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Secteur bancaire : les dossiers chauds du prochain CA de BAM

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Hausse du cash, cession d’une banque de la place, taux directeur…

Banques. C’est le compte à rebours pour le conseil d’administration de la Banque centrale. Les regards se tournent vers Rabat qui accueille la première réunion de 2024 de Bank Al-Maghrib au cours de laquelle des dossiers stratégiques pourraient être soulevés. Éclairages.

Le microcosme financier du pays se tourne vers le siège historique de la Banque centrale. En effet, Bank Al-Maghrib tiendra son premier conseil d’administration de l’année en cours mardi 19 mars, à Rabat. Traditionnellement, la Banque centrale officialise à l’issue de cette réunion sa décision au sujet du taux directeur.

Une réunion qui intervient une année pratiquement après sa dernière décision en date de relever son taux directeur. En attendant, les observateurs du secteur bancaire et financier anticipent un statu quo. C’est le cas pour Attijari Global Research (AGR) qui prévoit, dans sa note «Weekly Hebdo Taux – Fixed income» couvrant la période du 1er au 7 mars, une accalmie des taux sur le marché obligataire et ce, dans l’attente de la prochaine décision de politique monétaire de Bank Al-Maghrib (BAM).

«Les conditions de financement du Trésor sur le marché intérieur demeurent favorables suite à la maîtrise de l’offre du Trésor sur le marché domestique. Les taux du marché primaire se stabilisent au même niveau que la semaine dernière à l’exception de la maturité 2 ans qui affiche une légère baisse de 2 pbs (points de base)», indique AGR dans sa note.

Concernant les caractéristiques de cette séance d’adjudication du mois de mars, la souscription du Trésor s’est établie à 1 milliard de dirhams (MMDH) face à une demande des investisseurs de 4,9 MMDH, soit un taux de satisfaction de 21%. À cet effet, la levée cumulée à ce jour pour le mois de mars se situe à 4,5 MMDH face à un besoin de financement annoncé de 10,3 MMDH, soit un taux de réalisation de 44%.
Le reste à financer est de 5,8 MMDH.

En vue des niveaux des placements du Trésor dépassant les 18 MMDH à cette date, les analystes d’AGR estiment que le Trésor bénéficie d’une situation confortable, lui permettant d’assurer aisément le financement de son besoin mensuel moyen en 2024, estimé à 7 MMDH. Pour rappel, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni mardi à Rabat, avait décidé en décembre 2023 de maintenir inchangé le taux directeur à 3%. «Le Conseil a jugé que le niveau actuel de 3% du taux directeur reste approprié et favorise le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix», avait indiqué BAM dans un communiqué publié à l’issue de la dernière réunion trimestrielle de son Conseil au titre de l’année 2023.

Le Conseil avait décidé en conséquence de maintenir inchangé le taux directeur tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et des pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international, avait précisé la même source. Pour rappel, c’est en mars 2023 que le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) avait décidé de relever le taux directeur de 50 points de base (pbs), à 3%.
Une hausse décidée à l’époque pour endiguer la spirale de l’inflation. «Pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, le Conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base (pbs), à 3%, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et les pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international», avait expliqué alors BAM.

Cash
En plus de sa décision au sujet du taux directeur, la réaction de la Banque centrale concerne la hausse continue du cash en circulation. En effet, le besoin en liquidité des banques s’est établi en janvier 2024 à 109,8 milliards de dirhams (MMDH) en moyenne hebdomadaire, contre 107,1 MMDH un mois auparavant, selon Bank Al-Maghrib (BAM). En janvier dernier, Attijari Global Research (AGR) avait annoncé que les besoins en liquidité du système bancaire ont atteint un record à 100 milliards de dirhams (MMDH) à fin novembre 2023, en raison de la hausse continue de la circulation fiduciaire.

«La circulation fiduciaire s’est établie à 388,6 MMDH sur la même période, soit un plus haut historique», avait alors précisé AGR dans son bulletin «Weekly Hebdo Taux- Fixed income». Par conséquent, Bank Al-Maghrib (BAM) continue de satisfaire la demande du système bancaire en abaissant l’encours de ses interventions à travers ses opérations principales et à long terme (LT), s’établissant à 122,5 MMDH contre 129,6 MMDH une semaine auparavant, ajoute la même source. Interrogé sur le sujet en juin dernier, Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al-Maghrib, avait affirmé que «la monnaie fiduciaire a augmenté de 20% en 2020, alors que la tendance a toujours été une évolution comprise entre 6 et 7%.

En 2021, nous sommes revenus à ce taux de croissance, mais la hausse est repartie à deux chiffres en 2022, et cela se poursuit cette année». Par ailleurs, la conférence de presse du wali de BAM pourrait constituer une occasion pour réagir aux récentes rumeurs concernant une probable cession d’une banque de la place. Le bruit court depuis quelques semaines sur la potentielle reprise de la Société Générale par le fonds d’investissement Saham. La banque mère à Paris n’a pas confirmé l’information, se contentant d’affirmer qu’elle ne peut pas commenter «les rumeurs du marché».

Une chose est sûre en tout cas. Une telle transaction est suspendue au feu vert préalable de Bank Al-Maghrib. En effet, les règlements imposent en cas du changement au niveau de l’actionnariat d’une banque exerçant au Maroc de demander un nouvel agrément à la Banque centrale. Autrement, BAM aura sans nul doute son mot à dire sachant qu’une première réaction du wali de Bank Al-Maghrib pourrait aiguiller les observateurs du secteur ainsi que les médias.
A noter que le Conseil de la concurrence doit également être avisé avant une telle opération de cession.

Ce que dit la loi
Agrément. Selon l’article 43 de la loi bancaire en vigueur actuellement au pays, «les changements qui affectent la nationalité, le contrôle d’un établissement de crédit ou la nature des opérations qu’il effectue habituellement sont subordonnés à l’octroi d’un nouvel agrément demandé et délivré dans les formes et conditions prévues à l’article 34 de la même loi. Au sens du présent article, le contrôle d’un établissement de crédit résulte : – de la détention, directe ou indirecte, d’une fraction du capital conférant la majorité des droits de vote dans les assemblées générales ; – ou du pouvoir de disposer de la majorité des droits de vote en vertu d’un accord conclu avec d’autres associés ou actionnaires ; – ou de l’exercice, conjointement avec un nombre limité d’associés ou d’actionnaires, du pouvoir d’administration, de direction ou de surveillance ; – ou de l’exercice en vertu de dispositions législatives, statutaires ou contractuelles du pouvoir d’administration, de direction ou de surveillance ; – ou du pouvoir de prise, par les droits de vote, des décisions dans les assemblées générales».

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