L’encours de la dette intérieure du Trésor s’est établi à 811 milliards de dirhams en 2024, en consolidation de 48 milliards de dirhams
Conjoncture : Rapporté au PIB, le déficit budgétaire s’est établi à 3,9%, en amélioration par rapport aux résultats de l’année 2023 (4,4 %) et aux prévisions initiales de la loi de Finances 2024 (4 %).
La Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) dévoile les premiers résultats de l’année 2024. L’exercice a été marqué par un allègement du déficit budgétaire. Il s’est en effet résorbé de 5,2 %, se positionnant à 60,9 milliards de dirhams, soit 3,2 milliards de dirhams en moins par rapport à l’année précédente. Rapporté au PIB, le déficit budgétaire s’est établi à 3,9%, en amélioration par rapport aux résultats de l’année 2023 (4,4 %) et aux prévisions initiales de la loi de Finances 2024 (4 %). «En termes de recettes ordinaires, et sur une base nette et hors part des recettes fiscales bénéficiant aux collectivités territoriales, les recouvrements ont atteint 372,5 milliards de dirhams, en progression de +49,1 milliards de dirhams ou +15,2 % par rapport à fin décembre 2023. Comparativement aux prévisions de la loi de Finances 2024 et grâce au bon comportement des recettes fiscales, le taux d’exécution des recettes ordinaires a atteint 109,7%», peut-on relever de la note de conjoncture de la DTFE. Et d’ajouter : «Les recettes fiscales ont progressé de +37,6 milliards de dirhams ou +14,3 %, suite à la hausse à la fois des impôts directs (+18,6 milliards de dirhams ou +16 %) et des impôts indirects (+16,1 milliards de dirhams ou +14,7 %). S’agissant des recettes non fiscales, elles ont augmenté de +11 milliards de dirhams ou +19,5 % pour se situer à 67,8 milliards de dirhams».
Dans les détails, ces recettes comprennent 35,3 milliards de dirhams au titre des mécanismes de financements innovants, 16,6 milliards de dirhams en provenance des établissements et entreprises publics dont 6 milliards de dirhams versés par l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie, 5,8 milliards de dirhams par OCP, 2,9 milliards de dirhams par Bank Al-Maghrib et 700 millions de dirhams par Ittissalat Al-Maghrib. La DTFE relève également 10,8 milliards de dirhams au titre des «produits divers» des ministères, 2,9 milliards de dirhams au titre des fonds de concours et 1,7 milliards de dirhams au titre des produits de cession de participations de l’État.
Pour ce qui est des dépenses ordinaires, elles se sont redressées de 16,4 milliards de dirhams (+5,6 %) à fin 2024. Elles font ressortir un taux d’exécution de 100,9 % par rapport aux prévisions de la loi de Finances 2024. En ce qui concerne les dépenses au titre des biens et services, elles ont affiché une hausse de +18,3 milliards de dirhams ou +7,9 % pour se situer à 250,3 milliards de dirhams. On relève également une progression de 2,7 milliards de dirhams (+8,6 %) des dépenses au titre des intérêts de la dette se situant ainsi à 33,8 milliards de dirhams. Cette progression reflète une augmentation de 2,2 milliards de dirhams des charges de la dette extérieure (+26,6 %) et de 469 millions de dirhams de la dette intérieure (+2 %). Se référant à la DTFE, les émissions au niveau des dépenses d’investissement ont affiché un taux de réalisation de 116,9 % par rapport aux prévisions de la loi de Finances 2024 pour s’établir à 117,4 milliards de dirhams à fin décembre 2024 marquant ainsi une hausse de +6,6 milliards de dirhams ou +6 %.
L’endettement du Trésor en hausse
Parmi les tendances relevées au titre de l’année 2024, on cite la hausse du taux d’endettement du Trésor. L’encours global a atteint 1.081,6 milliard à fin 2024, en progression annuelle de +65 milliards de dirhams ou +6,4 % contre +65 MMDH. Rapporté au PIB, le ratio d’endettement du Trésor a légèrement augmenté de +0,6 points pour atteindre à 70,1 % en 2024.
