Economie

Une sortie de crise inespérée

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Après avoir mis dans l’embarras les capital-risqueurs marocains ayant pris part à l’aventure, l’affaire Gespac, concepteur mondial des cartes et systèmes électroniques, s’achemine vers une solution. Les 120 millions de DH injectés dans l’affaire, si bien vendue par Frantz-Pierre Bridoux, le PDG du groupe, ne semblent plus être compromis. Capital Invest (groupe BMCE), Accès Capital (Fonds Maroco – Canadien), Maroc Invest (Upline-Tuninvest), Moussahama (filiale BCP) et Dar Tawfir, l’entité en charge de la gestion des actifs de CFG Group, pourront même se faire une plus-value.
Un étonnant chassé-croisé, le 31 juillet dernier au tribunal de commerce de Montpellier (France), s’est opéré. Quelques minutes après avoir mis Gespac La Canourgue (Lozère) en redressement judiciaire, celui-ci sauvait le site du Crès en ordonnant sa cession à Latelec
Selon le quotidien local, «Midi Libre», la solution Latelec a été préférée à celle de Labinal, soutenue par Airbus ainsi que par le Premier ministre, Driss Jettou. Avant même le début de l’audience du tribunal de commerce, écrivait «Midi Libre», certains salariés de l’usine Gespac du Crès dénonçaient « des décisions politiques douteuses » et une caution du gouvernement aux délocalisations.
Ainsi, selon le même journal, le secrétaire du comité d’entreprise du site venait en effet d’apprendre du représentant d’Airbus – principal client de la société de câblage aéronautique, mise en redressement judiciaire début juillet – qu’instruction lui avait été donnée en haut lieu pour se ranger au projet de reprise présenté par Labinal.
Ce spécialiste des câbles électriques qui appartient au tout juste partiellement privatisé et coté en Bourse, le groupe Snecma, est en effet sur les rangs face à Latelec, du groupe Latécoère («Midi Libre» du 6 juillet 2004). Labinal se présentait ainsi à l’audience avec un accord des autorités chérifiennes pour reprendre le site marocain de Gespac, à Témara.
Il a même reçu une lettre de soutien à sa candidature signée du Premier ministre marocain. Selon les salariés du Crès, Airbus serait poussé à cette option pour ne pas perdre des contrats avec la compagnie Royal Air Maroc. Pendant l’audience, le représentant du constructeur européen a néanmoins choisi de mettre l’accent sur la nécessité de trouver un accord avec le site de Témara pour ne pas risquer une rupture d’approvisionnement.
Labinal aurait justement l’intention de transférer toute l’activité liée à Airbus du Crès vers Témara (sauf pour l’A-380, une activité hautement qualifiée). « C’est 80% de notre activité et notre meilleur savoir faire, commentait Nadia Bonnet, secrétaire adjointe du comité d’entreprise dans une déclaration à «Midi Libre». Labinal affirme nous amener plus de contrats avec Eurocopter, mais nous savons que celui-ci ne veut pas que Labinal soit son seul fournisseur. » Sur le plan social, les deux projets entendent conserver l’intégralité du personnel du Crès, quelque 160 personnes. Mais Latelec souhaiterait, elle, reprendre également ceux de La Canourgue (Lozère), une cinquantaine de personnes qui espèrent, eux aussi, éviter une liquidation judiciaire.
Un sort connu par les 150 employés de Vailhauquès (nos éditions précédentes). Surtout, Latelec semble s’engager sur le long terme pour un maintien de l’activité en région quand Labinal reste évasif sur le long terme. Pour exemple, le bail de Gespac arrive à échéance en février prochain : Latelec affirme avoir un accord avec le propriétaire pour le prolonger; Labinal indique qu’elle veut déménager l’activité sans avancer un futur lieu d’implantation. Financièrement, l’offre de Latelec est, selon les informations du quotidien régional, également plus importante : 5,7 millions d’euros contre 3 Millions pour Labinal. Cette dernière société choisirait également la voie de la filialisation de l’entité Gespac quand Latelec opterait pour une intégration immédiate.
Devant les grilles du tribunal, l’expert du cabinet mandaté par le comité d’entreprise pour examiner les comptes de Gespac et les projets de reprise expliquait aux salariés comment leur entreprise s’est écroulée en quelques mois.
Cavalerie, facturation de prestations très onéreuses, informations faussement rassurantes aux actionnaires, certaines opérations seraient, selon lui, pénalement répréhensibles.
L’étendue de cette affaire n’épargnera pas les différents maillons de la chaîne, au Maroc aussi !

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