ALM : Comment Pneu Amine s’est-il préparé à la suppression des barrières douanières, laquelle met apparemment en difficulté certains acteurs de la place ?
Khalid Moumni : En 2003, Nous avons élaboré un plan stratégique quinquennal pour nous préparer à l’échéance fatidique de 2008. A ce jour, nous sommes en train de respecter scrupuleusement notre plan qui prévoit d’ériger d’autres barrières à l’entrée. Aujourd’hui, notre principal atout est notre réseau de distribution qui compte 35 centres-autos en gestion directe. Nous œuvrons ainsi à améliorer constamment la qualité de nos prestations, tout en renforçant notre communication. Nous avons également procédé à la sélection des distributeurs les plus sérieux du marché pour évoluer ensemble dans le cadre de partenariats win-win.
Il y a trois ans, vous aviez frôlé la crise. Aujourd’hui, tout paraît à l’ordre. Quelle a été la recette ?
La culture de notre entreprise s’est fondée depuis 1986 autour d’un principe fondamental « L’ambition ne connaît pas de limite ». En fait, ce sont les hommes et femmes du Groupe Pneu Amine qui, de par leurs qualités humaines et professionnelles, ont hissé leur entreprise au rang de leader d’importation et de distribution de pneumatiques au Maroc. Nous croyons fermement qu’un individu peut faire et fait réellement la différence. Une grande partie du mérite revient aussi à nos partenaires tunisiens, qui au moment, où certains de nos compatriotes ne croyaient plus en nous, eux ont continué simplement à nous faire confiance. Nous avons mis les moyens et avons relevé notre défi.
Aujourd’hui, notre partenariat est un exemple de la réussite économique transmaghrébine.
Pensez-vous avec la suppression des barrières douanières qu’une industrie du pneu peut se développer au Maroc ?
Au stade actuel où le monde n’est plus qu’un « global village », tout est envisageable. Une industrie marocaine est parfaitement capable d’être compétitive à condition qu’elle investisse dans un appareil productif qui doit être à la pointe de la technologie. Preuve en est la nouvelle usine high tech de nos partenaires en Tunisie, dont nous avons été parmi les instigateurs les plus insistants pour concrétiser ce grand projet. Cette usine a nécessité un montant global dépassant 70 millions de dollars US, et aujourd’hui sa production est exportée dans plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient.
La menace asiatique sur le pneu est-elle aussi sérieuse ?
Plus d’une cinquantaine de marques circulent aujourd’hui au Maroc. Le marché est ouvert à condition que ce soient des professionnels du métier qui importent ces marques. Malheureusement, nous assistons à une flopée de marques chinoises ou indoues, qui sont introduites par des néophytes arrivistes incapables d’assurer un service après-vente ni une quelconque assistance technique. La qualité de ces produits est de facto compromise car non accompagnés des garanties nécessaires. Il faut savoir que les conditions de roulage au Maroc sont très difficiles vu notre climat chaud et l’état de nos infrastructures routières, sans parler du non respect des limites légales de charge et de vitesse. Seules quelques marques qui incorporent ces paramètres dans leur fabrication peuvent prétendre à des rendements kilométriques honorables, en toute sécurité. Ce n’est pas le cas des pneus «over aged» qui sont importés récemment par lots depuis certains pays du Golfe ou d’Europe, et sur lesquels nous voudrions attirer la vigilance de l’Administration des douanes marocaines.
Ces pneus sont interdits de circulation en Europe et aux Etats-Unis car ils ont dépassé leur date limite de stockage et représentent donc un grand danger sur routes. Il est inadmissible qu’on continue à importer des sources supplémentaires de danger et d’insécurité routière à notre pays.
Quel commentaire faites-vous quand on taxe les importateurs de pneus tunisiens au Maroc de faire du dumping ?
Nous sommes là pour gagner de l’argent et non pour vendre à perte. Par notre maîtrise du marché, nos tarifs sont étudiés de manière à offrir le meilleur rapport qualité/prix/service. Nous n’hésitons pas à répercuter nos avantages douaniers sur nos tarifs de vente. Nous écrasons ainsi nos marges pour maintenir l’achèvement des ventes via nos distributeurs professionnels qui sont nos vrais partenaires. Si nous avons vendu plus de 250.000 pneus en 2004 c’est bien grâce à la confiance que nous porte le consommateur final, nous nous faisons un devoir sacré de répondre au mieux à toutes ses exigences de qualité dans l’ensemble de notre réseau. Notre atout est d’anticiper le besoin du consommateur, nous ne nous contentons pas de répondre uniquement à sa demande. Nous innovons et sommes à l’affût d’une technologie de pointe.
Une délégation composée de 26 de nos distributeurs locaux, s’en est plus assurée et a confirmé, en visitant le week-end dernier les installations high-tech de la nouvelle usine du Pneu Amine All Steel en Tunisie.
SMT Pneu Amine exerce aujourd’hui dans des domaines annexes comme le dépannage. Que représente cette activité en termes de parts de marché ?
Le service pneumatique et para-mécanique en général est encore dominé par des milliers de petits garagistes traditionnels de quartier, qui offrent un service de proximité certes, mais archaïque et surtout approximatif. Cela met en danger des milliers de véhicules dont l’âge moyen dépasse les 13 ans. Cependant, il existe aussi plus de 300 centres pneumatiques équipés qui offrent un meilleur service. Notre réseau quant à lui se distingue par sa capacité à offrir une haute qualité de prestations standardisée sur les 28 villes où nous sommes présents, et grâce à la technicité de nos teams et de nos équipements, nous avons atteint une part de marché très honorable en 2004. Nous continuons à soutenir notre activité de service automobile en introduisant de nouvelles technologies telles que le gonflage des pneus à l’azote, un excellent procédé pour maximiser la sécurité. Nous annonçons également à notre aimable clientèle que notre nouveau centre-auto à Laâyoune est déjà opérationnel depuis le 1er avril 2005 et celui de Rabat suivra dès fin mai. Nous ouvrirons ensuite un centre à Tanger au début de la saison estivale, ainsi qu’à El Jadida prochainement.