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Retour à 3% du taux directeur ?

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Finances : Les conseils de Bank Al-Maghrib sont particulièrement scrutés ces derniers mois. Et pour cause. Les décisions de la banque centrale au sujet de la politique monétaire dans un contexte inflationniste sont très attendues. La prochaine décision de BAM tient en haleine tout le marché financier. Eclairages.

C’est ce mardi 21 mars que la nouvelle orientation de la politique monétaire sera connue. En effet, le conseil d’administration de la banque centrale se réunit pour la première fois depuis l’avènement de l’année en cours. BAM décidera-t-elle une troisième hausse consécutive du taux directeur ou penchera-t-elle plutôt pour un statu quo? Le marché financier, lui, anticipe déjà une nouvelle hausse. C’est le cas pour les analystes de CDG Capital Insight dans leur flash pré-conseil de Bank Al-Maghrib. «Le premier conseil de Bank Al-Maghrib, au titre de l’année 2023, se tiendra ce 21 mars pour décider de la conduite de la politique monétaire. Il est à rappeler qu’après une période d’observation, à la suite de la montée en puissance de l’inflation et surtout la transmission de la hausse des prix des biens échangeables vers les biens non échangeables, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé à l’issue des deux dernières réunions, tenues les 27 et 20 décembre 2022, de relever le taux directeur, deux fois successives, de 50 Pbs, le ramenant ainsi de 1,50 à 2,50% à fin 2022.

En effet, après une flambée des prix des biens importés, une transmission vers les produits non échangeables (locaux) a été observée, générant ainsi des révisions à la hausse des prévisions d’inflation par Bank Al-Maghrib pour l’année 2023 de 1,9% (0,4% au mois de septembre et 1,5% de décembre) à 3,9%. Au niveau international, bien que certaines banques centrales, à l’image de la FED et de la Banque du Canada, aient décidé de ralentir leurs cycles de resserrement de la politique monétaire afin de réduire le choc sur la reprise économique, la persistance du dérapage inflationniste conjugué à des taux de chômage historiquement faibles, largement en-dessous du taux de chômage d’équilibre de leurs systèmes économiques, ont remis en cause ce ralentissement/pause du resserrement de leurs politiques monétaires respectives», explique CDG Capital Insight. La même source précise que «le premier conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2023 intervient dans un contexte national et international particulier marqué par la persistance d’un niveau élevé de l’inflation de 8,9% à fin janvier, particulièrement d’ordre alimentaire (16,8%), une amélioration de la distribution des crédits bancaires en dépit de la légère correction à la hausse des taux débiteurs, une poursuite de l’accélération de la masse monétaire M3, notamment la partie liquide (monnaie fiduciaire et compte à vue) au détriment des comptes à terme et des perspectives de croissance favorables grâce au bon déroulement de la campagne agricole 2022/2023 et la consolidation de certaines branches tertiaires à l’image du tourisme et du transport».

Si la banque centrale avait baissé son taux directeur après la crise sanitaire pour garantir un accès plus facile aux moyens de financement, un retour à un taux similaire à celui observé avant la pandémie n’est plus écarté.

Nouvelle hausse
Sur la base de l’ensemble des évolutions présentées par CDG Capital Insight, plusieurs faits majeurs caractérisent le comportement des sphères monétaire, financière et réelle, aussi bien au niveau national qu’international, et ce, depuis la tenue du dernier conseil de Bank Al-Maghrib en décembre 2022. Il s’agit tout d’abord de la persistance des dérapages inflationnistes, alimentaires et non alimentaires, impactant aussi bien la composante globale que sous-jacente, laissant présager ainsi une durabilité de l’inflation en liaison, notamment, avec la poursuite du processus de la transmission de la hausse des prix des biens échangeables vers les biens non échangeables. Il est question ensuite d’une forte reprise des crédits en dépit de la réaction partielle des taux débiteurs face à la hausse de 100 Pbs du taux directeur et la poursuite de l’accélération de la masse monétaire, notamment la composante liquide compte tenu des niveaux toujours bas des taux créditeurs bancaires ainsi que les perspectives favorables de la croissance économique en 2023 compte tenu principalement du bon déroulement de la saison agricole 2022/2023. «Tenant compte de l’ensemble de ces évolutions et perspectives et de la forte volonté de Bank Al-Maghrib de maintenir l’ancrage des anticipations d’inflation, nous pensons qu’il est plus probable que le conseil de Bank Al-Maghrib augmente, pour la troisième fois consécutive, le taux directeur, avec une nouvelle hausse prévue de 50 Pbs, ramenant ainsi le taux directeur à 3%», conclut la même source. De son côté, Attijari Global Research explique dans sa publication «HebdoTaux» qu’à «quelques jours de sa 1ère réunion de politique monétaire de l’année 2023, Bank Al-Maghrib continue de jouer parfaitement son rôle de régulateur de la liquidité du système bancaire». Tout en rappelant que le consensus du marché prévoit une probabilité de 50% d’une hausse du taux directeur de 50 points de base en mars 2023, Attijari Global Research estime que l’orientation future des taux obligataires demeure étroitement liée aux décisions de relèvement du taux directeur de BAM en 2023.

