Les grandes manœuvres en cours depuis des mois dans le secteur du tabac ont redoublé d’intensité vendredi avec l’entrée en lice de deux fonds d’investissement qui proposent 12,8 milliards d’euros pour le franco-espagnol Altadis, déjà visé par le britannique Imperial Tobacco. Le fonds européen CVC et le français PAI Partners ont approché Altadis, 5e groupe mondial du secteur, et présenté une offre préliminaire qui pourrait déboucher sur une OPA au prix indicatif de 50 euros par action, soit un total de 12,8 milliards d’euros.
A la Bourse de Madrid, l’action d’Altadis a terminé la séance au-dessus de 50 euros, à 50,30 euros, soit une hausse de 3,67% dans un marché qui a terminé en hausse de 1,56%.
Les deux fonds ont conditionné une éventuelle offre à plusieurs conditions, comme sa recommandation formelle par le conseil d’administration d’Altadis (qui se réunira dans les prochains jours), ou l’obtention d’au moins 75% du capital.
Cette approche avait déjà été éventée par la presse il y a quelques semaines. Les deux fonds d’investissement ont semblé récemment se dégager des marges de manoeuvres. CVC a abandonné ses projets de rachat de la chaîne de supermarchés Sainsbury et PAI Partners est en train de céder le groupe d’eau et de propreté Saur pour un peu plus d’un milliard d’euros. De plus, un homme peut faire l’interface entre Altadis et CVC: Carlos Colomer Casellas, qui siège au conseil d’administration du cigarettier et au comité consultatif du fonds d’investissement. L’annonce a hérissé les syndicats. Les fonds «ne donnent pas de garanties sur l’activité, ils viennent pour voir comment obtenir le plus grand bénéfice et peuvent récupérer leur investissement sur le dos des salariés», a déclaré un dirigeant du syndicat espagnol CCOO à l’agence Europa Press.
Ces fonds «tendent à fractionner, vendre, reconvertir et fermer des centres», a-t-il ajouté. Le groupe Altadis emploie 27.000 personnes, principalement en France et en Espagne. Le mouvement de CVC et PAI vient jeter une pierre dans le jardin d’un autre groupe de tabac, Imperial Tobacco, qui lorgnait Altadis dans un secteur en pleine consolidation industrielle. Imperial Tobacco – qui n’a pas fait de commentaires sur l’annonce de CVC et PAI – a approché Altadis en mars et propose d’offrir 47 euros par action, le valorisant à 12 milliards d’euros.
• Par Fabien Zamora (AFP)













