EconomieSpécialUne

Un retard est à rattraper dans la publicité digitale

© D.R

Entretien avec Omar Kadiri, directeur général adjoint stratégie- D1Social

[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]

La publicité au Maroc a été depuis des décennies informative et maintenant avec la domination du smartphone et des réseaux sociaux, elle est devenue incitative et engageante. Le revers de cette interactivité est qu’elle contribue à donner beaucoup plus de pouvoir au consommateur.

[/box]

ALM : Vous dirigez une agence de publicité digitale. Sur quoi repose ce concept ?

Omar Kadiri : Nous avons la chance de vivre une impressionnante période de croissance à D1 Social grâce à la considération et à la confiance de prestigieux et importants annonceurs sur le marché. Mais cela n’est que le haut de l’iceberg car le moteur se trouve en-dessous : c’est la formidable équipe de talents qui fait avancer cette agence. Notre agence se veut comme un espace intégré et complet sur le digital au service de nos partenaires. Une stratégie digitale doit s’articuler aujourd’hui autour de plusieurs maillons essentiels pour pouvoir être pertinente et efficace. C’est pour cette raison que nous proposons des services couvrant l’intégralité de cette chaîne de valeur sur le digital, à savoir : le conseil en stratégie digitale, la création de concepts, la production de contenus, le développement de solutions techniques (plateformes web, applications mobiles…), l’achat média ainsi que la veille/ e-réputation.

Comment accompagnez-vous votre client ?

Nous avons chez D1 Social une équation qui résume à elle seule notre conviction et notre force : Data+ créativité + culture = croissance. Tout commence donc par un diagnostic de la problématique vécue par notre partenaire. C’est ici que l’analyse data va jouer un rôle fondamental. Par la suite, nous définissons une stratégie de conquête qui va venir se matérialiser sous forme de concepts créatifs et artistiques. Ensuite va venir s’ajouter notre ingrédient secret : être en accord avec la société marocaine afin de comprendre nos cibles dans leurs essences et leurs aspirations car notre objectif crucial est de toucher les gens et de leur faire partager des émotions.

Observez-vous une prise de conscience de la part des entreprises marocaines à vouloir mieux se positionner et soigner leur image sur le digital ?

Les entreprises marocaines commencent à saisir le changement du paradigme de communication auquel elles doivent faire face avec le digital. En effet, la publicité au Maroc a été depuis des décennies informative et maintenant avec la domination du smartphone et des réseaux sociaux, elle est devenue incitative et engageante. Le revers de cette interactivité est qu’elle contribue à donner beaucoup plus de pouvoir au consommateur. Nous sommes entrés dans l’ère du «Consom’acteur». Il devient donc plus important que jamais pour une entreprise marocaine d’assurer sa présence effective sur le digital afin d’écouter pour mieux comprendre ses consommateurs, leurs attentes, leurs préoccupations et ainsi améliorer son image de marque et surtout sa perception. L’apport du digital pour les entreprises marocaines en tant que marques est infini surtout dans un contexte international qui pousse la compétitivité à son paroxysme.

Quelle lecture faites-vous de la transformation digitale qui s’opère dans le secteur de la communication ?

Malgré cette prise de conscience de l’importance du digital, il faut se rendre à l’évidence d’un constat clair et factuel : le Maroc est encore en retard même d’un point de vue région MENA, en ce qui concerne le poids accordé à la publicité digitale. Sur les environ 6 milliards de dirhams d’investissements publicitaires annuels globaux, le digital ne détient même pas 10% de cette enveloppe. Alors que nous sommes tous conscients de la prédominance du digital en termes de consommation média quotidienne des Marocains. Cette large décorrélation entre split des investissements média par canal VS consommation média de ces canaux par les Marocains témoigne clairement de tout le potentiel de cet élan de la digitalisation sur le secteur de la publicité. D’un point de vue création publicitaire, cette transformation digitale est une aubaine pour notre activité au Maroc. Elle apporte deux bénéfices. Elle permet l’émergence d’une nouvelle génération de publicitaires qui viennent dépoussiérer un secteur qui s’était trop longuement reposé sur un confort atrophiant. De même, elle remet le consommateur au centre de l’équation publicitaire en s’efforçant de capter son attention par la qualité des idées et la force du storytelling.

Comment la transformation digitale devrait-elle servir les métiers de la com’ ?

Avec le digital, l’ensemble des métiers de la communication et du marketing se transforment et s’unifient, la data devient le nouveau nerf de la guerre à tous les niveaux, de la stratégie aux opérations. Pour la création publicitaire, cette data est finalement une synthèse de la symbiose opérée avec la cible touchée. Ainsi, le digital permet de personnaliser des campagnes selon les cibles visées mais aussi de pouvoir affiner et réadapter certains messages en temps réel. Aussi, le « phygital », ces ponts entre digital et réel seront de plus en plus importants. Utiliser des plateformes, des conversations et des points de connexion entre la marque et les consommateurs dans la vraie vie vont devenir de véritables enjeux intéressants. Pour la première fois, les métiers de la com’ auront enfin l’occasion de prouver et démontrer le retour sur investissement de leurs dispositifs pour les marques. En effet, grâce au e-commerce et bientôt grâce à la démocratisation du paiement mobile, le digital permettra de révéler une corrélation nette et précise entre exposition publicitaire et transformation en acte d’achat.

Au Maroc de nouveaux métiers commencent à émerger suite à cette transition digitale. Quelle évaluation faites-vous de cette tendance ?

Tout à fait, la sphère digitale est devenue le grand espace d’expression des Marocains. Ces nouveaux métiers remettent la notion d’égalité sur la table, nul besoin d’être riche, célèbre ou introduit, tout ce dont vous avez besoin est un smartphone et une connexion internet pour exposer votre talent au monde. La seule et unique exigence pour votre succès est de trouver l’appréciation du public visé.  Cette tendance de l’influence est en plein essor dans le monde avec un marché estimé entre 5 et 10 milliards de dollars d’ici 2020 d’après l’agence internationale Mediakix. Et les marques ont bien raison d’investir et de croire en l’influence car selon le rapport «The 2018 State of Branding» de Bynder et OnBrand, 74% des internautes estiment être guidés par les réseaux sociaux dans leurs décisions d’achat et 83% d’entre eux affirment être influencés par les recommandations de personnes qu’ils suivent et auxquelles ils font confiance sur Internet. D’où notre vision à D1 Social de s’entourer des meilleurs talents extra-publicitaires en s’adossant à d’autres scènes créatives telles que la musique, le design, l’art contemporain, le cinéma… Pour nous, une agence doit être un centre actif au milieu de nouvelles planètes créatives elles-mêmes en évolution permanente. Car finalement comme pour toute chose, « l’art de la réussite consiste à savoir s’entourer des meilleurs».

Articles similaires

SociétéUne

Alerte météorologique: l’ADM appelle à la vigilance sur l’axe autoroutier Meknès-Oujda

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a appelé les usagers...

SociétéSpécialUne

Plus de 28.000 nouveaux inscrits en 2022-2023 : De plus en plus d’étudiants dans le privé

L’enseignement supérieur privé au Maroc attire des milliers de jeunes chaque année.

SociétéSpécial

Enseignement supérieur privé : CDG Invest entre dans le capital du Groupe Atlantique

CDG Invest a réalisé une prise de participation de 20% via son...

SociétéUne

Enseignement supérieur: La réforme en marche

Le digital occupe une place de taille dans la nouvelle réforme du...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux