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Taux directeur, concurrence dans le marché de la monétique… Les dossiers chauds de la banque centrale

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Les observateurs du marché, notamment des acteurs internationaux, anticipent déjà une poursuite de la baisse du taux directeur.

Finance: C’est le compte à rebours pour le troisième conseil d’administration de la banque centrale de l’année en cours. En plus de la décision de BAM au sujet du taux directeur, le dossier de la concurrence du marché de la monétique capte l’attention. Éclairages.

Bank Al-Maghrib (BAM) s’apprête à se réunir. Le siège de la Banque centrale du pays abritera dans les prochains jours une réunion très attendue du conseil d’administration de BAM. Et pour cause. Les observateurs du marché, notamment des acteurs internationaux, anticipent déjà une poursuite de la baisse du taux directeur entamée par l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri, Wali de  Bank Al-Maghrib. C’est le cas notamment pour Fitch solutions. L’institution internationale avait fait l’actualité récemment en publiant ses prévisions au sujet de la baisse du taux directeur au Maroc. «Nous prévoyons que les autorités monétaires d’Algérie, d’Égypte et de Tunisie maintiendront leurs taux directeurs au second semestre 2024, l’inflation restant élevée. Le Maroc s’écartera de la tendance régionale en réduisant son taux directeur de 50 pb (points de base)», avait annoncé Fitch.

«En 2025, une inflation plus faible et des facteurs spécifiques à chaque pays encourageront la Banque centrale d’Égypte (CBE) et Bank Al-Maghrib (BAM) à réduire leurs taux directeurs, tandis qu’une inflation supérieure à la moyenne en Algérie et en Tunisie incitera les autorités à maintenir la politique monétaire inchangée l’année prochaine», a poursuivi la même source. Cette dernière a justifié ces prévisions par la volonté du pays de stimuler l’emploi et la croissance au cours des prochains mois et années, tout en agissant sur les coûts des emprunts étatiques, sans oublier la convergence avec les tendances chez les principales banques centrales dans le monde, à savoir la Banque Centrale Européenne (BCE) et de la Réserve Fédérale Américaine. Pour rappel, le Conseil de Bank Al-Maghrib avait tenu le mardi 25 juin sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2024.

Le Conseil de Bank Al-Maghrib avait décidé lors de sa dernière réunion de réduire son taux directeur.

La Banque centrale avait ainsi décidé de réduire son taux directeur. Alors que le marché anticipait un statu quo, le conseil d’administration de Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé sa décision de réduire le taux. «Après avoir maintenu le taux directeur inchangé pendant quatre réunions consécutives, il a décidé de le réduire de 25 points de base, à 2,75%», a indiqué BAM dans un communiqué à l’issue de sa réunion. Cette décision est expliquée par les projections de la Banque centrale concernant l’inflation. La décision du Conseil de Bank Al-Maghrib de réduire le taux directeur à 2,75% avait pris effet à partir du 27 juin 2024. Au cours de cette même réunion, le Conseil avait confirmé sa volonté de continuer à suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation tant au niveau national qu’international.

Concurrence

En attendant de connaître la décision finale de BAM, un autre dossier risque de faire la une de l’actualité, à savoir la décision attendue du Conseil de la concurrence au sujet du marché de la monétique. En effet, le Conseil instruit actuellement une affaire concernant une potentielle position dominante sur le marché des paiements électroniques. Si le dossier concerne a priori des acteurs sur le marché de la monétique, les banques sont également et directement concernées par la décision du Conseil de la concurrence. En effet, le principal acteur du marché avait été fondé par des banques qui en sont d’ailleurs les actionnaires. La Banque centrale aura donc son mot à dire. A noter que le Conseil de la concurrence avait affirmé dans un avis datant de 2020, relatif à la situation de la concurrence sur les marchés du paiement en ligne par carte bancaire que «certaines spécificités du marché du paiement en ligne invitent à se demander comment l’ouverture du marché des services de paiement aux établissements de paiement non bancaire pourra s’articuler avec la puissance économique du Centre monétique interbancaire.

