que font les maisons de développement, la politique de développement, correspond à cela. Je crois que le nouveau modèle de développement pourrait finalement être réconciliation.   

La visite que vous venez de faire au Maroc était marquée par un débat avec les médias sur les priorités de l’AFD en Afrique. Quelles sont plutôt vos urgences ?

L’urgence est à l’évidence sociale et climatique parce que cela va ensemble. Les solutions pour la lutte contre le changement climatique amènent immédiatement des questions d’inégalité. Donc il faut traiter l’ensemble des objectifs de développement durable à la fois. C’est-à-dire le lien social et l’accord de Paris. Telle est la stratégie de l’AFD. Il s’agit également de le faire en amenant des preuves. Evidemment que c’est possible. Ces preuves c’est ce que nous faisons à travers nos projets de développement et cherchons dans tous les pays d’abord au Maroc. Je suis frappé de voir dans tous mes déplacements – j’étais au Rwanda, la semaine dernière – des solutions qui sont en train de naître. Il faut que nous soyons  capables de les partager. C’est ça aussi se réconcilier.    

Le Maroc a des partenariats assez avancés avec certains pays africains. Quel serait votre apport dans l’avenir pour ces relations ?  

Le Maroc est le premier client de l’AFD. C’est notre premier pays d’intervention. 400 millions d’euros par an, des dons, des prêts. Depuis quelques années, c’est la volonté du Roi. Nous sommes sollicités par tous nos partenaires marocains, CDG, OCP entre autres, pour accompagner leur déploiement, leurs ambitions africaines. Nous en sommes ravis parce qu’il faut beaucoup de forces pour appuyer les transformations et transitions africaines. Donc nous avons mis cela dans le cadre stratégique entre la France et le Maroc. Je suis venu aussi à l’écoute de nos collègues pour transformer tout cela en projets.

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