Economie

Une entreprise dans la tourmente

© D.R

Christophe Curutchet et sa trentaine d’employés sont aux abois. Ce directeur général d’une filiale du groupe STE au Maroc, qui dispose d’un magasin sous-douane et d’un bon carnet de gros clients comme l’usine Thomson à Bouskoura (Casablanca), est en quelque sorte aujourd’hui en sursis.
Tout a commencé le 16 février 2005. Ce jour-là, dans l’après-midi, l’une des semi-remorques de l’entreprise devait effectuer un chargement à Salé. Une opération en apparence simple mais complexe par le nombre d’acteurs qui s’y croisent. La semi-remorque en question appartient à STE Méditerranée. Le chauffeur, un habitué de l’entreprise depuis cinq ans, jouissant lui aussi d’une bonne réputation, aux dires de son employeur, travaille à la société de traction dénommée Transalmo. Quant à la marchandise, d’une valeur totale de 65 000 dirhams d’après les factures , elle appartient à un certain Abdelkader Daoudi, citoyen maroco-belge, vivant dans son pays d’accueil.
Le contact entre le propriétaire de la marchandise et le transporteur s’est fait comme d’habitude à travers un transitaire. Il s’agit de la société Somamaf, société marocaine de transit, basée à Kénitra et forte de 20 ans d’expérience.
Rien d’exceptionnel jusque-là. N’appartenant pas à STE Maroc, le site entre dans la catégorie des «sites non maîtrisés», selon le jargon du métier. En conséquence et par mesure de prudence, STE demande et obtient à ce que l’opération soit supervisée par la douane. Commence alors les procédures. Le chauffeur ouvre sa remorque vide, en présence de l’agent de la douane. Celui-ci effectue un contrôle de routine. Rien d’anormal. Le chargement peut commencer. Au beau milieu de l’opération, le chauffeur exige le contrôle de la marchandise. Là, surprise. Dans un colis de zellige, le douanier découvre 70 kilos de résine de cannabis (haschich). Premier geste du chauffeur, appeler le service commercial du transporteur. Contacté, Rachid Drissi, le commercial, qui a démarché la marchandise, décide d’alerter son directeur général. Décision est prise aussitôt par celui-ci de stopper le chargement et de vider la semi-remorque pour permettre aux autorités de faire leur travail. Entre-temps, l’inspection des douanes avait alerté les services compétents notamment la Police judiciaire de Salé.
En bon commercial attaché au chiffre d’affaires et afin que la police ne bloque pas le matériel et le chauffeur, Rachid Drissi décide de se rendre au commissariat de la Police judiciaire de Salé. Sur place, le commercial subit l’interrogatoire de routine pour l’établissement d’un procès-verbal. Et comme prévu dans les procédures, la Police judiciaire informe directement le Procureur, lequel décide de placer tout le monde en garde à vue pour complément d’enquête. Rachid Drissi sera rejoint dans la prison par le chauffeur de la semi-remorque, Mohamed Loutfi, l’agent déclarant en douane de la société transitaire, le commis du propriétaire de la marchandise et le propriétaire du dépôt. Quarante-huit heures après la garde à vue, les mis en cause sont présentés à huis clos devant le tribunal de première instance de Salé en présence de leurs avocats.
Sur demande de l’avocat du bras droit du propriétaire de la marchandise, l’affaire est ajournée d’une semaine pour «étude de dossier ». Pour leur part, les avocats du transitaire et du transporteur demandent une liberté provisoire, arguant que le dossier du tribunal est “vide” à l’encontre de leurs clients. La requête est rejetée. Le refus de la liberté provisoire sera confirmé à la date du 24 février par la Cour d’appel.
C’est le retour à la case de départ. Mais le 28 février, au Tribunal de première instance de Salé, le nouvel avocat commis par le bras droit du propriétaire de marchandise demande un report d’une semaine pour «étude de dossier ».
Restant sur leur ligne de défense, les avocats du transporteur et du transitaire refont une demande de liberté provisoire. Nouveau refus du juge. Il faut dire que les nombreux chefs d’accusation, dont «la mise en disposition de matériel dans le but de trafic de drogue international» sont lourds. D’ailleurs, les avocats de la défense estiment que le procureur ne se base pas sur les faits mais seulement sur les accusations.
Une nouvelle fois, début mars, l’appel aboutira au refus de la liberté provisoire. Le dernier épisode de ce dossier devait intervenir hier, au Tribunal de première instance. Le directeur de STE Méditerranée, convaincu de l’innocence de ses employés, attendait cette séance avec beaucoup d’appréhension.
Fatigué de battre le pavé depuis le commencement de l’affaire, M. Curutchet y croit de moins en moins. «L’affaire “Jeblia” qui plane encore à Salé nous porte préjudice», déclare-t-il, en exhibant le communiqué de soutien de l’Association marocaine des transporteurs routiers internationaux (AMTRI), laquelle association fait état d’une autre affaire similaire concernant cette fois-ci, une société espagnole basée à Tanger. Apparemment, le transport international de marchandises est le métier de tous les risques.

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