En effet, l’examen de cette demande d’avis a permis de constater que le marché du paiement par carte bancaire en ligne se caractérise, de par sa nature, par divers obstacles à l’entrée et des  barrières juridiques prudentielles (procédure de certification afin de lutter contre la fraude et garantir la protection des données à caractère personnel), ainsi que des barrières structurelles et techniques». La même source avait souligné dans le même avis que « les éléments examinés par le Conseil de la concurrence conduisent à penser que le Centre monétique interbancaire dispose à ce jour d’une position fortement dominante sur le marché du e-paiement (marché de l’acquisition et de la prestation de service de paiement). Cette position dominante n’est pas condamnable en soi. Seul l’exercice abusif d’un tel pouvoir de marché pourrait être sanctionné comme les possibles abus d’éviction, destinés à décourager, retarder ou éliminer les concurrents, en l’occurrence les établissements de paiement non bancaire, par des procédés ne relevant pas d’une compétition par le mérite et les éventuels abus d’exploitation, par lesquels des commissions exorbitantes seraient subies par les e-commerçants».

Le Conseil de concurrence enquête sur une potentielle position dominante dans le marché des paiements électroniques.

Le Conseil de la concurrence avait par la même occasion expliqué que «Bank Al-Maghrib a créé les conditions favorables au libre jeu de la concurrence, mais la concurrence effective ne pourra résulter que des stratégies et des comportements du Centre monétique interbancaire dans ce contexte normatif et institutionnel. Il incombe, donc, à l’opérateur historique une responsabilité particulière de ne pas porter atteinte, par son comportement, à une concurrence effective dans le marché du paiement en ligne par carte bancaire au détriment des e-entreprises et des e-consommateurs, qui eux doivent tirer profit de la concurrence par des prix moins élevés, une qualité meilleure et un choix plus vaste de services de paiement nouveaux ou plus performants». Les premiers éléments de réponses au sujet de ce dossier qui ne fait que commencer, seront probablement donnés lors de la traditionnelle conférence de presse du wali de Bank Al-Maghrib.

C’est le titre de la boite

Prévisions

Croissance. Selon BAM, à l’issue de sa réunion du mois de juin, la croissance économique a connu une accélération de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023, résultat d’une amélioration de 3,5%, après 3,4%, de la valeur ajoutée non agricole, et d’un léger redressement de 1,4%, après une contraction de 11,3%, de celle agricole. A moyen terme, les activités non agricoles devraient se raffermir à des rythmes de 3,8% en 2024 et de 4,1% en 2025, à la faveur notamment des différents chantiers lancés et programmés, de la poursuite de la dynamique des activités liées au tourisme et de la consolidation de la consommation des ménages en relation avec le repli de l’inflation et les revalorisations salariales.

En revanche, la production agricole resterait tributaire des conditions climatiques. Ainsi, tenant compte d’une récolte céréalière estimée par le département de l’agriculture à 31,2 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9% cette année, avant de rebondir de 8,6% en 2025 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte céréalière moyenne de 55 millions de quintaux. Au total, la croissance de l’économie nationale devrait revenir à 2,8% en 2024 avant de s’accélérer à 4,5% en 2025.

Pour ce qui est des conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire devrait s’atténuer légèrement, revenant de 111,4 milliards à fin 2023 à 109,8 milliards de dirhams à fin 2024, avant de se creuser à 133,6 milliards à fin 2025, tiré principalement par l’expansion prévue de la monnaie fiduciaire. Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de 2024 fait ressortir une amélioration de 10,8% des recettes ordinaires portée par l’augmentation des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 1,2%, tirées par celles au titre des biens et services, alors que les charges de compensation et les dépenses d’investissement se sont inscrites en baisse.

Conseil d’administration

Réunions

Le conseil d’administration de Bank Al-Maghrib tient habituellement quatre réunions au cours d’une même année. Une première réunion a lieu au mois de mars alors que les autres suivent respectivement au cours des mois de juin, septembre et décembre.

Taux

La Banque centrale profite des réunions de son conseil d’administration pour dévoiler sa décision finale au sujet de son taux directeur. Il s’agit d’une décision importante attendue par tous les acteurs du marché en raison de son impact financier.

Prévisions

BAM publie également ses prévisions concernant le taux d’inflation qui est déterminant pour la fixation du taux directeur. Les prévisions de la Banque centrale concernent la croissance économique et les principaux indicateurs financiers.

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