EconomieUne

Vers une agriculture durable : Agriculture circulaire, agriculture biologique, gestion des déchets, ressources hydriques… le ministre dit tout

© D.R

L’agriculture circulaire renvoie à des pratiques et des modes de production agricoles qui respectent l’environnement. Elle demeure un modèle à suivre pour faire émerger une agriculture marocaine durable et efficiente.

La stratégie Al Jayl Al Akhdar consacre le développement durable comme une priorité. Le ministre Mohamed Sadiki détaille les mesures prises par son département en la matière

L’agriculture circulaire est un projet révolutionnaire. Pouvez-vous nous en parler plus avec un calendrier de mise en œuvre?

L’économie circulaire est un modèle économique qui vise à préserver l’environnement. Elle s’intègre parfaitement dans un mode de production agricole en optimisant l’utilisation des ressources disponibles, et en les réinjectant dans le circuit de production. En agriculture, les cycles biologiques constituent le socle de l’économie circulaire. En effet, l’agriculture circulaire renvoie à des pratiques et des modes de production agricoles qui respectent l’environnement. Elle demeure un modèle à suivre pour faire émerger une agriculture marocaine durable et efficiente. La nouvelle stratégie Génération Green 2020-2030 intègre l’agriculture circulaire dans son deuxième fondement. La pérennité du développement agricole repose sur le développement d’une agriculture durable en matière d’utilisation des ressources, notamment les ressources hydriques, l’adoption de pratiques agro-écologiques, l’utilisation des énergies renouvelables et des techniques de conservation du sol et une meilleure gestion des déchets de l’activité agricole. L’agriculture biologique, filière phare de la nouvelle stratégie, est un exemple d’agriculture circulaire vu qu’elle valorise la réutilisation des matières organiques des cycles de production agricole (élevage et cultures végétales) et se traduit par une protection de sols. Dans ce cadre, la stratégie GG accorde une importance capitale au développement de l’agriculture biologique en visant à étendre les superficies passant ainsi de 12.000 ha actuellement pour atteindre 100 mille ha à l’horizon 2030 tout en renforçant la production, l’export et la consommation intérieure.

Qu’est-il de la gestion des déchets dans le secteur?

La gestion des déchets constitue aussi une des pistes permettant d’inscrire le secteur dans l’économie circulaire. Dans ce sens, le Département de l’Agriculture œuvre à une meilleure gestion des sous-produits oléicoles (margines, grignons) à travers l’encouragement de la mise en place des unités de trituration bi-phasique et la valorisation de ces sous-produits. Dans ce cadre, une convention de partenariat relative aux projets de collecte, de traitement et/ou de valorisation des déchets issus de l’activité oléicole a été signée entre le MAPMDREF, le ministère de l’intérieur, les Départements chargés du Développement Durable et de l’Eau et l’Interprolive. Cette convention a permis à ce jour la conclusion de deux conventions spécifiques pour la mise en place de deux bassins collectifs de traitement des margines à Meknès et à Ouazzane. Les déchets agricoles verts aussi peuvent être recyclés et utilisés comme emballage des produits agricoles par exemple. Ce type de projet sera encouragé dans le cadre de l’entrepreneuriat des jeunes notamment.
Par ailleurs, les déchets plastiques générés par l’activité agricole issus notamment de couverture des serres, du plastique de paillage, des gaines et tubes d’irrigation, du film de palissage et des emballages de produits phytosanitaires, etc. nécessitent une intervention concertée de la part des différents départements. Aujourd’hui il est essentiel d’organiser la filière de collecte et de traitement et de recyclage. Les agriculteurs ne peuvent pas collecter et traiter les déchets mais dans un cadre organisé elles peuvent fournir la matière dans de bonnes conditions et en même temps utiliser les produits recyclés.
Nous avons une première expérience dans le pilote. Une convention pour la valorisation des déchets plastiques d’origine agricole a été établie entre le secrétariat d’Etat chargé du développement durable, la wilaya de la région, le conseil régional, la direction régionale de l’agriculture et l’association agro-technologies du Souss-Massa afin de valoriser les déchets plastiques agricoles au niveau de cette région et mettre en place les bases de sa durabilité. En somme, l’agriculture circulaire s’intègre parfaitement dans la vision de durabilité de l’agriculture marocaine.

La question de l’eau demeure prioritaire. Comment le ministère compte s’impliquer dans ce chantier?

