Textile : les précisions de Lahlimi

L’accord mutlifibre ayant pris fin depuis le 1er janvier 2005, les professionnels du textile ont, depuis lors, pris un sacré coup de la part de la concurrence chinoise. Au Maroc comme en Europe, les grands opérateurs ont vu leur part de marché considérablement s’effriter, tandis que ceux de petite et moyenne envergure ont tout simplement mis la clé sous le paillasson. C’est là, un autre point négatif qui vient assombrir le tableau d’un secteur en plein marasme et en manque d’attraits à même de capter les investissements nécessaires pour sa mise à niveau. A terme, et en plus des emplois déjà perdus, c’est plus d’un tiers de l’effectif global actif dans le textile qui est menacé.
Pour calmer les esprits, plusieurs officiels sont montés au créneau, avec chacun ses arguments. Récemment, il y a eu notamment Hassan Bernoussi, le directeur des Investissements extérieurs (ministère de l’Economie et des Finances), qui s’est montré rassurant lors d’une déclaration à la presse en marge de la signature d’un projet d’investissement au Maroc par le géant américain Fruit of the Loom. 
Puis, la semaine dernière, c’est le Haut commissariat au Plan (HCP), qui a publié une note conjoncturelle relative à ce dossier et visant à éclairer l’opinion publique. Plus précisément, le HCP commente le nombre d’emplois perdus dans le secteur du textile et habillement, selon les chiffres fournis par l’enquête nationale sur l’emploi. Ainsi, annonce le communiqué : «l’emploi industriel a évolué défavorablement entre le premier trimestre de l’année 2004 et la même période de l’année 2005. Le nombre de personnes pourvues d’un emploi et travaillant dans le secteur industriel a baissé de 9,1% entre ces deux périodes, passant de 1.334 000 à 1.213 000 personnes âgées de 15 ans et plus (soit une diminution de 121 000 personnes)». Et de spécifier que : «Près de 78,4% de la perte nette d’emplois industriels s’expliquent par la baisse d’emplois dans la branche ‘‘textile, bonneterie et habillement’’,  soit près de 95.000 postes d’emplois perdus». Dans cette vague d’emplois perdus, la parité homme-femme est aussi un critère à prendre en compte.
En effet, et toujours selon le document du HCP, «il est à signaler que l’emploi dans le textile a différemment évolué selon le sexe ; il a baissé de 30,9% chez les femmes (soit, une perte de près de 128.000 postes d’emplois féminins), alors qu’il a augmenté de 13,8% pour les hommes (soit un gain net de 33.000 postes d’emplois masculins)».  Puis d’ajouter que «près de 59,1% d’emplois féminins perdus dans la branche ‘‘textile, bonneterie et habillement’’ a concerné le milieu urbain et environ 17,6% sont des emplois non rémunérés». Ces derniers s’entendent notamment des aides familiales, ainsi que du travail fourni par les apprentis. Enfin, le HCP précise que l’emploi féminin rémunéré a, quant à lui, régressé de près de 30,0%, soit une perte de 106 000 postes d’emplois. Dans ce volume, 58,5% sont des femmes travaillant pour leur propre compte (travailleuses indépendantes et employées ou membres de coopérative), soit une suppression de 62 000 postes concernant notamment le secteur informel. Quant aux 41,5% restantes, elles traduisent une perte de 44.000 postes d’emplois féminins salariaux, soit près de 12% de l’emploi salarial total de la branche au premier trimestre 2004.