Dans le cadre de la stratégie adoptée par le gouvernement pour accroître le nombre d’arrivées de touristes sans compter sur le tourisme de masse, le président Abdoulaye Wade a annoncé le 1er août son engagement à promouvoir l’écotourisme à travers l’édification de trois éco-villages. Le projet a été bien accueilli par le secteur privé, et en particulier les tour-opérateurs.
« Il est vital pour les professionnels du tourisme d’innover le type de produits qu’ils offrent, même si les stations balnéaires demeurent les plus sollicitées, particulièrement parmi les touristes français. Nous croyons que les produits du type éco-tourisme, comme les logements isolés mais luxueux ou les bateaux coloniaux réhabilités, ont le potentiel d’attirer les tour-opérateurs et les touristes», a déclaré à OBG un tour opérateur anonyme.
La Banque mondiale a alloué 30 milliards de francs CFA aux trois projets. Le premier village, qui devrait être construit en 2008, bien qu’aucune date n’ait été précisée, sera situé dans le département de Veingara. Il sera entièrement autosuffisant en énergie, produisant sa propre électricité grâce à des panneaux solaires et des éoliennes.
Deux autres projets, situés dans la vallée du fleuve Sénégal, au Nord du pays, ont par ailleurs été confirmés pour un montant de 20 milliards de francs CFA (45 millions de dollars), portant sur la construction de bungalows écologiques, définis comme pôle d’attractivité important pour la clientèle touristique. Les deux projets s’inscrivent dans le cadre du programme de labellisation écologique mis en oeuvre par le ministère du Tourisme, grâce auquel des villages et des établissements touristiques peuvent demander à recevoir un label écologique et donc être officiellement agréés éco-villages.
Gensen, un réseau de 45 villages sénégalais qui collaborent pour promouvoir le développement écologique et intégrer la technologie moderne aux valeurs sénégalaises traditionnelles, constitue un autre exemple de projet de développement durable réussi. Gensen reçoit le soutien financier d’institutions comme le fonds Senegal Ecovillage Microfinance Fund (SEM) pour renforcer les opportunités économiques et les compétences des villageois à faible revenu à travers l’attribution de micro-crédits et la formation professionnelle.
Le tourisme est appelé à devenir la principale source de rentrées en devises à l’horizon 2010, devant la pêche. Le gouvernement s’est engagé à augmenter le nombre de touristes de 866 154 en 2006 à 1,5 million en 2010 et 2 millions en 2015. Afin d’accroître le flux des arrivées et d’augmenter les recettes, les autorités touristiques s’attachent à renforcer l’attractivité du Sénégal en développant une large gamme de produits répondant à tous les visiteurs. Le pays jouit de grandes richesses naturelles comme le parc de Niokolo Koba, tandis que les régions de Djoudj et de Siné Saloum constituent un atout pour le développement de l’écotourisme. « Nous assistons à une diversification de l’origine des touristes fréquentant le Sénégal, ainsi qu’une diversification de l’offre des produits touristiques», a indiqué Assane Soumare, directeur général de l’Agence nationale de promotion touristique (ANTP), à OBG. «Le développement de l’écotourisme et du tourisme à vocation culturelle est une partie intégrante de la stratégie du gouvernement visant à promouvoir le tourisme haut de gamme», a-t-il ajouté.
Le tourisme sénégalais a traditionnellement été axé sur les voyages organisés et les routards. Mais aujourd’hui, le gouvernement change de cap et mise sur le tourisme haut de gamme. La construction d’hôtels cinq étoiles à Dakar et dans les principales destinations touristiques du pays, en l’occurrence St Louis, Saly et Cap Skirin, témoignent de cette stratégie.
Parmi les projets de construction de type cinq étoiles prévus à Dakar au cours des deux prochaines années figurent l’hôtel Radisson SAS, d’une capacité de 225 chambres, ainsi que le Terou Bi, situé sur la corniche, le Baobab Cap Manuel, d’une capacité de 300 chambres et le SCI Etoile, disposant de 119 chambres et qui sera érigé au centre-ville.
Par ailleurs, la société d’investissement Sovereign Hospitality Holdings, qui appartient au groupe koweitien M.A. Kharafi, spécialisée dans l’hôtellerie, le tourisme et l’immobilier, a signé un accord de gestion avec le groupe InterContinental Hotels pour la construction d’un hôtel InterContinental au coeur de Dakar, aux Almadies, pour 250 millions de dollars. L’hôtel comptera 250 chambres ainsi qu’un centre de conférence.
Ce flux d’investissements permettra sans aucun doute d’accroître la capacité d’accueil locale tout en améliorant la qualité du service. Pour leur part, les hôtels existants, et notamment le Méridien Président, ont réalisé les investissements nécessaires pour rénover leurs établissements, ou sont en passe de le faire, à l’instar du Savanah au Cap Manuel à Dakar, de manière à faire face à une concurrence accrue.
En outre, l’Etat mise sur le développement de zones prioritaires. Ainsi, la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal, un organisme public, a engagé 60 milliards de francs CFA pour promouvoir l’aménagement de la grande côte, au nord de Dakar, et l’investissement dans de nouvelles structures hôtelières.
Bien que cette stratégie, axée sur le tourisme de niche à l’image des éco-villages et des hôtels haut de gamme, s’avère cruciale en vue d’augmenter le nombre d’arrivées, les investissements demeurent limités. Si le pays veut se donner les moyens de ses ambitions, le gouvernement et l’industrie se doivent de créer un environnement favorable à l’entreprise et à l’investissement, et d’encourager la coopération entre l’Etat et le secteur privé.
• Oxford Business Group
(4 septembre 2008)
