Economie

Viandes rouges : Les saigneurs du secteur

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Les prix des viandes rouges restent encore élevés. Dans son numéro de juin, le bulletin Conjoncture du Crédit Agricole explique les raisons de ce fait. Selon les analystes de la Banque verte, le marché des viandes rouges demeure stationnaire à l’instar des trois mois précédents. Les prix se maintiennent encore à un niveau élevé. Comparativement à mai 2003, les prix actuels se maintiennent presque au même niveau.
Aussi les cours de la paille ont nettement baissé durant la période de moisson pour atteindre environ 4 Dh/botte pour le blé et 6 dh-botte pour l’orge et cet après que ce dernier a grimpé jusqu’à 10 dh-botte vers la fin de février.
Les cours du cheptel d’engraissement commencent à se rétrécir aussi bien pour le cheptel bovin qu’ovin. Ce qui explique une tendance vers la modération des prix dans les souks ruraux, notamment pour la viande ovine.
Par ailleurs les prix en milieu urbain ont atteint des niveaux record dépassant parfois les 70 DH/kg pour la viande bovine. Le président de l’Association Nationale ovine et caprine (ANOC ) attribue une telle situation au jeu de la spéculation. Il avance que « le marché est bien ravitaillé avec des produits de qualité. Certains exploitants n’ont pas pu vendre leurs moutons. La flambée des prix est injustifiée. C’est la spéculation en aval qui fait le jeu pour des raisons de profit pur et simple »
La décision relative à la suspension de l’interdiction d’importation des génisses n’a pas encore produit un grand impact sur le marché du cheptel bovin. Certains commerçants avancent que l’impact ne serait effectif qu’après le premier et le deuxième lots d’importation. Mais d’autres estiment que le marché est dans l’expectative et qu’il y a de fortes variations d’un souk à l’autre.
La baisse conséquente de la consommation de la viande rouge conduit à la fermeture de plusieurs boucheries, notamment dans la région de Casablanca et Rabat.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural considère que ce renchérissement observé particulièrement depuis le début est la conséquence de l’augmentation du prix du bétail d’embouche et de l’abondance des aliments du bétail. Ajoutons à cela la régression du nombre d’animaux d’embouche à cause de la suppression de l’importation de bovins depuis pour des raisons sanitaires ainsi que la tendance des producteurs de lait à garder les vieilles vaches laitières, faute de trouver sur le marché des plus jeunes et à des prix compétitifs.
Après l’accalmie qu’a connue le secteur de distribution des viandes rouges en mai 2002, suite à la longue confrontation entre les opérateurs du secteur et la wilaya de Casablanca lors de l’entrée en fonction des nouveaux abattoirs, la hausse actuelle des prix a ravivé la tension entre les autorités de tutelle et les opérateurs du secteur. C’est ainsi que les représentants des grossistes et des détaillants ont multiplié, ces derniers temps, les signes de protestations contre la cherté des taxes et de l’abattage clandestin.
Interrogés sur cette question, les responsables des abattoirs de Rabat et de Casablanca déclarent qu’il n’y a aucun changement au niveau des taxes applicables actuellement à ces produits.
Mais que la baisse dans l’immolation des bovins et des ovins est effective; elle varie de 12 à 15 %. Le responsable des abattoirs de Rabat, Dr Aziz Marhaben, avance que la commercialisation des viandes rouges se relance d’habitude à partir du mois d’avril par la progression de la consommation de la viande ovine.
Or depuis la décennie 90, la consommation de la viande ovine n’a cessé de baisser pour se réduire à un tiers de l’abattage, alors qu’elle constituait jadis 50%. Ceci est due à l’accroissement de la proportion de la consommation de la dinde et du poisson qui se substituent progressivement à la consommation des viandes rouges.
Cependant ce qui amplifie cette problématique, c’est la hausse des cours en sus du niveau élevé des taxes et de l’abattage clandestin». En effet la hausse des prix des viandes rouges issues de l’abattage contrôlé a entraîné deux conséquences évidentes », estiment les analystes du Crédit Agricole.
La première est causée par la limite du pouvoir d’achat poussant une partie des consommateurs à se rabattre sur la consommation d’autres produits moins chers (poulet, dinde et sardine). D’où la baisse de la demande de la viande rouge.
La seconde provient de la hausse des prix des viandes rouges contrôlées par les abattoirs municipaux a stimulé aussi bien la demande au niveau des viandes issues de l’abattage clandestin que de l’approvisionnement des consommateurs à travers des souks avoisinant les agglomérations urbaines qui payent moins de taxes.
Ces deux facteurs expliquent la baisse de l’activité des opérateurs des circuits contrôlés. D’où la baisse de la marge bénéficiaire de ces commerçants et par conséquent le dépôt de bilan de certains et la remise en surface de certains problèmes latent, notamment l’abatage clandestin.

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