Selon la DTFE, la dette intérieure demeure prédominante avec une part de 75 % contre 25% pour la dette extérieure, en conformité avec les objectifs retenus pour le portefeuille benchmark (70% -80% dette intérieure et 20% -30% dette extérieure). Ainsi, l’encours de la dette intérieure du Trésor s’est établi à 811 milliards de dirhams en 2024, en consolidation de 48 milliards de dirhams, soit une progression de 6,3 % par rapport à 2023. S’agissant de l’encours de dette extérieure, il s’est élevé à 271 milliards de dirhams à fin décembre 2024, en hausse de 17,1 milliards de dirhams (+6,7 %).
Le cap monétaire changé
La DTFE revient dans son rapport sur le changement de cap monétaire opéré depuis juin 2024 suite à la baisse de l’inflation. En effet, après deux années marquées par des niveaux d’inflation élevés (6,6 % en 2022 et 6,1 % en 2023), le taux d’inflation a connu un net ralentissement en 2024, s’établissant à +0,9 % en moyenne. « Ce repli traduit principalement une forte décélération des prix des produits alimentaires et, dans une moindre mesure, la poursuite de la normalisation des prix hors alimentation», indique la DTFE dans son rapport. Et de rappeler : «Grâce à ce repli significatif de l’inflation, revenu à des niveaux compatibles avec l’objectif de stabilité des prix, Bank Al-Maghrib (BAM) a amorcé un cycle d’assouplissement monétaire, en phase avec la tendance mondiale vers des politiques monétaires plus accommodantes». En effet, Bank Al Maghrib a baissé en juin 2024 de 25 points de base son taux directeur à 2,75%, et ce après avoir maintenu son taux directeur inchangé à 3% pendant quatre réunions consécutives depuis juin 2023. Il s’agit ainsi de la première baisse observée depuis mars 2020. Une nouvelle réduction de 25 points de base en décembre a été opérée ramenant le taux directeur à 2,50%, dans un contexte de consolidation de l’ancrage des anticipations d’inflation à moyen terme.
Un rythme de croissance satisfaisant en 2024
Il est à rappeler que l’économie marocaine a bouclé l’année 2024 sous une note positive. Malgré un environnement international toujours instable, la croissance de l’économie marocaine a été maintenue à un rythme satisfaisant de 3,2 % en moyenne sur les quatre trimestres de 2024 contre +3,4 % en 2023. Une dynamique soutenue par la croissance des secteurs secondaire et tertiaire, bien que la valeur ajoutée agricole ait diminué en raison de la persistance de la sécheresse. « Alors que la production céréalière s’est limitée à 31,2 millions de quintaux, en baisse de -43 % par rapport à la campagne précédente (55,1 millions de quintaux), les autres cultures ont bénéficié des précipitations printanières, permettant de contenir la baisse de la valeur ajoutée agricole à -4,9 % en moyenne des quatre trimestres 2024 », explique la DTFE. Au niveau des autres secteurs, il y a lieu de noter le redressement du secteur du BTP, favorisé par le déploiement des aides directes au logement et les grands travaux d’infrastructures, comme en témoigne la hausse de +9,5 % des ventes de ciment en 2024 après leur quasi-stagnation en 2023. Aussi, force est de constater la progression record de +5,0 % de l’indice de la production industrielle en 2024, ainsi que la hausse remarquable du taux d’utilisation des capacités de production industrielle de +3,3 points en moyenne de l’année 2024 pour s’établir à 77,7 %.
De son côté, la production des phosphates et de ses dérivés a enregistré un rebond important de +24,5 % et de +22 % respectivement contre -10,8 % et -3,7 % en 2023. Dans le secteur touristique, le Maroc a atteint les objectifs de la feuille de route pour 2026 en accueillant plus de 17,4 millions de visiteurs, soit une augmentation de +20 % par rapport à 2023. Une performance ayant entraîné une hausse significative du trafic aérien, avec un record de 32,7 millions de passagers (+21 %).