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Un encours de 8 milliards DH de microcrédits à fin juillet 2021

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Entretien avec Naima Sahil, directrice du Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire

Malgré le coup encaissé en 2020, la microfinance retrouve son rythme. La dynamique positive observée depuis le début de l’année insuffle un brin d’optimisme dans le secteur. Maillon phare de cet écosystème, le Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire (CMS) réadapte ses process pour apporter un accompagnement ajusté aux bénéficiaires dans ce contexte de sortie de crise. Dans ce sens, Naima Sahil, directrice du CMS, livre sa lecture de la conjoncture et débat des orientations du centre à moyen terme.

ALM : Quelle lecture faites-vous de la dynamique actuelle de la microfinance au Maroc ?

Naima Sahil : On peut effectivement parler de dynamique de la microfinance au Maroc, après une année 2020 très difficile, marquée par la genèse et le développement de la pandémie mondiale du coronavirus, dans notre pays. En effet, de fin janvier à fin juillet 2021, on relève un trend haussier tant pour le nombre de clients actifs (899.019 : +2,9 %) que pour l’encours de prêts accordés (8,075 milliards DH, soit +4,12%) et cette tendance persistera probablement jusqu’à fin décembre 2021. En cette fin de septembre 2021, disons que la microfinance marocaine est sortie, dans une certaine mesure, de l’impasse dans laquelle elle se trouvait en 2020, mais de toute façon, nous sommes convaincus que, tôt ou tard, la parenthèse du coronavirus sera fermée avec les efforts inlassables et le professionnalisme réputé des opérateurs et des différents intervenants dans la microfinance au Maroc.

Quelle place occupe la microfinance solidaire dans cette sphère ?

Dans la sphère actuelle d’évolution de la microfinance marocaine dans le contexte de la Covid-19, nous voudrions rappeler que la solidarité définit ce secteur et davantage, dès l’apparition de cette pandémie. Ainsi, les Associations marocaines de microcrédit (AMC) ont été appelées, en 2020, à distribuer des aides financières directes destinées aux ménages démunis, servies par le Fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus. Elles ont aussi reporté des remboursements d’échéances pour les clients qui le demandaient. Les agents de terrain des AMC sont, pour leur part, mobilisés auprès des clients pour faire le point sur leur situation et leur proposer les solutions les mieux adaptées à leurs besoins. A cela s’ajoute la mise en place d’un fonds de garantie au profit des AMC pour la couverture des niveaux de risque atteints dans leurs métiers. Tous ces éléments attestent bel et bien d’une microfinance exclusivement solidaire.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur les actions du Centre et comment vous êtes-vous adaptés à ce contexte ?

La crise a tout particulièrement changé nos manières de réaliser les missions qui nous incombent, à savoir la formation du personnel et des bénéficiaires des produits et services des AMC, la promotion de la micro-entreprise et l’appui à la commercialisation de ses produits et services, et le développement de l’Observatoire national de la microfinance. Ainsi, au début de la crise sanitaire dans notre pays, en 2020, nous avons privilégié le travail à distance, nous avons réadapté nos plans de formation et d’accompagnement pour répondre efficacement aux besoins exprimés aussi bien par les associations que par leurs clients. Nous estimons que nous avons relevé ce challenge. La preuve : nous avons dépassé nos objectifs en termes de formation et conseil.

Quel bilan faites-vous des interventions du Centre au titre de l’année 2020, notamment en termes d’appui et d’accompagnement ?

En raison de la crise de Covid-19, nos interventions, en 2020, en termes d’appui et d’accompagnement, présentent un bilan positif. Elles n’ont pas pu concerner, malheureusement, des espaces d’exposition-vente au profit des micro-entrepreneurs tels que ceux prévus des Rencontres régionales du micro-entrepreneur (RRME) du CMS, de la 36ème édition de la Foire commerciale de Ramadan à Casablanca, de la 9ème édition du Salon national de l’économie sociale et solidaire (ECOSS) à Beni Mellal ou encore de la 15ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) à Meknès. Elles ont plutôt concerné les préparatifs pour la tenue des cérémonies de remise des Prix des 7ème et 8ème éditions du Prix national du micro-entrepreneur (PNME), tout comme elles ont pris la forme de participations du CMS aux programmes suivants : Programme «Min Ajliki» de l’Association belge pour la promotion de l’éducation et de la formation à l’étranger (l’APEFE) ; Programme «Moazara» du ministère du tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale d’accompagnement de ses partenaires ; Programme de la Fondation Mohammed V pour la solidarité, du CMS et de la Région Casablanca-Settat de promotion des micro-activités économiques par le microcrédit ; et Programme national de la Fondation CDG, du CMS, de la FNAM et du Fonds Jaïda d’appui aux activités génératrices de revenus.

Comment se décline votre plan d’action pour cette sortie de crise ?

Nous avons élaboré un plan de développement à moyen terme. Il est décliné en un ensemble d’actions pointues, récurrentes et nouvelles, pour l’ensemble des pôles d’intervention du CMS. Un des constats dégagés en cette période de pandémie et suite aux deux enquêtes réalisées par le CMS, est que le digital doit constituer un axe majeur dans notre plan de sortie de crise. A cet effet, nous avons déjà entamé des actions et nous comptons mener une action d’envergure. Nous devons aussi, dans le cadre de la loi 50-20 réformant le microcrédit, adapter les offres de service du CMS aux attentes du secteur.

Quelles sont les actions sur lesquelles vous comptez capitaliser et quelles sont vos nouvelles orientations dans ce sens ?

Pour le volet «Formation», nous continuerons à capitaliser sur les formations à l’adresse du personnel des AMC et des micro-entrepreneurs, qui ont touché un cumul de plus de 70.000 bénéficiaires à fin 2020. En termes de nouvelles orientations, un intérêt sera accordé aux coopératives, aux TPE et à la digitalisation. Pour le volet «Appui & Accompagnement», le CMS capitalisera, entre autres, sur ses Rencontres régionales du micro-entrepreneur, ses contributions pour la participation de micro-entrepreneurs dans différentes manifestations nationales et internationales, ainsi que sur ses participations aux différents programmes de ses partenaires.

Pour les nouvelles orientations, elles auront trait à l’organisation annuelle d’une Rencontre nationale du micro-entrepreneur, à la mise à disposition d’espaces de commercialisation dans les grandes surfaces (malls, etc.) et à la facilitation et l’accompagnement des bénéficiaires du microcrédit dans la digitalisation de leurs activités. S’agissant du volet «Observatoire», on capitalisera notamment sur les différentes études, enquêtes et rapports élaborés, et en termes de nouvelles orientations, on jouera notre rôle de veille sectorielle en dotant le secteur d’informations pertinentes et proactives lui permettant de mieux se projeter.

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