L’année agricole 2004 -2005 est "difficile" mais pas "catastrophique". C’est en gros le message que Mohand Laenser a exposé, jeudi 12 mai 2005, devant le Conseil de gouvernement. Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes confirme néanmoins une baisse de 40% de la récolte de l’actuelle campagne. Le Maroc a connu des années beaucoup plus dures, notamment en 1995 et 1999, rappelle le ministre, dans une interview publiée par la MAP, vendredi. Secteur le plus éprouvé, les céréales représentent 30% de l’ensemble de la production agricole du pays. L’agriculture, objet de plusieurs questions orales, mardi et mercredi, dans les deux Chambres, était le principal menu lors de ce Conseil.
Plusieurs mesures ont été annoncées. L’abandon de l’encours de la dette de 100 000 petits agriculteurs fait partie des grandes lignes. Coût estimé de cette action directe, 3 milliards de dirhams financés par le Crédit Agricole à hauteur de 2/3 et l’Etat pour le tiers restant. Ainsi, malgré son changement de statut, le Crédit Agricole demeure indispensable dans son rôle d’établissement bancaire au service de l’agriculture. Le CAM devra, selon les propos du ministre de tutelle, traiter les dossiers liés à la sécheresse en apportant des solutions adéquates et se pencher sur la prochaine campagne. Véritable plan d’urgence, le programme prévoit aussi, des solutions concrètes comme l’abandon des intérêts de retard et des pénalités au profit des agriculteurs actifs victimes des mauvaises conditions climatiques.
Solution sans doute plus structurelle, la mise en place d’une ligne de financement de 3 milliards de dirhams pour la culture de l’olivier, et de 1 milliard pour d’autres cultures plus adaptées. L’olivier fait partie, avec le caroubier, les plantes médicinales, les épices et les cultures bio, des produits de substitution par rapport aux céréales.
Dans ce sens, le programme prévoit des crédits spécialisés pour les agriculteurs qui voudraient reconvertir les terres destinées aux cultures céréalières.
Des lignes de financement pour l’investissement dans des activités clés comme l’irrigation et la mécanisation sont aussi à l’étude. Une nouvelle forme de crédit Revolving sur 5 ans est envisagée. Ce système de prêt a un fonctionnement simple : l’agriculteur surseoit aux remboursements au cas où l’année est mauvaise, tout en gardant en vue le délais maximum de cinq ans pour rembourser sa dette. Autre mesure prise dans ce chantier, le «Dar El Fellah», une structure destinée à encadrer d’ici les cinq années à venir 350 000 agriculteurs dans la création et le développement de leurs entreprises. L’organisme aura pour mission d’orientation et d’aide des agriculteurs dans le choix des projets rentables. En outre, annonce le ministre , des prêts seront accordés aux jeunes diplômés et aux personnes ayant opté pour le départ volontaire de la fonction publique qui s’intéressent au secteur agricole.