Les mesures de sauvegarde en faveur de l’industrie céramique viennent d’expirer. Entrée en vigueur le 24 janvier 2005, ce plan axé autour de la déclaration préalable à l’importation, devait couvrir la période pendant laquelle le ministère de tutelle menait son enquête sur l’impact des importations sur la production locale.
Finalisé depuis le mois d’août, le rapport du département du Commerce et de l’Industrie dresse un diagnostic sévère.
Partant du fait que le secteur subit un préjudice grave à cause des importations massives, le ministère a mis en place un plan de sauvegarde d’une durée de quatre ans.
L’une des dispositions phares de ce texte concerne l’application de droits de douane additionnels sur certaines importations. Les taux seront dégressifs sur quatre ans, passant de 1,5 dirham par kilogramme la première année, à 1,25 puis à 0,75 la dernière année.
Reste à savoir quand ce train de mesures entrera en application. Le communiqué de l’APIC, l’association regroupant les producteurs du secteur, publié le 11 octobre 2005, soit à quelques jours de la fin des neufs mois couvrant la période provisoire, est venu rappeler les réalités du secteur. Une industrie qui subit les contre coups des «importations massives de toute origine, entre autres des produits de bas de gamme de qualité médiocre ne répondant pas aux normes marocaines, dont l’application est rendue obligatoire depuis novembre 2005», explique l’APIC.
Certains produits importés de la Chine et de l’Espagne (deux géants qui produisent environ la moitié de la production mondiale en céramique) sont jugés responsables de la crise que traverse le secteur. Pour l’APIC, ces deux pays se débarrassent de leur stock suite à la crise qui a sévi, en pratiquant des prix qui n’ont rien à voir avec le coût réel de la production. Il s’agit aux yeux des opérateurs marocains d’ «une nouvelle forme de dumping, faite parfois autour de pratiques illégales (sous facturation, contrebande, fausses déclarations sur le produit…). Bref, les 20 000 emplois que revendique l’industrie marocaine de la céramique sont menacés.
Avec quelques 4 200 salariés pour une vingtaine d’entreprises, la branche carreaux est particulièrement touchée. A tous ces problèmes, explique Fouad Benzakour, directeur général de Super Cerame et membre actif de l’APIC, s’ajoute celui du facteur énergie représentant 30 à 40% des coûts du secteur. «Les coûts sont prohibitifs, à cause entre autres de l’utilisation du GPL au lieu du gaz naturel». Ce facteur énergie thermique est 40 fois plus cher qu’en Egypte. Les professionnels marocains préconisent le passage au gaz naturel comme source énergétique. Une reconversion qui permettra la réduction des coûts de productions. Outre ces deux problèmes de coûts et de concurrence déloyale, le secteur pâtit aussi de problèmes qui lui sont propres (mise à niveau, insuffisance de la concurrence sur certaines branches), comme l’avait d’ailleurs révélé une étude ultérieure, réalisée en 2003.