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Vinci et ADM planchent sur le projet autoroute bas carbone

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Entretien avec Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes

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Qui dit mobilité durable dit impact environnemental des déplacements. Dans ce sens, les efforts se multiplient pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et encourager les bonnes pratiques en la matière. Pierre Coppey nous apporte son éclairage sur la question.

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ALM : Quels sont les projets sur lesquels vous collaborez actuellement avec ADM ?
Pierre Coppey: Nous sommes un partenaire de longue date d’Autoroutes du Maroc. C’est une société amie qui fonctionne sur des principes très comparables aux nôtres qui sont basés sur la concession. Nous avons signé un partenariat industriel il y a trois ans (2016) dans le but de partager nos bonnes pratiques en matière d’automatisation du paillage, en matière de diffusion de l’information trafic ou en matière d’amélioration des relations avec le client. Je pense qu’il y a un grand enrichissement mutuel dans le travail que nous faisons ensemble fondé sur la confiance.

Outre le baromètre de la sécurité routière, nous avons évoqué avec Anouar Benazzouz, DG d’ADM, la question du projet d’autoroute bas carbone. Ce projet consiste à organiser l’ensemble des contributions positives de l’infrastructure autoroutière pour l’amélioration de l’impact environnemental de l’infrastructure et du transport routier. Nous allons poursuivre notre coopération dans ce sens-là.

Pour vous la mobilité durable c’est quoi exactement ? Et comment faire en sorte que ces bonnes pratiques puissent devenir des réflexes à adopter ?

La mobilité durable consiste à prendre en charge l’ensemble des moyens de réduction de l’impact carbone et améliorer la sécurité routière. La mobilité durable sur autoroute consiste à se rappeler que l’autoroute est une infrastructure et non pas un mode de transport. Cette infrastructure peut accueillir des modes de transport divers et notamment des modes plus collectifs, plus économes, moins polluants et plus sûrs. Notre effort sur l’autoroute bas carbone consiste à penser l’ensemble de ces contributions de manière cohérente.

Quand vous dites bas carbone, comment cela peut-il se traduire concrètement ?

Bas carbone signifie favoriser la mobilité partagée collective, le covoiturage, les autobus, et les cars sur autoroutes. Cela veut dire aussi encourager les carburants décarbonés, à savoir l’hydrogène ou l’électricité, et à déployer des moyens de distribution d’électricité. L’autoroute est également, depuis quelques années maintenant, l’infrastructure qui par rapport aux autres routes est la plus attentive à la protection de la ressource en eau et à la protection de la biodiversité car de gros efforts sont faits pour l’intégration environnementale des infrastructures.

Encourager… Par quels moyens ?

Ça fait partie des sujets qui doivent être discutés avec les partenaires locaux, avec les territoires traversés par les autorités organisatrices de transport.

Faut-il recourir à la taxation par exemple ?

Il arrive souvent que la politique fiscale soit destinée à améliorer l’impact environnemental. Mais ce que je dis c’est que l’infrastructure autoroutière est une des parties prenantes très significatives des déplacements et des politiques environnementales. Songez que 20% des transports se font sur autoroute.
Ça veut dire que l’autoroute à elle seule accueille 6% des émissions de gaz à effet de serre d’un pays comme la France et donc ça veut dire que si on réduit les émissions de gaz à effet de serre du réseau autoroutier, on a un impact qui est très significatif sur l’ensemble des émissions nationales.

Vous avez mené une étude sur le comportement des Marocains au volant. Quelles en sont les principales conclusions ?

Nous réalisons depuis plusieurs années maintenant un baromètre en Europe avec l’Institut de sondage Ipsos sur les comportements des automobilistes, histoire de mesurer d’abord ce qu’ils sont, leurs évolutions et de pouvoir comparer les différents types de comportements. Nous avons proposé à Autoroutes du Maroc et au ministre Abdelkader Amara d’étendre ce baromètre européen de la sécurité routière au Maroc et les résultats se révèlent intéressants. Ils montrent d’abord et de manière générale que le volant implique l’incivilité. Ce baromètre dévoile que les Marocains sont plus urbains que les Européens. Toutefois, l’incivilité au volant est un problème universel. La personne la plus urbaine et la plus civile dans la vie quotidienne peut dès lors qu’elle est au volant se transformer en un grossier personnage et injurier les autres automobilistes. On constate que 56 % des personnes interrogées reconnaissent avoir déjà insulté d’autres automobilistes. On constate aussi que près de 100 % des automobilistes considèrent qu’ils conduisent bien et 60 % considèrent que les autres conduisent mal et donc il y a un problème. C’est-à-dire qu’il y a une confiance absolue en soi et une défiance générale envers les autres automobilistes. Ensuite, on constate que le manque d’attention et l’hypovigilance sont un véritable fléau. L’utilisation des distracteurs au volant, l’utilisation des smartphones sont des pratiques qui induisent énormément d’inattention. L’autre point d’inattention c’est la somnolence. On constate que les Marocains passent plus de temps en durée moyenne de conduite au volant que les Européens et donc ça c’est un risque de somnolence. Celle-ci est responsable d’un accident sur trois sur l’autoroute, c’est un sujet dont il faut vraiment s’occuper. Pour combattre la somnolence vous savez qu’il n’y a pas mieux qu’une petite sieste. Par conséquent, il n’y a pas mieux qu’un arrêt toutes les deux heures. On constate que la durée moyenne de conduite est de plus de trois heures en Europe. Au Maroc, elle est légèrement supérieure et donc il faut encourager les conducteurs à s’arrêter toutes les deux heures et faire la sieste. L’étude montre que les Marocains sont plus familiers et habitués à la sieste que les Européens et c’est un très bon point pour la sécurité routière.

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