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Représentant 30% du PIB : La dette financière des ménages frôle les 400 MMDH en 2022

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La dette des ménages résidents s’est élevée à près de 379 milliards de dirhams en 2022.

En 2022, le rythme de croissance de la dette des ménages s’est limité à 3,4 % contre 4,9 % une année auparavant.

La croissance de la dette financière des ménages a enregistré une décélération en 2022. Un ralentissement qui s’observe aussi bien pour les prêts à l’habitat que ceux destinés à la consommation. C’est ce que l’on peut constater du rapport sur la stabilité financière élaboré conjointement par Bank Al-Maghrib, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l’ Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance social (ACAPS). En 2022, le rythme de croissance de la dette des ménages s’est limité à 3,4 % contre 4,9 % une année auparavant. L’encours global s’est établi à 399 milliards de dirhams constitué à hauteur de 65% de crédits à l’habitat. Se référant au rapport sur la stabilité financière, cette dette représente en effet plus d’un tiers des crédits accordés par les établissements de crédit. «En pourcentage du PIB, la dette des ménages s’est située à 30%, soit un niveau comparable à celui observé au cours des dernières années, à l’exception de 2020 où un niveau de 32 % a été enregistré, en lien avec la contre-performance de la croissance économique nationale en cette année de crise», peut-on lire du rapport. Et de poursuivre que «comparativement à d’autres économies, ce ratio se positionne à un niveau plus élevé que celui observé chez certains pays en développement et émergents et demeure en deçà des niveaux observés dans des économies avancées ». Il est à noter que la dette des ménages résidents s’est élevée à près de 379 milliards de dirhams. Elle affiche ainsi une augmentation de 3,5 % contre 4,8 % une année plus tôt. Elle revient ainsi à 28 % du PIB contre 29 % l’année précédente. Il ressort par ailleurs que les crédits accordés aux Marocains résidents à l’étranger se sont maintenus à près de 20 milliards de dirhams au titre dudit exercice. Rapportés à leurs transferts, les prêts bancaires des MRE se sont établis à 18 % contre 21 % un an auparavant. Ce repli est expliqué par la forte hausse des transferts des MRE observée au titre des deux dernières années. Ils se sont établis à 110 milliards de dirhams en 2022 et à 95 milliards de dirhams en 2021 alors qu’ils se situaient autour d’une moyenne de 64 milliards de dirhams sur la période 2015-2020. Il est à préciser que le taux du défaut des ménages demeure à un niveau élevé comparativement à la période précédant la pandémie, malgré sa légère baisse. Les créances en souffrance des ménages sont passées de 38,8 milliards de dirhams à 39,2 milliards, ramenant ainsi le taux de défaut des ménages à 9,8 % après 10,1 % un an auparavant. Les créances en souffrance des résidents constituent 96 % du total de ces créances, soit 37,6 milliards de dirhams en 2022, en hausse de 1,5 % contre 10,2 % en 2021, soit un taux de défaut de 9,9 % au lieu de 10,1 % en 2021. S’agissant des Marocains résidents à l’étranger, leurs créances en souffrance demeurent quasi stables à près de 1,6 milliard de dirhams. Leur taux de sinistralité s’est inscrit en légère baisse, passant de 8,7 % en 2021 à 7,9 % en 2022.

Les fonctionnaires toujours surendettés

En parallèle à ces tendances, le rapport revient sur les résultats de l’analyse des données collectées auprès des établissements de crédit couvrant environ 250.000 prêts accordés au titre de l’année 2022. L’objectif étant de tracer l’évolution du taux d’endettement des particuliers en relevant les caractéristiques des bénéficiaires ainsi qu’en établissant un focus sur les emprunteurs dont la charge de dette dépasse les 40 % de leur revenu. Sur la base des données collectées, Bank Al-Maghrib relève un taux d’endettement moyen des particules de 35 % contre une moyenne de 31 % relevée au cours des dernières années. Dans le détail, les fonctionnaires demeurent les plus endettés avec un taux moyen de 40 %. Les retraités arrivent en deuxième position avec un taux d’endettement de 39 % de leur revenu suivis des salariés (34 %) et des libéraux (32%). L’analyse démontre également que plus de la moitié des prêts accordés (53%) est détenue par les emprunteurs dont le revenu net dépasse les 10.000 dirhams. Leur taux d’endettement moyen s’élève à 36%. Les emprunteurs dont le revenu oscille entre 6.000 et 10.000 dirhams captent pour leur part 23% du montant total avec un taux d’endettement moyen de 36 % également.
Ceux ayant un revenu entre 4.000 et 6.000 dirhams représentent une part de 16 %, tandis que ceux avec un revenu inférieur à 4 000 dirhams ont bénéficié de 8 % du montant total des prêts octroyés. Il est à souligner que le niveau d’endettement croit en fonction de l’âge notamment pour les groupes inférieurs à 60 ans. Les jeunes sont les moins endettés, avec un taux moyen de 28%, suivis de la tranche d’âge de 30 à 40 ans, avec une charge de dette de 34% par rapport à leur revenu. Les personnes dépassant la quarantaine affichent des taux de 37 et 39% correspondant respectivement aux tranches d’âge 41 à 50 ans et 51 à 60 ans. Au-delà de 60 ans, le taux d’endettement s’élève en moyenne à 37%. A noter que la proportion des particuliers, dont la charge de dette est supérieure à 40 % de leur revenu, représente 31% en 2022 contre une part moyenne de 26% sur la base des données analysées entre 2015 et 2021. Cette catégorie concentre 39 % du montant total des prêts accordés. Dans l’ensemble, les fonctionnaires continuent de former la catégorie la plus endettée. La charge de la dette consomme en moyenne 61% de leurs revenus. Les catégories restantes disposent plus ou moins du même taux d’endettement moyen de 56%.

Un patrimoine financier de 978 milliards DH détenu par les ménages

S’agissant du patrimoine des ménages, il s’est inscrit en progression soutenue en 2022 reflétant un renforcement de leurs dépôts bancaires. Ainsi, les actifs détenus par les ménages se sont chiffrés à 978 milliards de dirhams en hausse de 6,4% contre 5% une année plutôt marquant un additionnel de 59 milliards de dirhams en glissement annuel. Les dépôts bancaires constituent en effet 82% de ce patrimoine. Ils s’établissent autour de 804 milliards de dirhams à fin 2022 en hausse de 6,6% contre 4,1% l’année précédente. En outre, les comptes d’épargne sont passés en une année de 172 milliards de dirhams à 177 milliards de dirhams en 2022, soit une progression de 3,1 %, identique au rythme observé en 2021. Pour leur part, les placements en assurance vie représentent pour leur part 11% des actifs financiers des ménages contre 7% pour les valeurs mobilières. Les placements des ménages en termes de valeurs ont reculé de 4%, totalisant un montant de 63 milliards de dirhams. Les titres de propriété constituent 93% de l’ensemble de ces placements marquant une baisse de 5,3% après une hausse de 12 % en 2021. Ce repli intervient notamment en lien avec les contre performances du marché boursier. En parallèle, les titres de créances privées, constitués essentiellement des certificats de dépôts et des obligations, ont marqué une augmentation de 23% atteignant ainsi les 4,2 milliards de dirhams. Les titres de l’État représentant quant à eux une part très faible des valeurs mobilières détenues par les ménages. Ils ont totalisé 200 millions de dirhams en 2022 contre 300 millions une année plus tôt.

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