Partir en vacances est un comportement inhérent à la société de consommation moderne. Devenue une norme sous d’autres cieux, cette pratique reste encore inaccessible pour de larges couches de la population marocaine. Combien sont-ils ceux qui ne sont jamais partis en vacances ? Au Maroc, il n’existe aucune statistique officielle qui recense leur nombre. Il faut dire que la question ne semble guère susciter un intérêt quelconque. Retraités, chômeurs, salariés aux revenus modestes, mais aussi des jeunes, voire les familles nombreuses représentent le gros des troupes des non-partants en vacances. Il faut dire aussi que le phénomène existe partout, même dans les pays les plus développés. En France par exemple, et consciente de l’ampleur du problème, la mairie de Paris initie depuis plusieurs années un sympathique programme baptisé « Paris plage ».
Sur les berges d’une partie de la Seine, des transats et palmiers sont installées, créant une plage qui attire des dizaines de milliers de Parisiens. Si certains n’éprouvent pas le besoin de se laisser emporter par la vague estivale, les autres le font plus par obligation. L’explication est d’abord d’ordre financier. Aujourd’hui, les vacances sont devenues un produit de consommation régulé par le marché, et trop de professionnels du tourisme ne recherchent que le seul profit maximum en implantant leur activité dans des zones touristiques déjà bien servies. Le « manque de moyens » représente ainsi la première cause des non-départs. Le budget vacances est en effet le premier sacrifié quand on doit faire face à une baisse de revenus, devant les sorties et les loisirs.
Et peu de personnes envisagent le recours au crédit pour financer ses vacances, ceux qui ne partent pas préféreront prendre leur mal en patience et attendre des jours meilleurs. Mais que font-ils alors sur place ?
À Casablanca par exemple, les terrasses de café sont le passe-temps favori de tous les non-partants. Pour les plus téméraires, la plage d’Aïn Diab se présente comme le refuge idéal. Les piscines privées, payantes celles-ci, ont aussi leurs adeptes. Pour ceux qui disposent d’un véhicule, ils se dirige plutôt vers les plages avoisinantes, à tamaris et Dar Bouaâza au sud ou encore au nord de Mohammédia.
Si la mer attire les foules durant la journée, les rares parcs d’attractions ont également la cote, surtout auprès des familles. Sur ce registre, Yasmina et Sindibad restent des valeurs sûres. Sporadiquement, les autorités gratifient les populations de quelques concerts gratuits en plein air et qui rencontrent un succès fou auprès des jeunes des quartiers populaires. Pour les plus in, la mode est aux luxurieux concerts de stars arabes, «presque» gratuits. À l’image du dernier concert de «Noujoum Al Arab» organisé par Meditel, où les deux tiers des spectateurs avaient reçu une invitation gracieusement offerte par leur opérateur. La nuit, et à part les bars et autres coins où on sert l’alcool, le choix reste limité. En cette période, toutes les boîtes de nuit de la corniche connaissent une grande affluence toute au long de la semaine. Quelques entrepreneurs avisés ont saisi l’engouement des casablancais pour ce type d’animation. Et le nombre des établissements a littéralement explosé depuis quelques années, transformant de la corniche une véritable destination touristique pour ceux qui ne quittent pas leur ville.