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Tomate : Investir dans la R&D pour mieux positionner la filière

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Outre les défis phytosanitaires, la filière fait face à d’autres contraintes majeures, notamment des coûts de production de plus en plus élevés et la pénurie de main-d’œuvre.

Dépendance : Défis phytosanitaires, innovations technologiques, durabilité, gestion de la rareté de l’eau… les grandes préoccupations du moment de la filière tomate étaient au cœur du débat mercredi 21 février à Agadir. C’était à l’occasion de la Morocco Tomato Conference. La région, connue pour être la première zone de production et d’exportation de tomate, est en effet le lieu bien choisi pour faire l’état des lieux de la filière et pousser la réflexion sur les inquiétudes de l’heure.

Les contraintes phytosanitaires en sont une. Dans ce contexte, le virus ToBRFV continue d’avoir un impact économique négatif sur la filière. Selon les professionnels, il a engendré cette année la perte de 50% du rendement des cultures de la variété tomate ronde. Au niveau de la tomate de segmentation, la tomate cerise n’y a pas aussi résisté. Son rendement a chuté de 20%. Pour compenser ces pertes, les producteurs ont investi dans l’extension des surfaces cultivées et dans des replantations rapides après des arrachages précoces. Mais rares seront les producteurs de tomates rondes qui réussiront à équilibrer leur situation financière malgré la subvention de l’Etat de 70.000 DH à l’hectare. Et aujourd’hui, la filière fait l’essai de variétés dites tolérantes au virus. Mais ces semences restent insuffisantes sur le marché. D’où l’intérêt de renforcer la recherche-développement. Mais les budgets alloués à cela sont encore très insuffisants. D’où l’intérêt d’encourager le secteur privé à investir dans la recherche en collaboration avec nos universités pour avoir un jour une tomate 100% marocaine, souligne un expert. Un partenariat université-secteur privé dédié à la recherche-développement permettrait de mutualiser les équipements et les compétences scientifiques. En attendant, le Royaume enregistre une trop forte dépendance de semences vis-à-vis des pays producteurs en la matière. Aussi, la filière tomate marocaine demeure stratégique mais vulnérable.

Outre les défis phytosanitaires, la filière fait face à d’autres contraintes majeures. Coûts de production de plus en plus élevés, pénurie de main-d’œuvre, l’activité devient de plus en plus difficile pour les producteurs. «Le coût de la main-d’œuvre est aujourd’hui aussi cher qu’en Europe où l’activité enregistre deux ouvriers par hectare alors qu’au Maroc nous sommes à huit ouvriers par hectare. Nous sommes ainsi à la merci de la main-d’œuvre», avance un agriculteur. Pour le producteur, la masse salariale pèse un minimum de 150.000 DH à 200.000 DH par hectare par an.

Face à ces coûts de production, la commercialisation sur le marché local comme à l’export a peu de retombées en raison de la mauvaise qualité de la tomate ronde due au virus. Depuis le mois de février, les cours de cette variété sont au plus bas. Sur le marché de gros d’Inezgane, la caisse de tomate ronde de 30 kg est entre 30 et 150 DH suivant la qualité et le calibre. A l’export, les cours de cette variété sont aussi peu rémunérateurs actuellement.

Après le pic du marché au mois de septembre avec un cours de1,50 euro le kg exporté, les cours ont par la suite chuté pour être inférieurs à 1 euro le kg exporté, bien inférieur au coût de revient de production.
Malgré ces contraintes majeures, la filière reste une activité à haute valeur ajoutée économique en termes notamment de création d’emplois. Mais la situation pour les producteurs restera dure tant qu’il n’y aura pas de semences résistantes au virus. Pour aller de l’avant aujourd’hui et maintenir une production suffisante de la tomate ronde, il est nécessaire de l’avis d’un professionnel de ne subventionner que les agriculteurs de la filière qui vont produire durant l’hiver. «Il faut aussi doubler la subvention pour la culture sous-serre et ainsi la porter à 150.000 DH à l’hectare pour maintenir la tomate ronde en hiver», ajoute-t-il. Le coût de revient de production de la variété est en effet en hausse de 50% à cause du virus. Dans ce contexte, un plan d’action intégrant innovation variétale, financement adapté et professionnalisation est indispensable pour maintenir les acquis et la compétitivité du secteur.

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