C’est au tour de Salaheddine Mezouar de faire une projection sur les dix prochaines années. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’économie a laissé entendre, mardi, au Parlement que son département est en train de mettre en place un mécanisme destiné à l’application d’une nouvelle stratégie visant la création de 300 000 emplois dans la décennie à venir. Le Maroc deviendra grâce à cette stratégie un pôle régional et international spécialisé dans certains secteurs industriels. Les conclusions du rapport Mc Kensey qui mettent en avant les secteurs de la pêche et de l’automobile, avant l’agroalimentaire, le tourisme et l’artisanat pèseront-elles dans ce vaste chantier? Selon M. Mezouar, l’étude de Mc Kenesy a surtout permis d’identifier les secteurs émergents et de mettre en place une stratégie volontariste. Rappelons que le secteur automobile doit être libéralisé d’ici 2012. Le sprint final est enclenché pour l’industrie automobile marocaine. D’ici 2012, en vertu du calendrier de démantèlement tarifaire portant sur les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers, les droits de douane passeront des taux déjà réduits de 31,5% en 2003 pour les VP, 36% pour les VUL, à un taux nul. Difficile de savoir si les différents processus de mise à niveau engagés par ce secteur aboutiront avant cette échéance. Arrivera-t-on à comprimer les coûts de production à temps ?
Comme le révèle une étude du secteur automobile, dans la structure des coûts de production d’une entreprise d’équipements automobiles basée au Maroc, les matières premières sont passées d’un peu plus de 50% à 49% entre 2000 et 2003. Cette part pourrait encore baisser à 44% d’ici trois ans, selon l’étude de potentiel du secteur, organisée par la GTZ en partenariat avec l’Agence nationale pour la promotion de la Petite et Moyenne Entreprise.
Mais, si les matières primaires sont en diminution dans les coûts de production, l’étude remarque par ailleurs, que les frais de main-d’œuvre, sont encore peu maîtrisés, ayant passé de 17,7% à 19%. La compression à ce niveau sera lente. Dans trois ans, le ratio sera ramené à 18,3%. Au Maroc, 67,8% des ventes sont absorbées par le marché local, contre 72,8% trois ans plus tôt. Le gain de parts de marchés s’est opéré essentiellement sur le marché de l’UE où l’industrie automobile marocaine a amélioré ses positions de 13%, il y a trois ans, à 19% en 2003.
En attendant, il faudra sûrement dans la période de transition trouver un moyen de pérenniser les 200.000 emplois existant dans le secteur de textile. De source issue des tribunaux du commerce, pour la seule ville de Casablanca, on dénombre 250 entreprises en redressements judiciaires. Ce sont donc des milliers d’emplois menacés.
Comme l’avait déclaré le ministre lui-même, sans action volontariste, le Maroc perdrait 30% de ses emplois et 20% de ses exportations en cinq ans. D’où l’urgence d’une approche globale en lieu et place des solutions sectorielles lesquelles ont révélé leur portée limitée.