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Ressources en eau : L’heure de la mobilisation a sonné

Le Maroc a adopté une approche proactive pour gérer la problématique de l’eau. Un travail d’anticipation a été initié et ce sous les Hautes directives royales.

Les réserves actuelles sont en deçà des niveaux observés durant les années 80. Une période durant laquelle le Maroc a connu d’importantes vagues de sécheresse.

Le Maroc perdrait à l’avenir 50 % de ses ressources en eau. Cette prévision établie par les grandes institutions mondiales alerte quant à l’impératif de préserver les ressources hydriques du pays. Elle souligne par conséquent l’urgence de s’inscrire dans une nouvelle logique de gestion. Une ère de rupture avec les modes conventionnels. La situation aujourd’hui est le moins que l’on puisse dire alarmante. Le changement climatique ainsi que la demande croissante en termes de consommation d’eau, compte tenu de la dynamique ascendante d’urbanisation et le développement industriel, menacent la pérennité de cette ressource vitale. D’autres défis sont également à relever à l’instar de la surexploitation des ressources en eau souterraine. Se référant à la tutelle, les réserves actuelles sont en deçà des niveaux observés durant les années 80.

Une période durant laquelle le Maroc a connu d’importantes vagues de sécheresse. De ce fait, les sécheresses qui sévissent depuis ces 5 dernières années constituent une réelle menace pour le Maroc. Le Royaume se dirige en effet droit vers une pénurie d’eau, chose qui impacterait fortement l’implémentation des différentes stratégies sectorielles engagées au niveau national et par conséquent la souveraineté hydrique et alimentaire du pays. Le tableau actuel laisse apparaître une accélération du stress hydrique. Ceci se traduit entre autres par un envasement des retenues des barrages. Ces derniers n’ont pas dépassé le seuil maximum de 35% alors qu’il y a 4 ans il se situait autour de 50%. Les prévisions établies à l’horizon 2030 tablent par ailleurs sur un équivalent de 500 mètres cubes par habitant par an. Les récentes statistiques de la tutelle confirment également un net repli de la dotation en eau.

Chronologiquement, le Maroc est passé d’une dotation de 2.560 m³ par an par habitant en 1960 à 731 m³ en 2005 pour revenir à 645 m³ en 2015. Actuellement, la dotation par habitant est estimée à 606 m³ par an. Il est à noter qu’au sud du Royaume la dotation est actuellement à 100 m³ par habitant au moment où dans le Nord nous nous situons à plus de 1.000 m³ par habitant. Les inégalités en termes de répartition des ressources hydriques constituent en effet l’un des enjeux à relever pour pallier cette problématique. Il ressort en effet que 51 % des apports en eau sont focalisés dans 7,4 % du territoire essentiellement dans le Loukos et le Sebou. Autre chiffre éloquent, celui de la réduction conséquente du potentiel de mobilisation. Il est passé de 22 milliards m³ à 14 milliards m³.

Sur les cinq dernières années de sécheresse, l’année la plus difficile a été celle de 2021-2022. Le Maroc a vécu, en 2022, un véritable choc. Durant l’année dernière, un recul important des précipitations a été enregistré et, encore plus grave, une baisse de 85 % de l’enneigement, ce qui a engendré une baisse importante des apports en eau. Il est à préciser que l’apport en eau enregistré l’année dernière n’a pas dépassé les 1.989.000 m³.
A fin mai 2023, cet apport ressort à 3,4 milliards m³, soit un déficit de 83 % par rapport à l’apport moyen et de 62 % comparé à 2020-2021. Face à cette urgence, le Maroc a adopté une approche proactive pour gérer la problématique de l’eau. Un travail d’anticipation a été initié et ce sous les Hautes directives royales. La feuille de route tracée par le Souverain insiste sur l’accélération de la réalisation du programme national prioritaire de l’eau 2022-2027. Il s’agit également d’accélérer la mise en place des barrages programmés et surtout de mettre en place l’interconnexion entre les bassins qui se veut un élément clé de cette vision.

Les orientations royales en matière de lutte contre le stress hydrique font également du dessalement de l’eau de mer un pilier et ce au même titre que la réutilisation des eaux usées et de développer tout ce qui peut favoriser l’économie d’eau aussi bien en termes d’irrigation que de l’efficacité hydrique. L’accent est, aussi, mis sur la réduction de la surexploitation des eaux souterraines et la préservation des nappes phréatiques.

La qualité des ressources en eau

Bilan. En ce qui concerne les eaux de surface, il s’avère que la qualité des retenues de barrage est globalement excellente à bonne et ce sur l’ensemble des barrages structurants. Quant aux cours d’eau, la tutelle indique que la qualité est bonne à moyenne au niveau de la plupart des stations échantillonnées sauf les tronçons situés en aval des rejets des grandes villes qui présentent une qualité dégradée.

Pour ce qui est des eaux souterraines, la qualité des nappes profondes est généralement bonne du fait qu’elles sont protégées contre la pollution. En revanche, la qualité des nappes phréatiques est globalement bonne à moyenne et ce à l’exception de certaines nappes où la qualité est dégradée par endroit. Une dégradation qui, selon le département de l’eau, est due soit à une forte teneur en nitrates, soit à des causes naturelles comme la forte minéralisation, des formations géologiques ou à l’intrusion marine

Indicateurs

Ressources en eau naturelles

Les ressources en eau naturelles moyennes sont évaluées à 22 milliards m³ /an, soit l’équivalent de 606 m³ /hab/an en 2023. Notons que les apports pluviométriques moyens annuels sur l’ensemble du territoire sont évalués annuellement à environ 140 milliards de m³.

Ressources en eau de surface

Les ressources en eau superficielles sont caractérisées par une forte irrégularité dans l’espace et dans le temps. Elles sont évaluées à 18 milliards m³ /an actuellement. On note 5.600 Mm³ par an au niveau du Sebou, 3.434 Mm³/an au niveau du Loukkos et 3.315 Mm³/an au niveau de Oum Er Rabia.

Les ressources en eau souterraine

Le Maroc dispose de 130 nappes aquifères dont 32 nappes profondes et 98 nappes superficielles. Le potentiel des ressources en eau souterraine est évalué à 4 milliards m³ par an actuellement.

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