Textile et habillement : Les professionnels débattent des leviers de développement

Pour M. Boubouh, le secteur doit impérativement s’inscrire dans cette démarche de durabilité. La finalité étant d’assurer sa pérennité et d’être en ligne avec les différentes mutations industrielles.

L’Europe du nord et les Etats-Unis sont dans le viseur des textiliens nationaux. L’Association marocaine du textile et de l’habillement aspire à renforcer le positionnement du produit marocain dans ces marchés, et ce dans l’optique de diversification des partenaires.

Il s’agit là de l’une des annonces faites lors d’une rencontre ayant eu lieu mercredi 9 février, dans le cadre des cycles de conférences organisés par la CGEM autour des «Rencontres du Livre Blanc». La diversification des marchés figure en effet parmi les axes stratégiques de la vision de l’AMITH. On cite dans ce sens l’amélioration du positionnement et du rapport qualité-prix de l’offre marocaine, le renforcement de son positionnement sur les marchés traditionnels ainsi que la conquête de nouveaux marchés dans la nécessité de diversifier les marchés export de cette industrie. La feuille de route de l’AMITH baptisée «Dayem Morocco» a en effet pour mot d’ordre la durabilité. Une durabilité qui selon les opérateurs se veut à la fois temporelle, économique, sociale et environnementale. Dans son mot d’ouverture, Mohamed Boubouh, président de l’AMITH, a indiqué que cette rencontre se veut une occasion pour partager avec l’ensemble des acteurs du secteur la vision tracée pour garantir le développement de la filière textile. L’ambition étant de la remettre en première ligne sur la scène internationale et de relever l’enjeu de la décarbonation qui se montre aujourd’hui comme une nécessité. Pour M. Boubouh, le secteur doit impérativement s’inscrire dans cette démarche de durabilité. La finalité étant d’assurer sa pérennité et d’être en ligne avec les différentes mutations industrielles. Cette rencontre a connu en effet la participation d’un panel d’opérateurs et de partenaires de l’industrie textile qui sont venus décliner les différents leviers de développement du secteur. Parmi les points abordés, on cite le renforcement de l’amont du secteur. A ce propos, Jalil Skalli, vice-président de l’AMITH, a souligné la nécessité de reconsidérer l’investissement dans l’amont du textile. L’heure étant de faire de la crise sanitaire une réelle opportunité pour re-développer un amont propre permettant au Maroc d’avoir un bon positionnement à l’échelle internationale.

Pour ce faire, M. Skalli insiste sur l’accompagnement financier. «Il est nécessaire de déployer les moyens financiers nécessaires pour lancer de nouvelles unités industrielles et d’adopter des mesures concrètes pour stimuler l’investissement», indique-t-il. Une recommandation qui s’inscrit en droite ligne avec les orientations du plan «Dayem» qui tend à révolutionner le textile et habillement marocain pour répondre de manière compétitive aux donneurs d’ordre et aux exigences des marchés partenaires. Il est à préciser que l’amont du secteur textile s’érige comme étant un axe stratégique auquel le ministère de l’industrie et du commerce accorde une attention particulière. Ceci a été confirmé par Rachid Bahi, responsable du département textile au sein du ministère de l’industrie et du commerce, qui relève par ailleurs un fort engouement des investisseurs nationaux et internationaux pour l’amont textile. Il est à rappeler que le secteur du textile a été fortement impacté par la crise sanitaire. Toutefois la filière a fait preuve de résilience et de reprise. Les derniers chiffres de l’Office des changes font ressortir un redressement des exportations du secteur revenant ainsi au niveau observé à fin 2019. Pour accompagner cet élan, l’AMITH a dévoilé en décembre dernier sa vision à l’horizon 2035.

L’objectif étant d’augmenter la valeur des exportations du secteur à 60 milliards de dirhams ainsi que de porter la part des exportations marocaines sur les marchés d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord à 20% du total des exportations. L’AMITH ambitionne aussi de porter la part de la production en co-traitance et produits finis de 35% actuellement à 60% à l’horizon 2035. «Dayem Morocco» vise également à porter la part de marché des industriels marocains à 40%. La mise en œuvre de cette stratégie a également pour finalité de pérenniser les emplois dans le secteur du textile et de l’habillement avec un objectif de création de 50.000 nouveaux à l’horizon 2025.

2,93 milliards de dirhams d’investissements approuvés par la task force

La task force créée par le ministère de l’industrie et du commerce dans le cadre de sa politique de substitution aux importations a permis d’accompagner à ce jour 94 projets relevant de la filière textile et habillement.
Ces projets représentent en effet un investissement global de 2,93 milliards de dirhams et 10.873 emplois à créer. Les prévisions tablent également sur un chiffre d’affaires de l’ordre de 2,78 milliards de dirhams et un chiffre à l’export de 3,36 milliards de dirhams. Par segment, la part belle revient au fast-fashion qui représente 41% des projets approuvés au moment où le textile à usage technique rafle 36% des parts. Parmi les investissements, on retrouve également les projets du denim, de la maille et du textile maison.
La répartition régionale de ces projets fait ressortir Casablanca-Settat en tête des territoires prisés au moment où Rabat-Salé-Kénitra arrive en deuxième place. Notons que la task force œuvre sur quatre niveaux, en l’occurrence la commande publique, les donneurs d’ordre, l’assistance technique et la normalisation.