Le tour du salon, organisé lors de la 5ème Semaine nationale de l’artisanat, lancée officiellement samedi à Marrakech sous le Haut patronage de SM le Roi, à l’initiative du ministère du tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale, en partenariat avec la maison de l’artisan, laisse voir plusieurs profils d’artisans.
Si certains mènent leur métier en se souciant des difficultés, d’autres vivent des success stories qui valent le détour.
Des boules magiques éclairent les personnes à besoins particuliers
Au fil de la visite du salon, notre attention est attirée par un stand exposant des produits en boules magiques. «C’est une dame à Casablanca qui m’a appris à créer des articles d’artisanat fabriqués de boules magiques. Alors, j’ai décidé de transmettre ce savoir-faire à des personnes en situation de handicap», précise Zoubida Kamal, responsable de l’association Attafaeoul pour les personnes à besoins particuliers et les femmes en difficulté ainsi que de la coopérative de fabrication de bougies et de décor à Marrakech. Selon ses dires, sa structure est la première à s’occuper des personnes en situation de handicap pour leur assurer une qualification artisanale à Marrakech. L’objectif étant de leur permettre de mieux gagner leur vie. Quant aux boules, elle dit les acheter dans la métropole. «Je pars tous les trois mois à Casablanca pour contrôle puisque j’ai un cancer. J’en profite pour acheter les boules», détaille Mme Kamal. Son bonheur ultime étant de faire la joie des enfants. «Cela me donne envie de continuer», ajoute-t-elle. La responsable a, par contre, un souci. «Nous n’avons pas de transport. Tantôt les enfants viennent, tantôt ils ne le font pas. Ils habitent loin. Ce sont leurs mères qui les ramènent et les attendent jusqu’à ce qu’ils terminent leur séance de qualification artisanale», révèle-t-elle sur une note d’optimisme. Un sentiment également exprimé par un autre artisan qui puise, lui, son succès dans son état d’esprit zen.
Tout est bien dans un univers de fossiles
De son côté, Ahmed Annir, artisan à Ourika depuis une trentaine d’années, a réussi à se spécialiser en fossile marocain. Un produit en provenance d’Errachidia et Erfoud. «Au Maroc, le fossile est sollicité», indique-t-il. Pour concevoir ses produits dont les prix varient, selon ses dires, selon la nature des matières utilisées, il a recours à des blocs de marbre fossilisé, italien et marocain. En tant qu’artisan ayant son propre magasin à Ourika, «il n’existe pas de problème». M.Annir, qui a également recours à l’onyx, rappelle avoir participé à des salons depuis une dizaine d’années. «Les produits sont sollicités par les Marocains et étrangers», ajoute-t-il. Si M. Annir a fait le choix des fossiles, d’autres ont opté pour le daim de mouton et d’autres espèces. De quoi faire leur particularité.
Le mouton a son daim mais les Marocains ne s’y connaissent pas
Dans un autre stand, Asmae Housni, qui y représente la société «Artisanat design», des produits de daim de mouton travaillés à la main sont présentés. «Contrairement aux étrangers, les Marocains ne se connaissent pas en ces produits et leur qualité». Selon ses dires, la société fabrique également des produits en cuir, dont le prix peut atteindre 2.000 DH selon la qualité, et simili cuir. «La demande de cette deuxième catégorie dépend des clients», enchaîne-t-elle en précisant que la société fabrique des produits en peau de vache, toile de jute, tapis kilim et «handira» qui provient du Moyen-Atlas, tapis de sabra et cuir du taureau. Des produits qui permettent à cette société de se distinguer par rapport à d’autres.
Le satisfecit d’un artisan d’argent malgré les problèmes
Redouane Talbaoui, artisan à Essaouira, lui, travaille sur tous les métaux, notamment l’argent. «Nous présentons notamment des pièces de notre atelier Talisman. Nous faisons surtout des filigranes», déclare-t-il. Selon ses dires, l’argent marocain est sollicité malgré la concurrence des marchés étrangers, notamment ceux asiatiques.
Cette demande provient également des étrangers qui estiment le produit marocain garni de pierres et rhodiage bien que celui-ci soit importé. «Nous travaillons ce rhodiage à la main», poursuit-il. Aussi, les produits marocains sont vendus à l’étranger comme il le précise. M. Talbaoui, qui exprime son satisfecit et sa patience qui ont contribué à son succès qu’il doit à une citation qui dit que l’artisanat fait vivre, ne manque pas d’évoquer les problèmes qu’il rencontre.
«A Essaouira, nous avons quelques problèmes. Nous n’avons pas de cachet dans la ville. Il faut se déplacer à Marrakech à cette fin. Encore faut-il que celui qui cachète les pièces surtout fines, le mette au bon endroit», indique-t-il. Aussi, l’artisan est un peu camouflé dans sa ville puisqu’il n’a pas l’occasion de s’exprimer lui-même dans certains salons. «Nous espérons que les responsables nous aident en tant qu’artisans pour participer à des salons étrangers parce que c’est l’artisan qui peut mieux s’exprimer sur son produit», caresse-t-il en rappelant que c’est pour la première fois qu’il participe dans un grand salon.
[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]«Nous avons atteint un milliard DH d’exportations»
Questions à Mohamed Sajid Ministre du tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale
ALM : Comment expliquez-vous le choix de la ville ocre pour organiser l’événement?
Mohamed Sajid : Marrakech est connue pour être une des premières villes où l’artisanat se développe. C’est une des capitales régionales de l’artisanat. Nous avons organisé cette semaine nationale pour la première fois de sorte que toutes les régions soient représentées. Aujourd’hui, nous avons des artisans qui viennent de toutes les régions et provinces du Royaume pour découvrir Marrakech. C’est aussi une très belle opportunité pour eux. Marrakech est la capitale touristique du Royaume. Il faut honorer l’artisanat marocain en l’organisant dans la première destination touristique du Maroc. L’un des leviers de développement du tourisme c’est cet artisanat, ce patrimoine que nous avons. C’est pour cela que Marrakech abrite cette édition particulière et spéciale. Le but aussi c’est de mettre en avant le rôle de l’artisanat, dans notre économie nationale. L’artisanat on a tendance à l’oublier, c’est 7% du PIB, 2 millions et demi d’emplois. C’est un secteur stratégique et important qui méritait d’être mis en valeur de cette façon assez spectaculaire.
Au-delà des chiffres que vous avez avancés, pourriez-vous nous révéler ceux à l’export ?
C’est un secteur qui exporte à tous les continents. Cette année nous avons fait une augmentation par rapport à l’année dernière de presque 25% d’exportations en plus. Nous avons atteint un milliard DH d’exportation mais c’est un secteur qui est appelé à se développer davantage sur le marché extérieur.
Certains Marrakchis estiment que la ville ne compte que sur le tourisme. Que répondez-vous à cela?
Le tourisme est un secteur transversal qui dépend de beaucoup d’autres secteurs. Grâce au tourisme, beaucoup de secteurs sont en train de se développer. Aujourd’hui, le tourisme à Marrakech est une locomotive importante qui permet le développement d’autres secteurs d’activités.
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