Le géant gazier russe Gazprom a annoncé lundi que la compagnie anglo-néerlandaise Shell s’était résolue à lui soumettre des "propositions" pour le gigantesque projet pétrolier et gazier Sakhaline 2, suscitant les spéculations sur la part que prendrait Gazprom. Alexeï Miller, président de Gazprom, a reçu vendredi à Moscou le P-DG de Shell, Jeroen van der Veer, lequel «a fait une série de propositions concernant Sakhaline 2», a annoncé le groupe russe, contrôlé par l’Etat.
Le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, s’est refusé à toute précision, notamment sur une cession de l’ensemble des parts de Shell, qui détient 55% du consortium développant Sakhaline 2, avec les sociétés de négoce japonaises Mitsui (25%) et Mitsubishi (20%). Un porte-parole de Shell à Londres a qualifié le contenu de ces discussions de «confidentiel», sans commenter les rumeurs de marché dans la capitale britannique sur une cession de la participation de Shell. Le porte-parole de Shell à Moscou, Maxime Choub, a assuré ne pouvoir «ni confirmer ni infirmer» un éventuel accord de principe à ce sujet. Mais les analystes russes penchaient plutôt en faveur d’une prise de participation de l’ordre de 30% de Gazprom dans le projet, d’où Shell ne se retirerait pas entièrement.
«Shell restera dans le projet. Mais la part de Gazprom sera revue à la hausse et sera plutôt de l’ordre de 30% que des 25%» prévus par un accord gelé depuis 2005, estime notamment Artiom Kontchine, de la société d’investissement Aton Capital. Shell et Gazprom ont signé en juillet 2005 un protocole d’accord en vue d’un échange d’actifs faisant entrer Gazprom à hauteur de 25% dans Sakhaline 2 en échange de 50% qu’il cèderait à Shell dans un projet du Grand Nord russe. Sakhaline 2, dont l’investissement total est de près de 22 milliards de dollars (16,6 milliards d’euros), est présenté comme le plus important investissement privé jamais réalisé au monde. Il vise à exporter par bateau à partir de l’été 2008 du gaz naturel liquéfié (GNL) depuis cette île au large de l’Extrême-Orient russe. «La question reste de savoir ce que Gazprom va payer pour entrer dans le projet», ajoute Artiom Kontchine.