La production sucrière dans la région de Tadla traverse une passe difficile. Le responsable cette fois-ci n’est autre qu’une maladie ayant pour nom la rhizomanie. Il s’agit, selon sa définition scientifique, d’une «maladie des plantes de la famille des chénopodiacées provoquée par le développement d’un virus (BNYVV), lequel est inoculé et transmis par un champignon du sol : Polymyxa betae». La maladie s’est déclarée dans une exploitation privée de 200 hectares appartenant à la société Agro Plus. «Effectivement, la rhizomanie a touché notre exploitation de Tadla. Mais nous ne sommes pas les seuls concernés dans la région. D’autres terres ont été infectés», a expliqué M. Saâdaoui, gérant du dit domaine. En effet, ce germe, qui se niche dans le sol, a fait son apparition il y a plusieurs années.
Des semences de pommes de terre importées de l’étranger, notamment de la France et des Pays-Bas sont pointées du doigts, ces pays connaissant déjà la propagation de cette maladie. Les différents facteurs climatiques, vents, chaleurs et humidité du sol ont par la suite favorisé la propagation de cette maladie qui a vite atteint les terres cultivées par la betterave sucrière. Les conséquences de cette maladie sur la production se caractérisent par une diminution de la richesse, une perte de rendement, une augmentation de la teneur en sodium ainsi que celle en azote aminé.
En outre, la maladie de la rhizomanie augmente la teneur de la betterave en sucre inverti ce qui n’arrange guère les affaires des industriels. Ainsi, la production de l’année dernière s’en est sérieusement ressentie. Une production qui, signalons-le, est entièrement dédiée à l’usage industriel des unités de production sucrière de la région de Tadla. Et la situation ne va pas en s’améliorant puisqu’en plus des difficultés que cette industrie connaît actuellement s’ajoute celui de l’approvisionnement en matières premières.
Et pourtant, l’année dernière déjà, le diagnostic a été fait par les chercheurs de l’Institut national de la recherche agricole (INRA) et de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II qui se trouvaient sur place. Ils avaient déjà clairement identifié le champignon responsable et avaient même envoyé une correspondance en la matière aux services centraux du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes. Les scientifiques, en plus des responsables du domaine infecté, demandaient des mesures urgentes pour limiter la propagation.
«Outre les mesures agronomiques telles qu’assurer un bon drainage et garder une bonne structure, il fallait mettre le domaine infecté en quarantaine pour éviter que le champignon n’atteigne les terres voisines», estime un agronome. Chose qui n’a pas été faite. Du côté de l’agriculteur, les recherches ont été poussées pour trouver des variétés tolérantes à la rhizomanie pour les cultiver sur la parcelle contaminée.
Ces variétés ont, en effet, été essayées, notamment Miranda, Beatricia ou encore Candida. «Ces variétés utilisées sur le domaine de Tadla se sont avérées résistantes à hauteur de 87 %», souligne M. Saâdaoui. Il faut noter également que ces variétés disposent également, en terre saine, d’un revenu financier équivalent à celui d’une variété classique. «Tout ce que nous attendons actuellement est leur inscription sur le catalogue national de l’association des semanciers. Cette dernière a d’ores et déjà accepté de répertorier une variété ayant pour nom Laeticia», conclut M. Saâdaoui.