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Vers une évaluation de l’accord de libre-échange avec les USA ?

© D.R

Deux décennies après la conclusion de l’accord de libre-échange entre le Maroc et les USA, des appels sont lancés pour explorer de nouvelles perspectives pour exploiter tout le potentiel offert par cet accord.

Le Maroc est le seul pays africain ayant conclu à ce jour un accord de libre-échange avec le pays de l’Oncle Sam. Aujourd’hui, de nouvelles perspectives s’ouvrent des deux côtés. Dans ce sens, le partenariat stratégique entre le Maroc et les États-Unis a été célébré, vendredi soir à Casablanca, lors du gala annuel de la Chambre de commerce américaine au Maroc (AmCham), en présence d’un parterre de personnalités marocaines et américaines. Ce gala a été une occasion pour les deux nations de réaffirmer leur engagement à renforcer leur partenariat économique et à multiplier les échanges commerciaux dans les années à venir. S’exprimant à cette occasion, le ministre de l’industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a rappelé que cette année marque le vingtième anniversaire de l’accord de libre-échange (ALE) entre les deux pays, appelant à une évaluation approfondie de cet accord afin de mieux équilibrer les échanges commerciaux. Bien que le volume du commerce ait été multiplié par 2,5 à 3 au cours des deux dernières décennies, les importations du Maroc depuis les États-Unis demeurent largement supérieures aux exportations marocaines, a souligné M. Mezzour. «Nous avons des opportunités incroyables à offrir aux entreprises américaines, en leur permettant d’augmenter leur part de marché en Europe, en Afrique et au-delà», a-t-il affirmé. De son côté, le ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, a estimé que la collaboration fructueuse entre le Maroc et les États-Unis se manifeste à travers les entreprises, les corporations, les emplois et les investissements et s’étend également au transfert de technologies. Il a en outre évoqué les efforts des deux pays pour renforcer l’écosystème entrepreneurial et favoriser l’insertion des jeunes sur le marché du travail, saluant la contribution des entreprises américaines à la création d’emplois au Maroc. Grâce au partenariat Maroc-USA, pas moins de 15 écoles de formation professionnelle ont été construites, offrant une formation à des milliers de jeunes, a poursuivi M. Sekkouri, notant que parmi ces jeunes, plus de 80 à 85% ont réussi à décrocher un emploi.

Liens solides
Pour sa part, l’ambassadeur des États-Unis au Maroc, Puneet Talwar, a mis l’accent sur les liens solides et croissants entre les entreprises et les économies des deux pays, ajoutant que cette dynamique est un signe clair de la vitalité de la coopération entre le Maroc et les États-Unis. Ainsi, M. Talwar a mis en avant la stabilité et la sécurité du Royaume, la gestion macroéconomique solide et l’infrastructure de classe mondiale, notant que le port de Tanger Med, devenu le premier port d’Afrique et de la Méditerranée, est un exemple de réussite des initiatives stratégiques du Maroc. Le Maroc se positionne comme une porte d’entrée vers l’Afrique et un partenaire clé pour les investisseurs américains, offrant des opportunités de croissance considérables, a-t-il dit, considérant qu’une coopération renforcée entre les deux nations permettra de garantir une prospérité commune et une relation toujours plus solide. Dans ce même sillage, la directrice générale de l’AmCham au Maroc, Rabia El Alama, a mis en lumière le rôle de la Chambre dans la promotion des échanges commerciaux et des opportunités d’investissement, rappelant les efforts continus de l’AmCham pour soutenir les entreprises marocaines et américaines à travers divers programmes de coopération. Ce gala est une occasion de célébrer le partenariat unique liant le Maroc et les Etats Unis, fondé sur des valeurs communes et un respect mutuel, a-t-elle indiqué, rappelant que de nombreux succès ont déjà été réalisés, comme le traité d’amitié de 1786, l’accord de libre-échange unique en Afrique signé en 2004, ainsi que le premier dialogue stratégique en 2012. Le partenariat Maroc-USA continue de se renforcer grâce à des initiatives stratégiques et des échanges soutenus, avec un focus particulier sur la création d’emplois et l’insertion des jeunes sur le marché du travail.

Croissance en Afrique
Ce n’est pas la première fois qu’un potentiel impact positif du partenariat entre le Maroc et les USA sur la croissance en Afrique est évoqué. L’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et le Maroc reflète une relation de partenariat solide qui peut servir de catalyseur de croissance et d’inclusion économique en Afrique. C’est ce qu’avait souligné le think tank américain «The Washington Institute for Near East Policy» dans une analyse signée Sabina Henneberg. «Grâce à cet accord conclu en 2004, les échanges commerciaux entre les deux pays ont plus que quadruplé», indique l’analyste qui souligne aussi l’importance de l’ALE dans la consolidation du partenariat stratégique maroco-américain au plan politique, évoquant à cet égard la confirmation par l’administration du président Joe Biden de la décision prise par l’administration de son prédécesseur Donald Trump reconnaissant la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces du Sud. «Cette position, qui constitue désormais le point d’ancrage des relations bilatérales, sera maintenue quel que soit le vainqueur des élections présidentielles américaines en novembre prochain», indique l’experte qui fait état de la dynamique internationale sur ce dossier avec la récente décision de la France soutenant la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Rappelant que le Maroc est l’un des rares pays à avoir conclu un tel accord avec les Etats-Unis, et le seul en Afrique, Sabina Henneberg relève, d’autre part, que Washington mise sur la promotion de la croissance économique et du commerce sur le continent et peut tirer parti du rôle du Royaume comme «facilitateur» de croissance et d’investissements sur le continent africain.

Premier investisseur étranger Indicateurs.
L’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, qui avait été signé le 15 juin 2004, place les USA comme le 3ème partenaire commercial du Maroc. Le Royaume étant pour sa part le 4e partenaire commercial des États-Unis en Afrique. Comme le cite l’ambassade du Maroc aux USA, l’année dernière, les investissements américains ont représenté plus de 30% du total des «investissements directs étrangers» au Maroc, plaçant les États-Unis au premier rang des investisseurs. Le commerce bilatéral a aussi considérablement augmenté pour atteindre 5 milliards de dollars en 2023, contre 925 millions de dollars en 2005 (l’année précédant l’ALE). Pour ce qui est des exportations américaines vers le Maroc, elles ont augmenté de 70%, passant de 480 millions de dollars en 2005 à 3,4 milliards de dollars en 2023, alors que les exportations marocaines vers les États-Unis ont triplé en valeur pour atteindre 1,6 milliard de dollars en 2023 contre 445 millions de dollars en 2005.

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