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Une étude de la FICC en dévoile les limites et le potentiel : Vers le sursaut des industries créatives et culturelles au Maroc

© D.R

En plus de représenter une source de richesse inestimable, la culture est l’un des piliers du soft power. «Les pays qui ont misé sur les industries culturelles et créatives en voient le résultat.

Au Maroc, le nouveau modèle de développement a fait de la culture un axe essentiel du développement du capital humain, du développement économique et social du pays et des territoires», affirme Chakib Alj, président de la CGEM, lors de la conférence de presse hybride organisée par la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC) de la CGEM et la Délégation Wallonie Bruxelles au Maroc le 25 janvier 2022 pour la présentation des conclusions d’une étude exhaustive intitulée «Quelles transformations pour les industries culturelles et créatives au Maroc ?».

Ce document de référence s’est focalisé sur 4 filières du secteur des industries culturelles et créatives, à savoir l’édition, les arts de scène, les musiques actuelles et l’audiovisuel. Cette étude menée à travers 122 entrevues individuelles, 5 focus groupes et des questionnaires en ligne présente une feuille de route et un outil d’aides à penser la transformation des industries culturelles et créatives au Maroc. Pour Naila Tazi, présidente de la FICC, «la culture ne doit plus être une variable d’ajustement. Elle doit être un pilier de notre développement».

La présidente de la FICC souligne que cette étude intervient à un moment clé pour le Maroc où l’intérêt pour les industries créatives et culturelles est grandissant. Elle a également tenu à rappeler que le ministère de tutelle travaille actuellement sur une étude d’envergure qui permettra de guider des choix sur le plan économique et budgétaire en lien avec le secteur. En termes de chiffres, il est utile de rappeler que cette activité est prédominée par les TPE-PME. Elle compte 25% d’entreprises individuelles et 55% emploient de 1 à 9 personnes. 20% de ses entreprises réalisent un chiffre d’affaires de plus de 2 millions de dirhams par an et 37% génèrent moins de 700.000 DH par an.

Edition, un marché à la professionnalisation peu avancée

C’est un marché à la professionnalisation peu avancée avec quelques gros acteurs en concentration verticale. Il se caractérise par une faible régulation. Dans ce domaine, l’étude dévoile un écart entre les chiffres d’infrastructures affichés, leur degré de fonctionnement, très faible du reste, et les réalités vécues sur le terrain par les professionnels. Quoiqu’ayant une production légèrement en progression (3.200 titres par an), les capacités de diffusion interne et de rayonnement international de la filière du livre et de l’édition restent bien en deçà de celles d’autres pays arabes. Il en ressort aussi qu’il y a un fossé énorme entre le parc existant en termes d’organisations et structures, le volume de productions en circulation et d’échanges sur les livres, et plus important encore, la place du livre dans la vie publique des Marocains. Le Maroc compte théoriquement 640 bibliothèques, toutes catégories confondues, dont 350 officiellement gérées par le ministère de la culture et 750 librairies/papeteries/points de vente. 51% des bibliothèques gérées par le ministère de la culture ne comptent qu’une vingtaine qui sont opérationnelles. Concernant le livre numérique, il demeure une option très faiblement envisagée. D’autres usages qui ouvrent de nouvelles voies sont proposés comme le recours à la fabrication simultanée du même livre à partir d’un fichier PDF commun, le développement de catalogues internationaux en ligne par les distributeurs et librairies locaux permettant une diffusion assistée et maîtrisée de la demande. A noter que l’édition compte environ 504 imprimeries et près de 50 librairies.

Le marché de la musique tiré par la consommation et faiblement règlementé

Au Maroc, le marché de la musique est de très petite taille et fragmenté. «Y coexistent plusieurs circuits de diffusion, chacun fonctionnant avec son propre réseau d’acteurs et son propre catalogue d’artistes. La crise sanitaire a affecté financièrement des acteurs déjà fragiles, notamment ceux dont le modèle de revenus se base principalement sur les ventes de services et la billetterie», relève ladite étude ajoutant par ailleurs que l’offre musicale est en constante augmentation du fait de la démocratisation des modes de production.

En termes de gouvernance, l’étude note un besoin urgent de réformes de droits d’auteurs et droits voisins. A cela s’ajoute le numérique qui a profondément changé les règles du jeu de cette industrie. Ainsi, une demande de prise en charge de la question numérique au niveau législatif se fait sentir. Si à l’international, les plateformes de streaming ont permis une distribution des revenus plus équitable entre artistes, dans le cas du Maroc les chiffres des revenus du streaming ne sont pas disponibles, tout comme le pourcentage que représente le streaming dans le chiffre d’affaires global de la musique enregistrée.

«A quelques exceptions près, les artistes marocains se situent en dehors du peloton de tête et sont loin de tirer un large profit des effets directs ou indirects de la distribution digitale», indique l’étude. Pour ce qui est de l’offre de formation aux métiers de la musique, elle demeure faible et insuffisante. «À défaut de centre de formation dédié aux métiers de la musique live (exemples : régisseur, technicien son et lumière, scénographe événementiel, tourneur, etc.), la pratique de l’apprentissage par l’expérience mimétique (ou auto-formation) est largement répandue», souligne la même source.

Les arts de la scène en mal de structuration

Les arts de la scène au Maroc comptent plusieurs défaillances structurelles. Toutefois, ils disposent de diverses ouvertures d’amélioration. Ces activités nécessitent une meilleure valorisation et le renforcement des équipements dédiés aux performances des artistes. «Par rapport aux publics, un nombre très restreint de Marocains accède aux spectacles de théâtre (10,2%), de cirque (10%), de danse (7,2%) et d’humour (6,1%) par défaut de régularité de visite des équipements culturels.

Alors qu’ils sont plus investis à suivre des spectacles de rue (17,4%) et dont certains artistes ont commencé à performer dans l’espace public pour aller à la rencontre de leurs spectateurs», expliquent les réalisateurs de cette étude. Sur le plan législatif, le Dahir n° 1-58-377 relatif aux rassemblements publics «ne facilite pas l’accès aux artistes et aux troupes pour présenter leurs créations dans la rue, puisque le législateur ne fait aucune distinction – dans la présente loi – entre manifestations politiques, syndicales et artistiques et exige des procédures administratives ardues et restrictives», précise la même source. Pour rappel, le Maroc dispose de plus de 30 salles de spectacles privées et indépendantes et 3 chapiteaux de cirque.

Libéralisation, participation et hybridation : Le triple enjeu de l’audiovisuel

L’audiovisuel fait face à trois défis, à savoir la libéralisation, la participation et l’hybridation. L’étude du FICC rappelle qu’en mai 2021, une nouvelle concentration du marché a été annoncée avec une nouvelle stratégie de regroupement des principales entreprises de la filière – à savoir SNRT, Soread 2M et MEDI1 TV – au sein d’une seule et même holding. Les limites de l’audiovisuel «retardent l’hybridation et le passage de l’audiovisuel au transmedia avec tout ce que cela comporte comme synergies et vases communicants entre cinéma, télévision et industries numériques.

Si le cloisonnement entre cinéma et télévision, hérité de la tradition française, se traduit par un cloisonnement des circuits administratifs et des statuts des artistes et techniciens, il faut noter que chez les nouvelles générations l’hybridation des formes et des outlets est un fait pratiqué, vécu à travers les plateformes disponibles mais source d’incompréhension et de rejet eu égard aux structures existantes», rapporte l’étude. A noter que l’audiovisuel compte plus de 100 sociétés de production et sociétés de location de matériels.

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