Le P-DG, Jacques Gounon, estime avoir de "bonnes chances" pour Eurotunnel de trouver un accord sur la dette de 9 milliards d’euros à la mi-mai 2006, s’il obtient de ses créanciers un nouveau délai, dit de «waiver», pour renégocier sa dette jusqu’au 12 juillet, comme il l’espère. Cette nouvelle étape permettrait "pour la première fois, de regrouper l’ensemble des créanciers afin d’aboutir à un plan de restructuration financière consensuelle", ajoute le groupe. Pour ce faire, Eurotunnel n’a pas hésité à mettre la pression sur les créanciers, en ne publiant pas les comptes 2005, comme attendu mercredi. "Dans l’attente des résultats des négociations qui vont s’engager, le conseil (d’administration, ndlr), considère qu’il est dans l’impossibilité de se prononcer sur la continuité de l’exploitation. Dès lors, le conseil reporte la date d’arrêté des comptes", selon un communiqué du groupe, qui ne publie que des données non auditées sur son exploitation.
"Si je décide de nous mettre la pression, c’est que j’ai la conviction forte qu’on peut arriver très vite à un accord avec toutes les parties", a déclaré à la presse M. Gounon. "La non-publication des comptes est un signal fort (aux créanciers, ndlr), on a la possibilité de conclure les négociations, je ne vois pas l’utilité de traîner, nous ne voulons pas nous engager dans un processus où la prochaine échéance serait le 31 décembre 2006", a-t-il ajouté. En dépit du black-out sur les comptes, Eurotunnel semble être une entreprise rentable, "sur la base de la valeur des actifs à fin 2004, le résultat opérationnel courant serait de 230 millions d’euros, en hausse de 19%", selon le groupe. Le P-DG a déclaré que la perte du groupe aurait été d’"un peu plus de 300 millions d’euros contre une perte de 836 millions en 2004", si les résultats avaient été publiés. Mais "l’amélioration sensible des résultats opérationnels attendue sera insuffisante pour faire face aux remboursements programmés de la dette en 2007", estime le groupe. "Eurotunnel a réalisé en 2005 une réorganisation profonde permettant d’améliorer substantiellement son exploitation.
Mais au-delà de cette dynamique positive, la pérennité de l’entreprise ne peut être assurée en 2007 que par une restructuration financière globale", a déclaré le P-DG d’Eurotunnel.