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Tourisme durable : Le Maroc s’y met

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La tutelle voit en ce créneau un tournant pour la destination Maroc

La place du tourisme durable dans la relance touristique a été au cœur d’un débat maroco-helvétique. L’occasion étant de partager la vision des acteurs des deux pays quant au développement de ce segment, notamment dans ce contexte particulier. Cette thématique choisie par la Chambre de commerce suisse au Maroc a été une occasion de passer en revue les principales composantes du programme de coopération scellé récemment par le Maroc et la Suisse en vue de développer une offre de tourisme durable dans la région de Beni-Mellal-Khénifra. A ce sujet, Nadia Fettah Alaoui, ministre du tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, estime que cette opération avant-gardiste est essentielle en ce moment précis.

La ministre réitère dans ce sens la mobilisation du Maroc pour réussir ce projet pilote et de le dupliquer dans d’autres régions ayant un potentiel équivalent en termes de tourisme durable et responsable. «Il est important pour nous que notre offre de tourisme durable et responsable soit mise en valeur et organisée. C’est un tournant important pour le tourisme national et l’offre attendue», souligne la ministre dans son intervention. Et d’ajouter que «notre destination a de véritables cartes à jouer. Nous y travaillons pour pouvoir mettre en valeur ces acquis et ce potentiel du Maroc». En vue d’atteindre cet objectif, la tutelle mise gros sur l’adhésion des territoires. «Nous n’avons pas suffisamment associé les populations locales et je pense que nous devons mettre toutes nos énergies pour que cette offre soit plus accessible et partagée avec les populations pour plus d’équité sociale et territoriale», ajoute la ministre. Pour ce qui est du programme de coopération Maroc-Suisse, il s’agit d’un dispositif quinquennal portant sur une enveloppe de 38 millions de dirhams financé à hauteur de 90% par le secrétariat d’État à l’économie suisse (SECO) avec une contribution de 10% du ministère du tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale et de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT).

Il a pour orientation principale de développer le tourisme durable dans la région de Beni-Mellal- Khénifra avec des filières intégrées contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté et générant des opportunités de revenus. Ce projet vise également à créer de l’emploi dans ce périmètre et de maintenir les postes existants avec pour cible les jeunes et les femmes. Le dispositif s’articule autour de trois piliers. Le premier est relatif à l’environnement du travail. A cet effet, il sera procédé à l’évaluation de la destination en adoptant une approche élaborée par l’université Suisse Saint-Gall. L’idée étant d’identifier les flux de visiteurs prioritaires pour développer cette destination, et ce en s’appuyant sur les critères mondiaux du tourisme durable. «Un plan d’action découlera de cette étape portant sur des éléments très concrets pour améliorer le flux des visiteurs», indique Didirer Krumm, directeur Maroc de la Fondation suisse pour la coopération technique (Swisscontact).
En termes de gouvernance, une plate-forme de coordination régionale sera mise en place en concertation avec l’ensemble des intervenants. Le deuxième pilier porte sur le renforcement de la compétitivité et l’accès du marché avec notamment la réhabilitation et la mise à niveau d’une quarantaine de gîtes touristiques à Azilal et Beni-Mellal.

Le dernier pilier tend à développer les compétences à travers la formation continue dans l’hôtellerie et le tourisme. La Suisse s’engage, par ailleurs, à partager son contenu de formation en tourisme avec la tutelle et ce via la plateforme «Tourism Academy». Il est à rappeler que le potentiel touristique de la région Beni-Mellal-Khénifra est jusque-là sous-exploité. Cette destination ne représente que 1% des arrivées.
De même, le taux d’occupation reste très limité et la durée moyenne de séjour ne dépasse pas 1,5 jour. Ce programme de coopération vient ainsi promouvoir cette niche en la dotant de plus d’animation touristique et l’alignant aux standards internationaux en termes d’offres et services.

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Tourisme national : Comment se prépare la reprise ?

Cette rencontre a été une occasion pour s’enquérir des différents chantiers ouverts dans la destination Maroc pour assurer une reprise effective après des mois de léthargie suite à la crise sanitaire. Le secteur qui dispose d’une feuille de route post-crise définit de nouvelles priorités pour accélérer la relance sans pour autant attendre la fin de la pandémie. L’heure étant de cohabiter avec le virus au lieu de rester dans l’attentisme.
Malgré les contraintes de mobilité, l’ensemble des opérateurs du secteur se disent déterminés à trouver des solutions pour faire redémarrer l’activité touristique incessamment. La tutelle et l’ensemble des intervenants travaillent sur 3 thématiques majeures. Il s’agit en premier de la mobilité, à savoir les conditions d’accès, les offres aériennes et la sécurité du trajet du voyage.
La deuxième thématique consiste à rétablir la confiance des voyageurs en mettant en place un dispositif sanitaire performant non seulement dans les infrastructures aéroportuaires et établissements d’hébergement mais également dans l’ensemble de l’écosystème voyage (hôtels, restaurants, etc.).
A cet effet, le ministère a entamé une démarche constructive avec les régions et les autorités régionales pour trouver des solutions locales qui permettront à chaque territoire d’accueillir ses visiteurs dans les meilleures conditions. Le dernier axe d’intervention n’est tout autre que la compétitivité. L’idée étant de reconquérir les parts de marché en mettant en valeur le produit marocain et en faisant preuve de flexibilité.
Il est à noter que la pandémie est venue ralentir la trajectoire touristique du Maroc ayant accueilli en 2019 plus de 13 millions de touristes. Les indicateurs actuels font ressortir une baisse de 77% des arrivées touristiques. Les établissements d’hébergement classés affichent des nuitées en repli de 67% et un taux d’occupation global ne dépassant pas les 13%.

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