Les principes de conduite responsable du géant pétrolier sont cités comme référence. Après les événements relatifs à la plate-forme pétrolière en mer du Nord en 1997, le groupe a tiré les leçons en matière de conduite responsable. Certes, l’actualité est des plus présentes. Lundi 19 avril, sa directrice financière, Judy Boynton, quittait ses fonctions, devenant ainsi le troisième haut responsable à perdre son poste suite au scandale qui secoue le groupe depuis début janvier. Contrairement au PDG Phil Watts et au responsable de la branche exploration et production Walter van de Vijver, qui ont démissionné début mars, Mme Boynton restera au sein du groupe, au moins jusqu’à l’assemblée générale des actionnaires le 28 juin, a ajouté Shell dans un communiqué.
Le groupe a également indiqué qu’il allait revoir ses pratiques dans l’évaluation de ses réserves d’hydrocarbures, car « restaurer la confiance et la crédibilité dans le calcul des réserves est vital ».
Shell avait choqué le marché début janvier en annonçant que ses réserves étaient surévaluées de 20%. Les réserves d’hydrocarbures représentent une large partie des actifs d’un groupe pétrolier et sont les garantes des revenus à venir de la société. Le groupe va ainsi « améliorer fortement la fréquence et l’intensité des missions de contrôle » et l’évaluation des réserves s’effectuera « avec l’aide de consultants externes ». « Shell ne peut pas se permettre » de reproduire les mêmes erreurs que par le passé, ont souligné les directeurs du groupe.
Après avoir passé au peigne fin quelque 90% de ses réserves dites prouvées, Shell estime à présent qu’elles avaient été surévaluées de 4,35 milliards de barils équivalent pétrole fin 2002, et de 500 millions de barils pour 2003.
Il s’agit d’une nouvelle baisse du montant de ses réserves prouvées, après celles annoncées début janvier (environ 4 mds barils) et à la mi-mars (500 millions de barils).
Les réserves prouvées s’élèvent désormais à 15 milliards de barils pour 2002 et 14,5 mds pour 2003. Sont considérées comme « prouvées » les réserves susceptibles d’être récupérées pendant la durée du contrat d’exploitation du groupe avec un pays. Le groupe va également donner un coup d’accélérateur à la révision de sa structure et de sa gouvernance. La structure complexe de Shell est critiquée par plusieurs gros actionnaires qui souhaitent une simplification. Au niveau du Maroc, Michel Faure, P-dg de Shell du Maroc estime que l’adaptation sociale en permanence d’une société est indispensable. «Dans un domaine comme les hydrocarbures, le développement ne peut être que sur le long terme. Une licence n’est pas acquise mais donnée», explique-t-il. Selon les normes du groupe, Shell Maroc a mis en place une politique de responsabilité sociale suivant trois axes majeurs : économique, social et environnemental. À titre d’exemple, la nouvelle loi sur la concurrence a donné lieu à des séances de sensibilisation aux nouvelles implications.
La conduite des activités des sociétés Shell qui constituent le groupe Royal Dutch/Shell est inscrite comme priorité du développement futur du groupe. «Nous sommes jugés d’après nos actes. Nous conservons notre réputation si nous agissons toujours honnêtement et de façon intègre et si nos actions sont dictées ce qui nous semble juste à tout moment dans le cadre légal de nos activités», tiens à préciser Michel Faure.
Depuis la fusion du Britannique Shell et du Néerlandais Royal Dutch en 1907, le groupe a conservé son organisation binaire : ses deux composantes, Royal Dutch Petroleum aux Pays-Bas et Shell Transport and Trading en Grande-Bretagne, restent dirigées par deux conseils d’administration séparés, chacun chapeauté par un conseil de surveillance. Le groupe élargi est dirigé par un Comité de direction, qui réunit les membres des deux conseils d’administration.