Effectivement, l’eau est un enjeu majeur pour l’avenir de notre agriculture. Notre pays, Dieu merci, a toujours pris conscience des enjeux liés aux ressources en eau et à leur limitation et il a mis en place des stratégies avant-gardistes pour le développement et la mise en valeur de ces ressources. La stratégie agricole du Plan Maroc Vert 2008-2020 a constitué un tournant historique dans la manière de gérer l’eau en agriculture. Elle a permis à notre pays de renforcer la résilience de son agriculture. C’est ainsi que malgré les conditions hydriques difficiles de ces 3 dernières années qui ont coïncidé avec la pandémie de Covid-19, le marché intérieur est approvisionné dans de bonnes conditions en produits agricoles de base et à des prix à la portée des consommateurs et les exportations agricoles ont enregistré des augmentations significatives. Pour l’avenir, la stratégie agricole “Génération Green” 2020-2030 a mis l’élément l’humain au cœur de l’équation de développement agricole et s’est fixé pour objectif de poursuivre la pérennisation des acquis du Plan Maroc Vert, notamment en ce qui concerne la maitrise de l’eau et le renforcement de l’efficacité hydrique. En particulier, la sécurisation de l’eau, face aux effets du changement climatique, constitue un enjeu majeur. Les aléas climatiques et les déficits pluviométriques, comme ceux qu’a connus le Maroc ces dernières années, viennent accentuer la pression sur les ressources hydriques déjà fragiles, entrainant des réductions des apports d’eau aux barrages et la baisse de la recharge des réserves des nappes phréatiques.

Où en est le programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027?

Le programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, dont la convention-cadre a été signée récemment devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, constitue une réponse concrète à ces défis dans le cadre d’une convergence des politiques sectorielles de l’eau et l’agriculture. Ce programme soutient (i) le renforcement des investissements dans l’offre en eau, grâce à la mobilisation des ressources hydriques conventionnelles et non conventionnelles, conjugué à (ii) la poursuite des efforts pour une gestion efficiente de la demande en eau d’irrigation. La réalisation de 20 nouveaux barrages structurants, la mise en place de 3 nouveaux projets de dessalement d’eau de mer et la finalisation de 5 autres, la mise en exploitation de 150 nouveaux petits barrages et la construction de 20 à 30 barrages collinaires par an, mobilisant un budget de 34,5 milliards de dirhams, devraient permettre de renforcer substantiellement l’offre en eau tant pour l’approvisionnement en eau potable que pour l’irrigation. Parallèlement aux actions structurelles visant le renforcement de l’offre en eau, les programmes visant le renforcement de la résilience de l’agriculture irriguée pour faire face au déficit hydrique, seront poursuivis et renforcés, à travers :
La modernisation des systèmes d’irrigation et la reconversion à l’irrigation localisée de 350.000 hectares supplémentaires pour un investissement de 9,5 milliards de dirhams, ce qui permettrait de porter la superficie totale sous irrigation localisée à près d’un million d’hectares, soit plus de 60% de la superficie totale sous irrigation ;
La préservation de la petite agriculture irriguée à travers la réhabilitation et la rénovation des périmètres de petites et moyennes hydrauliques sur près de 200.000 ha, notamment dans les zones vulnérables telles que les oasis et des zones de montagne.

Y a-t-il d’autres mesures, notamment dans les bassins les plus exposés?

Il y a efectivement la poursuite du projet d’aménagement hydro-agricole pour la sauvegarde de près de 30.000 ha de terres irriguées dans la plaine de Saïss menacée par le tarissement des eaux souterraines, à travers l’adduction et la distribution d’eau mobilisée à partir du barrage M’dez en construction. L’aménagement hydro-agricole de la zone sud-est de la plaine du Gharb. Ce projet ambitieux vise à étendre l’irrigation sur une superficie de 30.000 hectares afin de valoriser les ressources en eau mobilisées par le barrage Al Wahda. Le bassin d’Oum Er Rbia, dont le déficit en eau culmine à un milliard de mètres cubes par an et se creusera davantage les prochaines années, verra ses ressources renforcées grâce au dessalement d’eau de mer pour l’alimentation de la zone côtière Casablanca-Safi. Le bassin du Souss, exposé à un déficit hydrique structurel, verra ses ressources renforcées à partir de cette année par une grande usine de dessalement d’une capacité à terme de 400.000 m3/jour, ayant nécessité un investissement de 4,4 milliards de dirhams, pour la sauvegarde du potentiel de production national en primeurs dans la zone de Chtouka et la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable du grand Agadir. Le soutien de l’encadrement et du conseil agricole pour permettre aux agriculteurs une meilleure maîtrise des techniques d’irrigation et une application rationnelle de l’eau à la parcelle. La mise en place d’actions urgentes et structurantes pour sécuriser l’approvisionnement en eau dans les bassins hydrauliques particulièrement déficitaires, notamment les bassins hydrauliques de Moulouya, de l’Oum Er Rbia et de Tensift, et ce dans un cadre de partenariat entre les différentes institutions pour la période 2022-2023.

Related Articles

SportsUne

Coupe de la CAF: Chaâbani souligne l’importance de rester concentré avant la finale retour contre Simba SC

L’entraîneur de la Renaissance Sportive de Berkane (RSB), Mouine Chaâbani, a mis...

ActualitéUneVidéos

Le round-up de l’actualité de la semaine pour rester informé

Retrouvez l’essentiel des informations développées dans nos éditions quotidiennes et nos différentes...

EconomieUne

Les recettes fiscales progressent de 19,3% à fin avril 2025

Les recettes fiscales ont atteint plus de 122,59 milliards de dirhams (MMDH)...