Retour au niveau pré-crise
Si la banque centrale avait baissé son taux directeur après la crise sanitaire pour garantir un accès plus facile aux moyens de financement principalement pour les opérateurs économiques fortement impactés, un retour à un taux similaire à celui observé avant la pandémie n’est plus écarté. Pour rappel, le taux directeur était déjà de 3% avant le déclenchement de la crise sanitaire. D’ailleurs, plus que 50 points de base nous séparent de ce seuil sachant que BAM pourrait bien franchir ce pas dans quelques heures. A noter qu’en décembre 2022, le conseil de Bank Al-Maghrib avait décidé de relever le taux directeur de 50 points de base (pbs), à 2,50%. «Pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, le conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base, à 2,50%», avait alors expliqué BAM dans un communiqué publié à l’issue de la 4ème et dernière réunion trimestrielle au titre de l’année 2022, notant que la banque centrale continuera de suivre de près la conjoncture économique et les pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international.
Lors de cette réunion, le conseil avait analysé l’évolution de la conjoncture économique internationale et a relevé qu’elle reste marquée par l’enlisement du conflit en Ukraine, la fragmentation géopolitique et économique et les séquelles de la pandémie.

C’est le titre de la boite
Enjeu
La décision de BAM intervient à un moment où une décision du Fonds monétaire international (FMI) doit tomber très bientôt au sujet de la ligne de crédit modulable en faveur du Maroc. Dans ce sens, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, va recommander au conseil d’administration du FMI d’accorder au Maroc une ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars sur deux ans. «Compte tenu de la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva a l’intention de recommander l’approbation d’un accord au titre de la ligne de crédit modulable en faveur du Maroc lorsque le conseil d’administration du FMI se réunira de nouveau dans les prochaines semaines pour prendre une décision», avait indiqué l’institution financière internationale. «Cette ligne de crédit aide les pays à se prémunir contre des chocs extérieurs en adoptant des cadres de politique économique très solides et en établissant un bilan de bons résultats économiques grâce à un accès considérable et immédiat à des ressources du FMI, sans conditionnalité a posteriori», précise le Fonds, ajoutant que les autorités marocaines ont «l’intention de traiter la ligne de crédit comme un dispositif de précaution».

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib

«Le grand défi est d’opérer un saut qualitatif de l’investissement privé au bénéfice de la croissance et de la création d’emplois, devant un agenda de réformes chargé et des pressions sur les ressources de l’Etat».

 

 

 

Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget

«L’ensemble des réalisations permet de renforcer la souveraineté financière du pays et offre des marges pour mettre en place les différentes réformes du Royaume, notamment en matière de généralisation de la protection sociale et incarne aussi les efforts menés pour le renforcement de la résilience des finances publiques et de l’économie marocaine».

 

 

Nadia Fettah, ministre de l’économie et des finances

«Le gouvernement a maintenu les subventions des matières premières, à savoir le gaz butane, le blé et le sucre qui n’ont connu aucun changement au Maroc. De même, nous avons subventionné les prix de l’eau et l’électricité et mobilisé une aide directe aux transporteurs pour maîtriser l’augmentation des prix qui touche les différents produits»

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