Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, précise jeudi dans le quotidien français Libération son projet d’ «euro-obligations» en soulignant qu’il ne s’agit pas de mutualiser la totalité mais une partie seulement des dettes des Etats membres de la zone euro. «Nous ne proposons pas de mutualiser toutes les dettes de tous les Etats membres de la zone euro, mais de déterminer un pourcentage (de la dette qui serait financée par ces obligations communautaires)», explique le Premier ministre du Luxembourg dans une interview publiée quelques heures avant le début d’un sommet européen à Bruxelles. «Autrement dit, les Etats lourdement endettés continueront à se financer en majorité avec des obligations nationales dont le taux d’intérêt restera dès lors plus élevés», ajoute-t-il. L’idée d’émettre des obligations communautaires, relancée par Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, se heurte à l’opposition de l’Allemagne et de la France, qui y voient un risque de «déresponsabilisation» des Etats. «Avec ces ‘euro-bonds’, les faiblesses en Europe ne disparaîtraient pas, mais se propageraient au contraire à tout le monde. Et plus aucune pression ne s’exercerait sur les Etats endettés pour qu’ils remettent leurs budgets en ordre», réaffirme Angela Merkel dans une interview que publie jeudi le quotidien Bild. Jean-Claude Juncker, qui note au passage que son initiative n’a «aucunement perturbé les marchés financiers», estime au contraire que ce mécanisme inciterait les Etats membres les plus endettés «à tout faire pour réduire leur endettement afin de pouvoir soumettre l’ensemble de leur dette au régime plus favorable des euro-obligations».