Les prêts immobiliers à haut risque, qui ont fait miroiter le rêve de l’accession à la propriété à un public de moins en moins solvable aux Etats-Unis, pourraient avoir un douloureux effet boomerang. Certains économistes n’hésitent pas à affirmer que ce type de prêts représente aujourd’hui «le plus grand risque pour les marchés financiers», selon une étude publiée lundi.
La menace dépasserait celle posée par les hedge funds, ces fonds très spéculatifs dont les méthodes opaques suscitent plus de réserves dans le monde, selon ce sondage de l’Association des économistes d’entreprise (NABE). Au cœur du problème se trouvent les prêts hypothécaires "exotiques", qui ont permis à un public de plus en plus large de s’acheter un logement. En étant de moins en moins regardante sur le profil de l’emprunteur et en multipliant les montages acrobatiques -prêt à taux variable, à remboursement différé du capital- les banques ont pu prêter jusqu’à 110% du montant de l’acquisition. L’aspect positif est que toute une partie de la population, exclue du crédit pour cause de mauvais dossier ou d’apport insuffisant, a pu sauter dans le train de l’immobilier.
Tant que les prix des logements augmentaient de 10% par an et que les taux d’intérêt restaient très bas, le système fonctionnait mais, aujourd’hui, le marché stagne et la Banque centrale a remonté drastiquement ses taux, pour les passer de 1% à 5,25% en deux ans. De nombreux ménages se retrouvent étranglés avec un crédit dont les mensualités ont augmenté de plusieurs centaines de dollars. Ils sont le plus souvent issus de minorités: 50% des prêts consentis aux Noirs sont des prêts risqués, selon le Centre pour des prêts responsables. Le Centre, pour qui les pratiques imprudentes des banques ont préparé "la plus grave crise de défaut de paiement de l’histoire moderne", estime que 2,2 millions de foyers américains vont perdre leur logement.
Mais il n’y a pas que les ménages fragilisés qui souffrent. Les banques spécialisées dans ce type de marché accusent lourdement le contre-coup, et pas une semaine ne passe sans qu’une entreprise du secteur annonce de nouveaux déboires. Le 13 février, la banque ResMae Mortgage, spécialisée dans les créanciers désolvabilisés, s’est mise en faillite. La semaine dernière, la société NovaStar a vu le cours de ses actions chuter de 42% après l’annonce d’une énorme perte au dernier trimestre 2006.
• Claire Gallen
(AFP)