Economie

Risques majeurs à Jorf Lasfar

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Depuis jeudi, Jorf Lasfar est à «capacité de manoeuvre restreinte». Un cargo vraquier, dénommé «Attila », battant pavillon singapourien, a échoué vers midi à l’entrée du port, au niveau de la jetée principale, avec 60 000 tonnes de charbon dans les cales et d’immenses réservoirs d’hydrocarbures dans les soutes. Le navire, provenant de l’Afrique du Sud, devait ravitailler la station thermique de Jorf Lasfar.
Les premières tentatives de remorquage opérées à marée haute ont échoué, le navire étant immobilisé apparemment sur sa partie avant.
Samedi dans l’après-midi, quatre bateaux remorqueurs sont enfin parvenus à faire bouger le cargo vraquier sur une distance de 10 m.
Un remorqueur de 6 000 chevaux dépêché depuis le port de Mohammédia, devrait participer à la prochaine tentative qui devait intervenir dans les premières heures de la journée de dimanche. D’après les témoignages sur place, le cargo fait état d’une importante voie d’eau, laquelle a complètement submergé le peak avant.
Toutefois, les immenses réservoirs d’hydrocarbures du bateau, situés à l’arrière du bateau, ne posent pas de risques de pollution pour le moment. Le point d’échouement se situe au niveau du peak (en avant) sur une cinquantaine de mètres. Les mouvements des bateaux dans le port se poursuivent toujours mais non sans quelques difficultés variant en fonction des facteurs climatiques et de la nature même des navires. Concernant les causes de l’accident, les spéculations, prélude de la longue bataille que vont se livrer les experts des compagnies d’assurance, vont bon train.
La faute de navigation est l’option privilégiée par la plupart des pilotes qui participent aux manoeuvres, en coordination avec l’équipage d’Attila. Le navire était au moment de l’échouement hors du couloir qu’il devait emprunter.
En tout cas, les installations de Jorf Lasfar, aux normes et aux standards internationaux, ne sont pas en cause. «Il ne s’agit nullement d’un problème de dragage, avance un spécialiste des ports, ajoutant que Jorf Lasfar, qui dispose d’un plan d’eau de 200 hectares, de terre plein de 110 hectares et de terre plein revêtue de 13 300 mètres carrés, peut accueillir des navires de 120 000 tonnes, nettement au-dessus du navire échoué.
Ouvert au commerce international en 1982, le port de Jorf Lasfar dessert le meilleur site de raffinage du Maroc, appelé à monter en importance avec la libéralisation prévue en 2006-2007. Chaque année, 10 millions de tonnes transitent par ce port, un volume en deçà de ses capacités. L’infrastructure est conçue pour accueillir 25 millions de tonnes. Le port se trouve à seulement quelques centaines de mètres du Complexe du groupe OCP qu’il dessert en divers produits, principalement le charbon et d’autres matières comme l’ammoniac…
C’est de là que transite la plupart des exportations de l’OC P. Il s’agit des phosphates et dérivés, de l’acide phosphorique et de l’engrais en vrac. Le port compte sur l’amélioration de ses infrastructures et un meilleur raccordement au réseau routier et ferroviaire pour augmenter son activité. De nouvelles installations sont prévues sur le site suite à la signature, ce 27 juillet, d’un protocole d’accord entre l’OCP et la Société pakistanaise FFBL (producteur d’engrais granulés) pour la construction d’une usine de fabrication d’acide phosphorique d’une capacité de 375.000 tonnes P2.O5 par an.
Cette usine, qui devrait démarrer sa production vers la fin de 2006, est destinée, en grande partie, à la couverture de la totalité des besoins en acide phosphorique de FFBL. Le montant de cet investissement est estimé à 2 milliards de dhs. La finalisation de l’accord d’actionnaires est programmée pour septembre prochain, pour la constitution de ladite société en joint-venture qui portera le nom Pak-Maroc Phosphore (PMP), avec un capital social de 800 millions de dhs. Vu l’importance de ces projets et les prévisions d’augmentations de capacité de production industrielle, les installations portuaires gagneraient certainement à être améliorées.

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