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Santé bancaire, sortie à l’international, marché des changes : Les explications de Abdellatif Jouahri

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Le recours a une nouvelle ligne de précaution et de liquidité devrait tenir en compte l’évolution de la situation en 2020, des chiffres prévisionnels de la loi de Finances 2021, et de la reprise de l’activité.

La deuxième réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib, tenue mardi 16 juin, a été riche en annonces. L’élément saillant de ce Conseil est la révision à la baisse du taux directeur qui, désormais, est fixé à 1,5%. Cette réduction du taux directeur de 50 points, après 25 points en mars dernier, intervient en appui à l’économie marocaine pour contenir le choc de la crise pandémique, notamment les lignes de garanties mises en place en appui aux secteurs les plus impactés.

Pas moins de 27.750 entreprises ont bénéficié à ce jour de Damane Oxygène, soit un financement de l’ordre de 13,8 milliards de dirhams au 12 juin. En termes de report des échéances bancaires, on note également le dépôt de 491.500 demandes émanant globalement des particuliers (94%). Lors d’un point de presse tenu en marge du Conseil, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, s’est arrêté sur quelques éléments d’actualité. Retour sur les points traités.

Les banques toujours résilientes

Le 30 juin prochain est la date butoir pour examiner réellement la situation de l’économie nationale face à la Covid-19. Cette évaluation concernera également le comportement des banques face à cette conjoncture aussi bien sur le plan prudentiel que de liquidité. Un bilan qui permettra de revoir ou pas les mesures d’assouplissement mises en place dans le secteur depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Le gouverneur de la banque centrale reste confiant dans la mesure où les stress tests effectués par la communauté bancaire et les instances du FMI prouvent encore une fois la résilience des banques marocaines. Un acquis à privilégier pour que le système bancaire préserve ses relations avec ses correspondants étrangers.

Le mobile banking à développer

Parmi les enseignements tirés de cette crise, la nécessité de développer, rapidement, l’écosystème de mobile banking. Ce nouveau mode opératoire aurait des retombées positives permettant d’alléger le stress sur la liquidité bancaire en limitant le paiement par le cash. Notons que cet écosystème est presque au complet. Le Maroc dispose d’ores et déjà de switch, d’agréments et d’environ 1 million de wallets. Toutefois, l’appui à la communauté des commerçants est toujours de mise. «Nous avons plaidé l’année dernière pour une aide exceptionnelle pour les commerçants qui veulent s’inscrire dans ce modèle de mobile banking.

Nous avons réussi à avoir une disposition fiscale, mais après cette expérience le ministre de tutelle a bien compris que le mobile banking était un écosystème à pousser le plus vite possible car il y va de l’intérêt de toutes les parties aussi bien le bénéficiaire que l’État», peut-on retenir de Abdellatif Jouahri. Et de rappeler que «des efforts monstres ont été déployés durant la période du confinement pour toucher les régions reculées et doter la population qui y réside des aides accordées dans le cadre du Fonds de gestion de la Covid-19». Le gouverneur de la banque centrale assure avoir une promesse de Mohamed Benchaaboun, ministre de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration, pour tenir compte de la spécificité du mobile banking et son développement dans la prochaine loi de Finances.

Sortie à l’international : Aucune visibilité sur les modalités

Pour ce qui est de la sortie à l’international, le wali de Bank Al-Maghrib indique n’avoir aucune visibilité sur ses modalités aussi bien en termes de timing, de montant que de devise. «Le principe est acquis. Il appartient au ministère des finances dans le cadre de la due diligence avec les banques conseil de voir le moment, la devise et la duration favorables à ce recours», relève-t-on de M. Jouahri. Interrogé également sur la possibilité de recourir à une nouvelle ligne de précaution et de liquidité, M. Jouahri a assuré que rien n’empêche une éventuelle négociation. Toutefois ce recours devrait tenir en compte l’évolution de la situation en 2020, des chiffres prévisionnels de la loi de Finances 2021, et de la reprise de l’activité. Rappelons que pour la reprise, le Maroc a opté pour une reprise en V. Ce scénario suppose, entre autres, le décollage de l’activité d’un ensemble de secteurs et de la prise de mesures rapides pour une reprise réelle.

Marché des changes : Une réappréciation limitée du dirham

Pour ce qui est de l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham, Abdellatif Jouahri précise que la tension sur le marché interbancaire de devise a baissé après récupération de la LPL. Ainsi, les banques nationales sont à 7 milliards de position de change et le dirham affiche une réappréciation limitée. Le gouverneur de la banque centrale appelle à défendre les limites de la bande de fluctuation et se dit prêt à une éventuelle intervention sur le plan de réserve de change si nécessaire. Et si la crise sanitaire perdure, il va falloir se mettre autour d’une table et examiner les éventualités d’élargissement de la bande de fluctuation ou de passage à une deuxième phase. «Le passage à la deuxième phase exige des prérequis. Il ne s’agit pas de passage automatique. J’espère que nous ne serons pas obligés de le faire». Et de conclure qu’actuellement les estimations de réserves portent autour de 5 mois d’importations, plaçant le Maroc dans une zone de confort, mais la vigilance reste toutefois de mise.

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