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Urbanisation : Vers une métropolisation équilibrée

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La métropolisation accentue la concentration des populations et des activités économiques au sein des grandes villes, renforçant leur rôle moteur dans l’économie nationale.

Développement : Il s’agit d’élaborer un schéma prospectif pour le développement des systèmes métropolitains à l’échelle nationale. Cette initiative s’accompagne de la création d’une charte métropolitaine et du

développement d’une banque de fonctions spécifiques à chaque métropole. Encadrer la construction métropolitaine et instaurer une gouvernance urbaine efficace. C’est l’objectif majeur du projet lancé par la Direction de l’aménagement du territoire relevant du ministère de l’aménagement du territoire national, de l’habitat et de la politique de la ville. Il s’agit d’élaborer un schéma prospectif pour le développement des systèmes métropolitains à l’échelle nationale. Cette initiative s’accompagne de la création d’une charte métropolitaine et du développement d’une banque de fonctions spécifiques à chaque métropole. Dans ce sens, la question centrale à laquelle doit répondre ce projet est: comment encadrer la construction des systèmes métropolitains au Maroc afin de renforcer leur compétitivité, leur résilience et leur intégration territoriale, tout en assurant une gouvernance efficiente qui permet un développement harmonieux, durable et équilibré des métropoles et de leurs hinterlands, conformément aux dynamiques nationales et internationales ? Il s’agit aussi de savoir quelles stratégies adopter pour créer des fonctions économiques spécifiques à chaque métropole, comment anticiper les mutations à venir en matière de développement urbain et de changement climatique et concevoir des modèles métropolitains résilients qui allient compétitivité économique, durabilité environnementale et inclusion sociale. La portée stratégique de ce projet réside dans l’identification des leviers permettant de renforcer la métropolisation du pays, tout en garantissant l’intégration optimale des grandes villes marocaines dans l’économie mondiale. L’objectif est double : attirer les talents et les investissements et positionner les métropoles comme des catalyseurs d’innovation et de croissance économique. Ce processus doit également consolider les interdépendances fonctionnelles entre les différentes échelles territoriales. D’après la même source, cette étude est primordiale pour préparer le Maroc à accueillir la Coupe du monde 2030. Elle devrait permettre d’améliorer les infrastructures métropolitaines, d’optimiser la mobilité urbaine et interurbaine et de garantir des normes d’accueil conformes aux standards internationaux, tout en veillant à un développement durable des territoires concernés. La Direction de l’aménagement du territoire souligne en particulier l’importance de structurer le corridor continental reliant Agadir, Marrakech, Beni Mellal, Fès et Meknès, un axe stratégique qui relie la Méditerranée et l’Atlantique et qui abrite près de 10 millions d’habitants. Cet axe est destiné à canaliser les investissements pour renforcer son développement économique et social, tout en allégeant la pression exercée sur le littoral atlantique.

L’urbanisation est l’un des phénomènes les plus marquants de notre époque. À l’échelle mondiale, plus de la moitié de la population vit désormais en milieu urbain, soit environ 4,6 milliards de personnes en 2024. Ce chiffre pourrait atteindre 6 milliards en 2050, et près de 9 milliards à la fin du siècle. Une transformation démographique d’une ampleur inédite qui modifie en profondeur les structures spatiales et socio-économiques des territoires, à l’échelle mondiale comme au sein des pays. Le Maroc n’échappe pas à cette dynamique. Ainsi, ce phénomène de métropolisation accentue la concentration des populations et des activités économiques au sein des grandes villes, renforçant leur rôle moteur dans l’économie nationale. Bien que la métropolisation reste encore à un stade émergent, hormis pour Casablanca qui demeure le principal pôle métropolitain du pays, la croissance démographique se concentre de plus en plus dans les espaces urbains. Le taux d’urbanisation, qui était de 55,1% en 2004, a atteint 62,8% en 2024 et devrait dépasser les 73% d’ici 2050. Ce phénomène montre une concentration accrue de la population et des activités économiques dans les grandes agglomérations. Cependant, à ce jour, rares sont les villes marocaines qui connaissent une polarisation et une centralité économique à l’échelle d’une véritable métropole. Casablanca, avec son agglomération dense et ses infrastructures stratégiques, reste l’exception.

D’autres villes, comme Rabat, Marrakech ou Tanger, connaissent une croissance notable, mais n’atteignent pas encore le niveau de centralité économique qui caractérise les grandes métropoles mondiales. Cependant, cette concentration urbaine et économique, bien que partielle, marque le début de dynamiques de métropolisation qui, à terme, pourraient renforcer les fonctions stratégiques et décisionnelles d’autres grandes villes marocaines. Ce processus attire non seulement des populations en quête de nouvelles opportunités, mais également des entreprises et des services à forte valeur ajoutée, contribuant à la création de véritables pôles d’attractivité et de centralité. Toutefois, pour que cette métropolisation se déroule de manière équilibrée, elle doit impérativement être encadrée par des politiques publiques appropriées, afin de prévenir l’aggravation des déséquilibres territoriaux, selon la même direction.
«En l’absence de mesures appropriées, les territoires non métropolitains risquent d’être marginalisés, ce qui pourrait freiner leur développement économique et réduire leur attractivité. Ainsi, il est crucial de concilier les dynamiques de croissance urbaine et une répartition équilibrée des ressources, des infrastructures et des opportunités économiques sur l’ensemble du territoire national. Cette approche permettra de limiter les écarts de développement entre régions, garantissant une meilleure qualité de vie pour l’ensemble des habitants, y compris dans les zones moins urbanisées», explique la même source.