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Surplus de devises sur le marché financier

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La banque centrale a dû intervenir pour éponger un stock de 3 milliards de dollars sur le seul marché bancaire

Les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib avoisineraient 328,5 milliards de dirhams à fin 2021 et 338,6 milliards à fin 2022, soit l’équivalent de plus de 7 mois d’importations de biens et services.

Alors qu’au début de la pandémie, le Maroc cherchait à solidifier ses stocks de devise, celle-ci semble dépasser largement la demande. Le décor a ainsi radicalement changé au point que Bank Al-Maghrib (BAM) est actuellement contrainte d’intervenir. En effet, la banque centrale annonce l’organisation depuis le début de cette semaine des adjudications d’achat de devises. Les responsables n’y vont pas par quatre chemins. Le but de l’opération est d’absorber les excédents actuels et d’assurer ainsi le bon fonctionnement du marché de change. La situation est telle que BAM n’écarte pas d’organiser une multitude d’adjudications sur une période étalée dans le temps. «Bank Al-Maghrib porte à la connaissance des opérateurs sur le marché de change qu’elle organisera, à partir du lundi 20 septembre 2021, des adjudications d’achat de devises afin d’absorber les excédents actuels et d’assurer ainsi le bon fonctionnement de ce marché. Ces adjudications seront organisées autant que nécessaire et ce, en fonction de l’évolution des conditions sur le marché de change», avait précisé la banque centrale.

Depuis quelques mois, le Maroc avait pu mobiliser grâce à des accords bilatéraux et multilatéraux des montants importants de devises. Selon la banque centrale qui tient compte notamment des tirages extérieurs du Trésor, ainsi que de l’allocation de DTS prévue par le FMI (Fonds monétaire international), les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib avoisineraient 328,5 milliards de dirhams à fin 2021 et 338,6 milliards à fin 2022, soit l’équivalent de plus de 7 mois d’importations de biens et services. Pour rappel, le FMI vient de procéder à l’augmentation de l’allocation DTS du Maroc de 857 millions DTS (ndlr : l’équivalent de 1.216 millions de dollars environ ou bien 10 milliards de dirhams) dans le cadre de l’allocation générale de 456 milliards de DTS approuvée par le Conseil du Fonds, notamment pour aider à la relance économique à l’échelle planétaire. Mais cette situation n’explique pas tout.

Derrière les excédents de devises sur le marché, il y a d’autres facteurs. Il faut dire que les banques commerciales ont atteint des stocks largement supérieurs aux prévisions en comparaison avec les dernières années. Selon les statistiques disponibles au début de l’été dernier, les avoirs étrangers nets disponibles chez les banques commerciales dépassent les 31 milliards de dirhams, soit l’équivalent de trois milliards de dollars US. Selon les observateurs, la bonne santé des transferts des MRE et leur retour pour les vacances d’été ont permis de renforcer encore davantage les stocks de devises disponibles, ce qui peut à terme avoir un effet inverse sur la stabilité du marché. Tout comme la rareté de la devise, une offre abondante peut mener à un déséquilibre et se répercuter sur la valeur de la monnaie nationale, d’où l’intervention du Maroc. L’opération n’est qu’à ses débuts pour récupérer l’excédent de devises sur le marché auprès des banques. Affaire à suivre.

Stabilité

Le dirham est resté quasi stable face à l’euro et au dollar américain, durant la période allant du 9 au 15 septembre 2021, selon Bank Al-Maghrib. Au cours de cette période, aucune opération d’adjudication n’a été réalisée sur le marché des changes, indique BAM dans son dernier bulletin des indicateurs hebdomadaires.

Au 10 septembre, l’encours des avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib s’est établi à 312,4 milliards de dirhams (MMDH), en quasi-stagnation d’une semaine à l’autre et en hausse de 5,5% en glissement annuel, précise la banque centrale. Par ailleurs, l’encours global des interventions de Bank Al-Maghrib ressort à 90,2 MMDH, dont 31,7 MMDH sous forme d’avances à 7 jours sur appel d’offres, 30,9 MMDH sous forme d’opérations de pension livrée, 26,7 MMDH dans le cadre des programmes de soutien au financement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) et 1 MMDH au titre des opérations de swap de change.

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Statu quo

Bank Al-Maghrib (BAM) devrait maintenir, lors de son Conseil prévu le 28 septembre, le taux directeur inchangé à 1,5%, selon les prévisions d’Attijari Global Research (AGR). «L’avant-dernière séance d’adjudication du mois de septembre 2021 s’est caractérisée par une quasi-stagnation des taux de la courbe obligataire primaire en attente de la 3ème réunion de politique monétaire de BAM. Le scénario d’AGR demeure en faveur d’un statu quo du taux directeur durant le 4ème trimestre 2021», indique la filiale d’Attijariwafa bank dans sa dernière note «Hebdo Taux». Concernant les caractéristiques de cette séance d’adjudication, la souscription du Trésor s’est établie à 3,5 milliards de dirhams (MMDH) face à une demande des investisseurs de 7,2 MMDH, soit un taux de satisfaction de 49%, souligne la société de recherche, ajoutant que la levée cumulée à ce jour pour le mois de septembre s’est chiffrée à 8 MMDH face à un besoin de financement annoncé au début du mois de 10,5 MMDH. Ainsi, le reliquat à financer au cours de la séance prochaine est de 2,5 MMDH, ajoute la même source.

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