Economie

Transport aérien : Ryanair risque de chuter à cause du pétrole

La compagnie irlandaise à bas coût Ryanair a prévenu lundi que le pétrole cher risquait de la conduire à une perte cette année, tout en assurant que sa maîtrise toujours plus spartiate des coûts lui permettrait de sortir mieux que d’autres de la tourmente du pétrole cher. Ryanair a annoncé lundi une chute de 85% de son bénéfice au premier trimestre achevé en juin, et elle a prévenu qu’au lieu de l’équilibre des comptes qu’elle espérait pour cette année, elle entrevoyait désormais un résultat compris «entre l’équilibre et une perte de 60 millions d’euros». Le trafic a augmenté ce printemps, mais Ryanair paie lourdement la facture pétrolière, d’autant qu’elle a toujours refusé de pratiquer des surtaxes carburant comme les grosses compagnies.
Elle préfère taxer les bagages en soute et désormais même l’enregistrement, quitte à exaspérer le voyageur, tout en pratiquant des baisses de coûts qu’elle qualifie elle-même « d’agressives », des gels de salaires et des suppressions d’emplois. Le directeur général Michael O’Leary a estimé que «les prix du pétrole restent soumis à une exubérance irrationnelle» même s’ils baissent actuellement. Il pense que «130 dollars le baril n’est pas un prix soutenable à moyen terme», mais avoue ne pas savoir «quand les prix vont descendre». Il a redit lundi que Ryanair n’appliquerait «jamais» de surtaxe carburant. En revanche le groupe se propose d’augmenter ses revenus en faisant payer les clients pour téléphoner à bord et en testant cet hiver des vols entièrement sans bagage en soute, ce qui permettrait de supprimer à la fois le personnel d’enregistrement et les bagagistes sur ces vols.
Ryanair n’admet qu’un seul bagage en cabine, sans exception pour les sacs à main ou les ordinateurs, dans une limite de 10 kilos. Assumant sa «politique de prix à la baisse au moment où la plupart des concurrents espèrent relever les tarifs et les surcharges carburant», M. O’Leary a rappelé que «l’industrie aérienne est cyclique», et s’est dit persuadé que «la phase descendante actuelle procurera des opportunités de croissance énormes pour les compagnies fortes et bien financées comme Ryanair». Le patron a jugé que «faillites et consolidation sont inévitables» avec des prix du pétrole à un niveau aussi élevé. Un avis que Willie Walsh, le patron de British Airways, a déjà énoncé aussi. Le nouveau patron de l’australienne Qantas, Alan Joyce, a prédit aussi des consolidations lundi. Les trois petites compagnies de niche qui s’étaient lancées dans les New York-Paris tout-classe affaires à coût modéré ont toutes fait faillite récemment. En revanche sur le même créneau de niche Paris-New York, la française L’Avion vient d’être rachetée par British Airways, pour compléter l’offre de sa toute nouvelle filiale Open Skies, qui a annoncé lundi le lancement d’un Amsterdam-New York pour octobre. Malgré l’assurance du patron, les analystes étaient inquiets pour Ryanair lundi. Collins Stewart l’accusait de s’être mise «directement sur le chemin de la tempête économique» en favorisant une demande «très tournée vers les vacances courtes, hautement facultatives». Deutsche Bank jugeait qu’elle était «l’architecte de sa propre baisse de bénéfice en continuant à vouloir augmenter sa capacité dans un environnement économique faible». La compagnie trouvait grâce cependant aux yeux du cabinet Davy Research qui jugeait qu’elle avait «le modèle d’activité et le bilan les plus solides pour soutenir le retournement du cycle économique et en profiter».

Odile Duperry (AFP)

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